Au cours de son désormais fameux entretien avec les journalistes « leccapiedi » (dixit lui–même qui prétend ne pas aimer l’esprit courtisan!) de la revue espagnole Vida Nueva, François s’est une fois de plus déchaîné contre les prêtres. Plus particulièrement les prêtres « indiétristes », ceux qui célèbrent dignement et sont pour cela la cible de ses sarcasmes. Cette fois, il a dépassé toutes les bornes de la méchanceté, à coup d’arguments psychanalytiques (un grand classique), d’insinuations perfides et d’accusations génériques et sans preuves de corruption et de mœurs dissolues. On peut facilement imaginer d’inverser ses arguments, son obsession contre le sacerdoce pouvant faire naître le soupçon qu’il souffre d’un complexe refoulé durant des années et remontant à ses propres années de prêtrise. Un rédacteur (lui-même prêtre) du site Silere non possum lui répond.

PAPE FRANÇOIS : LES PRÊTRES RIGIDES (TRADITIONALISTES) MÈNENT UNE VIE IMMORALE.

LA FOIRE À LA GÉNÉRALISATION

Le pape François s’en prend méchamment aux prêtres qui ne partagent pas sa conception de l’Église.


Silere non possum
6 août 2023

En dix ans de pontificat, l’Église a subi un véritable séisme. Le sacerdoce ministériel est devenu la cible principale de François, et chaque jour qui passe, Bergoglio montre à quel point il en est exaspéré. Beaucoup se demandent s’il est heureux d’être prêtre. Il n’y a pas une messe ou un événement liturgique où le pape sourit. C’est incroyable. En dix ans de magistère, il n’y a pas un seul discours dans lequel il ait dit : « C’est bon d’être prêtre ».

Avec la faveur de la presse, François s’est donc ingénié à dénigrer les prêtres et leur ministère. Lorsque quelqu’un lui fait remarquer que son « idée » de l’Église n’est pas partagée par tous, il répond : « ils sont rigides ». Le problème, ce sont les autres. Imaginez que Paul et Pierre aient passé leur temps à s’insulter en disant qu’ils sont rigides. Nous n’aurions pas grand-chose à nous mettre sous la dent aujourd’hui. La formation théologique de Jorge Mario Bergoglio n’est cependant pas différente de celle des tik tokers et, par conséquent, la réponse ne peut être différente de la leur. « Tu n’es pas d’accord avec moi ? Tu n’es plus mon ami ». Ou bien, comme les magistrats et les politiciens ont l’habitude de le faire avec la presse, ils se tournent vers l’insinuation mesquine ou la calomnie.

Des prêtres rigides

Dans une énième interview accordée par François à la presse, émerge à nouveau cet aspect sympathique. « En roue libre », le pape déclare dans Vida Nueva :

« Cette rigidité est le fait de bonnes personnes qui veulent servir le Seigneur. Ils réagissent ainsi parce qu’ils ont peur de la période d’insécurité que nous vivons, et cette peur ne leur permet pas de marcher. Nous devons enlever cette peur et les aider. D’autre part, cette armure cache beaucoup de pourriture. J’ai déjà dû intervenir dans certains diocèses de différents pays avec des paramètres similaires. Derrière ce traditionalisme, nous avons découvert des problèmes moraux et des vices graves, des doubles vies. Nous connaissons tous des évêques qui, ayant besoin de prêtres, ont utilisé des personnes qu’ils avaient renvoyées d’autres séminaires pour immoralité.

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Je n’aime pas la rigidité parce qu’elle est un mauvais symptôme de la vie intérieure. Le pasteur ne peut pas se permettre d’être rigide. Il doit être prêt à faire face à tout ce qui se présente à lui.

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Quelqu’un m’a dit récemment que la rigidité des jeunes prêtres est due au fait qu’ils sont fatigués du relativisme actuel, mais ce n’est pas toujours vrai. Je demande aux évêques de se méfier de cette dérive et d’être clairs sur le fait que ce ne sont pas seulement les ‘bienheureux Imeldas’ qui font les meilleurs prêtres. Si l’un d’entre eux fait une tête de saint et lève les yeux devant vous, méfiez-vous. Nous avons besoin de séminaristes normaux, avec leurs propres problèmes, qui jouent au football, qui ne vont pas dans les quartiers pour dogmatiser… J’ai eu besoin de demander des rapports aux femmes des paroisses, aux curés et aux frères où les séminaristes sont allés… »

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Q.- Une fois que vous avez ordonné ces prêtres identifiés comme « rigides », comment les accompagnez-vous pour qu’ils adhèrent à Vatican II ? Pourquoi, au fond, souffrent-ils de ne pas pouvoir accepter ce qui vient ?

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François: « On a besoin de ces pasteurs qui ont un pouls, de ces prêtres qui sont vivants et qui ont dépassé l’âge mûr. Ils ont l’expérience et la patience pour les accompagner. Lentement, ils les ‘adoucissent’. Quand ils voient que la réception du Concile n’est pas une menace pour le Magistère, ils ‘s’assouplissent’. Mais ce n’est pas facile, car le cléricalisme est toujours présent.

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Il y a des gens qui vivent enfermés dans un manuel de théologie, incapables d’entrer dans les questions et de faire avancer la théologie. La théologie stagnante me rappelle que l’eau stagnante est la première à se corrompre, et que la théologie stagnante engendre la corruption ».

