Le 15 août 2009, autant dire en une autre ère, j’étais à Castelgandolfo « sur les traces de Benoît XVI », et j’ai pu voir de très près le Saint-Père, qui célébrait traditionnellement chaque année la messe de L’Assomption dans la petite église paroissiale du lieu de villégiature des papes sur les rives du lac d’Albano (ceux que cela intéresse, pourront lire mon reportage avec de nombreuses photos ici: benoit-et-moi.fr/2009|Ferragosto avec Benoît XVI à Castelgandolfo). Le récit d’un lecteur du blog d’AM Valli qui a lui-même effectué le pèlerinage dans la petite ville désormais privée de son âme depuis le départ de Benoît XWVI a ravivé un souvenir cher à mon cœur. Mais avec quelle tristesse!

Un dimanche dest.. /instructif.

Dimanche 13 août ; après la messe, nous avons décidé d’aller à Castel Gandolfo et de visiter le Palais des Papes. Comme on le sait depuis près de dix ans, ce n’est malheureusement plus la résidence d’été du Pape. En effet, après le retour définitif de Benoît XVI au siège de Mater Ecclesiae au Vatican, la relation entre les pontifes et la petite ville des Castelli Romani semble avoir définitivement pris fin. C’est en tout cas la ferme intention du despote de Buenos Aires qui, pendant toutes ces années, s’est bien gardé de mettre les pieds dans le splendide palais, un bâtiment qu’il déteste certainement autant que n’importe quelle autre forme de beauté artistique. Il ne l’a fait qu’une seule fois, en 2013, pour rencontrer son « cher frère » Joseph Ratzinger, devenu pape émérite.

Il y a bien des années, une partie du palais des papes a été transformée en musée. Jusqu’à la démission de Benoît XVI, il était donc possible, en plus d’assister à l’habituel Angélus d’été, d’admirer de magnifiques salles ornées d’une série de splendides reliques de l’histoire papale des derniers siècles. C’est ce que nous nous attendions à trouver lors de notre visite mais, à notre grande et amère surprise, nous avons découvert autre chose.

Oui, parce que le despote argentin – comme une nouvelle démonstration de son mépris pour le caractère sacré du Siège et, surtout, pour la figure de son prédécesseur – n’a rien trouvé de mieux que de transformer même l’appartement privé du Saint-Père en musée. Et il ne s’est pas limité aux pièces dites « institutionnelles » (bureau, bibliothèque, etc.), non ! À mon grand désarroi, je me suis retrouvé dans la chambre à coucher du pontife, celle-là même où Benoît XVI et saint Jean-Paul II se sont reposés – et ont souffert. Le même endroit où, peut-être, Pie XII et Paul VI sont tous deux morts à Castel Gandolfo. Des lieux de joie et de douleur intimement liés à la foi, vécus par les Vicaires du Christ non pas il y a dix ou quinze siècles, mais il y a quelques années ou décennies.

Une opération qui, tout en étant assortie de mille précautions, n’aurait été possible qu’en soulignant aux visiteurs le caractère particulier de ces lieux, en sollicitant une présence et une participation tout à fait différentes de celles qui se manifestent lors de la visite du Louvre ou des Musées du Vatican. Au lieu de cela, rien ; cette pièce était précédée d’un banal panneau indiquant « chambre à coucher du pape », tout comme, dans le palais impérial de Vienne, on identifie le boudoir de la reine Sissi ou le fumoir de François-Joseph.

Mais la pire scène n’était pas encore apparue à nos yeux. Sur le côté gauche de la chambre, une porte s’ouvre avec l’inscription « Chapelle privée du Saint-Père dédiée à Notre-Dame de Czestochowa ». À l’intérieur, un couloir bordé de cordons traverse la chapelle en diagonale. Aucune indication ne signale que l’on ne se trouve pas devant l’une des nombreuses salles du musée, mais qu’il s’agit au contraire d’un lieu sacré, d’une chapelle qui n’a jamais été déconsacrée. Il n’y a pas d’appel à une tenue correcte ou à une attitude respectueuse. Et encore moins d’invitation à la prière ou à une méditation plus « inclusive ». Et les voilà, les visiteurs, qui passent distraitement avec leurs smartphones, leurs shorts ou leurs hauts laissant le nombril apparent et leurs T-shirts effilochés. Un négligé total, mais encore une fois, personne ne leur a fait prendre conscience de cela.

Venez, mesdames et messieurs, venez, venez ! Voici l’Église passée et ses indignes représentants. Mais ne vous inquiétez pas, ce ne sont que des héritages d’un passé qui ne reviendra jamais. Parole du plus grand et du plus miséricordieux des constructeurs de ponts de notre temps !

Fabio Battiston

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