Avant son départ pour Lisbonne, le Pape a accordé une longue interview, en totale roue libre, à la revue « catholique » progressiste espagnole (qui lui déroule métaphoriquement le tapis rouge) Vida Nueva. L’interview est sortie hier. Il faut lire pour y croire. Il aligne les habituelles critiques contre les « vieux catholiques », les séminaristes rigides, dénonce la « pourriture » dans certains milieux tradis, etc.. Il explique que l’Eglise n’est pas encore mûre pour un « Vatican III, laissant supposer que c’est une perspective envisageable à long terme. Et il enjolive mensongèrement le récit de son élection, en se prétendant une « victime de l’Esprit Saint” [1] qui serait tombé sur lui alors qu’il ne s’y attendait pas, non, pas du tout! Ce que contredit pourtant le témoignage de son ami et biographe Austin Ivereigh dans un de ses livres .

« Je suis une victime de l’Esprit Saint »

L’interview du pape François par Vida Nueva, dans laquelle il se déclare « victime de l’Esprit Saint ».

Giuseppe Nardi
katholisches.info/2023/08/04/ich-bin-ein-opfer-des-heiligen-geistes/

Dans son interview avec la revue progressiste espagnole Vida Nueva, François s’est exprimé sur de nombreux sujets. En ce qui concerne les Journées Mondiales de la Jeunesse qui se déroulent actuellement au Portugal, François a critiqué les jeunes prêtres qui sont « trop rigides ». Le chef de l’Eglise a déclaré qu’il était conscient de la résistance aux réformes qu’il souhaitait mettre en place. Il ressent cette résistance même à Rome. Il serait lui-même une « victime de l’Esprit Saint ». L’Eglise n’est « pas encore mûre pour un Concile Vatican III » et surtout, François s’en est pris une fois de plus à la tradition et s’est montré « préoccupé par la rigidité des jeunes prêtres… ». Les intervieweurs ont secondé le pape avec zèle.

L’explication de cette nouvelle attaque d’un chef de l’Eglise contre les jeunes prêtres fidèles à la foi et à la tradition est justifiée par François, comme lors de précédentes interviews, de manière psychologisante. Ce faisant, il ignore la réfutation de son argumentation et ressasse à chaque fois des aversions profondément enracinées.

François : Cette rigidité vient de bonnes personnes qui veulent servir le Seigneur. Ils réagissent ainsi parce qu’ils ont peur d’une période d’incertitude que nous vivons actuellement, et cette peur ne leur permet pas d’aller de l’avant. Nous devons éliminer cette peur et les aider. D’autre part, cette carapace cache beaucoup de pourriture. J’ai déjà dû intervenir dans plusieurs diocèses de différents pays avec des paramètres similaires. Derrière ce traditionalisme, nous avons découvert de graves problèmes moraux et des vices, des doubles vies [!!!]. Nous connaissons tous des évêques qui, parce qu’ils avaient besoin de prêtres, ont eu recours à des personnes expulsées d’autres séminaires pour immoralité.
Je n’aime pas la rigidité, car elle est un mauvais symptôme de la vie intérieure. Le prêtre ne peut pas se permettre d’être rigide. Le pasteur doit être disponible pour tout ce qui vient.
Quelqu’un m’a récemment dit que la rigidité des jeunes prêtres était due au fait qu’ils étaient fatigués du relativisme actuel. Mais ce n’est pas toujours le cas. Je demande aux évêques d’être prudents face à cette tendance et de se rendre compte que les « bienheureux Imelda » [expression espagnole sarcastique du lexique bergoglien qui signifie qu’ils se prennent pour des saints] ne sont pas les seuls bons prêtres. Si quelqu’un te présente un visage « saint » mais détourne le regard, méfie-toi. Nous avons besoin de séminaristes normaux avec leurs problèmes, qui jouent au football, qui ne vont pas dans les quartiers pour dogmatiser… Ce qui m’a aidé, c’est de demander aux femmes des paroisses, aux aides et aux frères des informations sur les endroits où sont allés les séminaristes |???]…