Donc, si tu n’acceptes pas ce que François dit, vous êtes tu es »rigide ». Ensuite, tu as peur. Ensuite, tu caches en réalité quelque chose, tout en dessous. En fin de compte, tu as des problèmes moraux. C’est la foire à la généralisation. Nous en revenons aux nombreux stéréotypes de François et à sa façon mesquine d’éliminer l’ennemi. Une méthode typiquement jésuite. Un peu comme dans les régimes, si vous n’êtes pas d’accord avec le dictateur, il fera tout pour vous discréditer. Et le thème de la rééducation apparaît clairement : « Il faut des pasteurs qui aient un pouls, des prêtres qui soient vivants et qui aient dépassé l’âge mûr ». En fait, il faut des soixante-huitards pour vous contrôler et obéir au chef du parti.

François et l’incapacité d’écouter

Est-ce vraiment ainsi? Tous ceux qui critiquent ce pontificat peuvent-ils être qualifiés de « traditionalistes » ? Tous ceux qui critiquent ce modus agendi ont-ils été expulsés des séminaires et ordonnés dans d’autres diocèses ? François a toujours condamné le bavardage, mais il est le premier à le fomenter. Si vous n’êtes pas d’accord avec lui, c’est lui qui crée la réputation d’être « immoral ».

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Suit, un passage assez long que je ne traduis pas (car il se réfère… rudement à des évènements qui ne nous concernent pas) où l’auteur démonte le discours du Pape et prouve que les accusations d’immoralité qu’il réserve aux « indiétristes » pourraient facilement être renvoyés à l’expéditeur, en considérant ses « protégés », les Zanchetta et autres Rupnik

Ces mots causent aussi un énorme préjudice à l’Église. Imaginez ce que doit affronter un prêtre à la doctrine intègre dans une paroisse. Pensez à ce que les paroissiens penseront aujourd’hui. Il s’agit là aussi d’un abus manifeste. François tente de psychologiser ce qu’il considère comme l’ennemi. Il n’a même pas obtenu un doctorat et il entreprend de psychanalyser les séminaristes. C’est une façon mesquine de faire croire que ceux qui ont une idée claire sont par conséquent rigides. S’il est rigide, il est évident qu’il cache quelque chose. Nous avons déjà un gros problème dans l’Église avec des calomnies et des insinuations constantes, des frères qui se font la guerre, et le Pape nous offre maintenant cet exemple ?

Nous nous demandons, le synode n’était-il pas le temps de la confrontation, de l’Église prête à accueillir tout le monde ? Il faudrait que quelqu’un nous explique parce que ce n’est pas très clair. Si tu prêches le magistère de toujours, si tu prêches la doctrine, si tu prêches une Église consciente du mandat évangélique, tu es rigide et donc tu doisprendre la porte. Si tu es ordonné, je te réduirai à l’état laïc sous prétexte d’immoralité, si tu n’es même pas ordonné, tant mieux, je te mettrai dehors, et va au diable

Il y a certainement des cas où une attitude de rigidité pendant la formation peut être révélatrice d’autres problèmes. Mais la rigidité n’est pas à sens unique, il y a aussi des rigides parmi les ‘aperturistes’, ‘modernistes’ et autres termes. De plus, il ne s’agit pas spécifiquement de questions morales mais, très souvent, de vécu, d’expériences qui ont marqué la personne. Il s’agit de toute façon d’évaluations qui doivent être faites par des experts, et individuellement, pas de manière générique par un technicien en chimie [pour mémoire, c’est effectivement la formation du Pape, ndt] .
(…)

En la fête de saint Jean-Marie Vianney [célébrée le 4 août, ndt], nous reprenons les mots de Benoît XVI dans sa lettre d’indiction de l’Année sacerdotale [*]. Une année entièrement consacrée à notre ministère. Une année de prière.

Le Saint-Père écrivait :

« Cette expression touchante nous permet avant tout d’évoquer avec tendresse et gratitude l’immense don que constituent les prêtres non seulement pour l’Église, mais aussi pour l’humanité elle-même. Je pense à tous ces prêtres qui offrent aux fidèles chrétiens et au monde entier l’humble et quotidienne proposition des paroles et des actes du Christ, en cherchant à y adhérer avec la pensée, la volonté, les sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas souligner leur travail apostolique, leur service inlassable et caché, leur charité tendanciellement universelle ? Et que dire de la fidélité courageuse de tant de prêtres qui, malgré les difficultés et les incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle d’ « amis du Christ », particulièrement appelés, choisis et envoyés par Lui ?

Que dire, il est fini le temps où le Pape aimait ses prêtres, les remerciait et saisissait leurs difficultés et leurs mérites. Aujourd’hui, malheureusement, Bergoglio a choisi de faire la guerre et de transformer l’Église en un champ politique et de bataille. Mais peut-être ne lui a-t-on pas expliqué que nous sommes l’avenir de l’Église, lui va vers ses 87 ans.

Ndt

(*) A propos de l’Année sacerdotale (2009-2010) qui a vu, ce n’est sans doute pas un hasard, l’explosion des affaires de pédophilie, voir les pages spéciales de mon site:

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