Vida Nueva : Comment les prêtres considérés comme « rigides » sont-ils accompagnés après leur ordination en ce qui concerne le Concile Vatican II? Car au fond, ils souffrent de ne pas être capables d’accueillir ce qui vient vers eux …

François : Nous avons besoin de pasteurs qui ont le poignet ferme, de prêtres qui sont vivants [?] et qui ont dépassé l’âge mûr. Ils ont l’expérience et la patience pour les accompagner. Lentement, ils [les séminaristes] se « ramollissent ». Quand ils voient que l’acceptation du Concile ne constitue pas une menace pour le magistère, ils « s’adoucissent ». Mais ce n’est pas facile, car le cléricalisme est toujours présent.
Il y a des gens qui sont prisonniers d’un manuel de théologie et qui ne sont pas capables de gérer les difficultés et de faire avancer la théologie. La théologie stagnante me rappelle que l’eau stagnante est la première à se corrompre et que la théologie stagnante engendre la corruption. Les mouvements de gauche et de droite qui s’arrêtent conduisent tous deux à la corruption.

(…)

L’Église n’est pas encore « mûre » pour un concile Vatican III

Pour le reste, François s’est livré à une déformation de l’histoire par une présentation enjolivée. Il s’est déclaré « victime de l’Esprit Saint », car lorsqu’il est arrivé à Rome pour le conclave, il n’aurait jamais pensé qu’il ne retournerait plus à Buenos Aires, mais serait élu pape. Même après le premier tour de scrutin, il n’y aurait pas pensé.

Ce point au moins est réfuté depuis le livre d’Austen Ivereigh, alors porte-parole du cardinal Cormac Murphy O’Connor, l’un des quatre membres du Team Bergoglio qui a préparé l’élection du cardinal Jorge Mario Bergoglio. En 2005 déjà, le cardinal Bergoglio était sorti des urnes en tant qu’adversaire du cardinal Joseph Ratzinger, sur lequel s’étaient concentrées les voix des cardinaux progressistes, notamment de la dite mafia de Saint-Gall dirigée par le cardinal Carlo Maria Martini SJ.

Vida Nueva s’est enthousiasmée du fait que le prochain synode synodal « semble couvrir tout » ce qui fait battre le cœur des progressistes : « des propositions de renouveau liturgique à la nécessité d’une plus grande évangélisation des communautés, en passant par l’affirmation d’une véritable option préférentielle pour les pauvres, un véritable engagement dans le sens d’une écologie intégrale et l’acceptation de la communauté LGTBI… A-t-on jamais pensé à lui donner la forme d’un concile Vatican III ? »

François : « Les choses ne sont pas encore mûres pour un concile Vatican III. Et ce n’est pas nécessaire à l’heure actuelle, puisque Vatican II n’est pas encore appliqué partout. C’était très osé et il faut le mettre en pratique. Mais il y a toujours cette peur qui s’est insidieusement répandue sur nous tous de la part des « vieux catholiques », qui se disaient déjà « gardiens de la vraie foi » lors du premier Concile du Vatican. Toutes ces propositions de « mauvais lactose » [„schlechten Laktose“ ???] doivent être rejetées avec des arguments clairs. Il est important de sortir et d’affronter les sophismes.

L’arrière-goût dominant semble être l’impression que le pape régnant évolue dans un autre film

Ndt

[1] La Bussola, constatant l’inflation et la répétitivité des interviews papales commente ironiquement :

La nouveauté réside toutefois dans les « fioretti«  sur l’élection : François pensait rentrer chez lui immédiatement après le conclave, mais il en a été autrement : « Je vais te dire une chose », commente-t-il à ce sujet : « Je suis victime de l’Esprit Saint ».

Toute notre solidarité au Pape : avec la confusion ambiante, nous aussi, nous nous sentons un peu victimes.

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https://lanuovabq.it/it/il-papa-vittima-dello-spirito-santo
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