Un deux poids deux mesures flagrant, à la fois dans l’attitude du Pape et dans le traitement médiatique. Giuseppe Nardi reparcourt pour nous les étapes de l’affaire McCarrick, qui a explosé en 2018 à la suite des révélations de Mgr Vigano.

  • Tout ce qui touche à la révélation de « l’Affaire Mc Carrick » et à ses développements a été largement documenté dans ces pages: benoit-et-moi.fr/2018/actualite

L’ancien cardinal McCarrick jugé inapte à subir son procès – Affaire classée

« ONCLE TED » ET LES QUESTIONS EN SUSPENS

Giuseppe Nardi
katholisches.info/
31 août 2023

Der ehemalige Kardinal Theodore "Onkel Ted" McCarrick (im Bild vor Jahren beim Weltwirtschaftforum in Davos) wurde für verhandlungsunfähig befunden und muß sich nicht vor Gericht verantworten.
L’ancien cardinal Theodore « Oncle Ted » McCarrick (sur la photo, il y a des années, lors du Forum économique mondial de Davos) a été jugé inapte à subir son procès et ne devra pas répondre de ses actes devant la justice.

(New York) L’ancien cardinal Theodore McCarrick, surnommé « Oncle Ted », a été jugé inapte par le juge de l’État du Massachusetts à répondre aux accusations d’abus sexuels sur mineurs.

En été 2018, la double vie homosexuelle du cardinal américain le plus puissant à l’époque du pape François avait été révélée. Le New York Times l’avait révélé dans deux articles. Le pape François a alors retiré à McCarrick sa dignité de cardinal. Quelque temps plus tard, il a également été démis de ses fonctions de prêtre et laïcisé.

Cinq ans se sont écoulés jusqu’à l’inculpation. McCarrick est aujourd’hui âgé de 93 ans et, comme certains le craignaient, il n’est plus en état d’être jugé. C’est en tout cas ce qu’a déclaré le juge compétent du Massachusetts, où McCarrick devait répondre de l’abus d’un garçon alors mineur.

La psychologue judiciaire Kerry Nelligan a témoigné que McCarrick souffrait de démence et présentait d’importants déficits cognitifs. Il est, selon Nelligan, incapable d’apprendre et de mémoriser des informations. En conséquence, le juge Paul McCallum du tribunal de district de Dedham a rejeté hier mercredi la plainte contre McCarrick.

L’affaire du Massachusetts est close pour la justice séculière.

La justice ecclésiastique avait déjà clos son procès en février 2019. Le 11 janvier de cette année-là, McCarrick a été reconnu coupable de séduction sexuelle en confession, d’infraction d’actes sexuels illicites avec des mineurs et de jeunes adultes avec abus de pouvoir aggravant la peine et a été laïcisé. Un mois plus tard, la sentence a été confirmée par le pape François, qui a exclu tout recours contre elle, raison pour laquelle elle est devenue définitive.

L’affaire McCarrick a toutefois pris une tournure particulière à l’été 2018. Peu après les révélations du New York Times, l’ancien nonce apostolique aux États-Unis, l’archevêque Carlo Maria Viganò, a pris la parole.

Mgr Viganò a révélé que ce même pape, qui à présent réagissait immédiatement à l’appel du vaisseau amiral médiatique libéral de gauche des élites américaines, n’avait rien fait pendant plus de cinq ans, bien que lui, Viganò, en tant qu’ambassadeur responsable à l’époque, l’ait informé en détail des agissements de McCarrick dès juin 2013.

Plus encore : François n’est pas seulement resté inactif, mais a fait de McCarrick son conseiller personnel pour les Etats-Unis et les nominations d’évêques dans ce pays, et l’a même envoyé en République populaire de Chine en tant que son représentant dans le cadre de la « nouvelle politique orientale », afin de préparer l’accord secret signé en septembre 2018 avec les dirigeants communistes.

Cela ne va pas ensemble, a déclaré l’archevêque Viganò, qui a reproché à Sainte Marthe d’avoir protégé McCarrick et a parlé plus généralement de « cordées » [cordate: fig., groupe formé par des politiciens ou des hommes d’affaires qui s’associent pour prendre le contrôle d’une entreprise, d’une organisation, d’un paquet d’actions… (cf. Treccani)] secrètes de pouvoir et d’homos opérant au Vatican qui avaient couvert l’ascension de McCarrick. Pour cette raison, l’archevêque Viganò a demandé la démission du pape afin d’éviter tout dommage à l’Eglise. Mais celui-ci n’a pas donné suite. la place, il a fait mettre sous surveillance l’évêque auxiliaire Athanasius Schneider, qui s’était joint à la demande de démission.

Bien que le mainstream médiatique libéral de gauche ait pris des gants avec le pape François sur ce point également, le chef de l’Eglise s’est retrouvé sous pression. Lors du vol de retour de Tallinn à Rome en septembre 2018, François a souhaité que les journalistes « ne posent pas de questions sur McCarrick ». François a déclaré ne « pas se souvenir » des informations de juin 2013 mentionnées par Mgr Viganò, mais a assuré que l’affaire serait examinée de près et qu’un rapport serait présenté avant la fin de l’année. Il a en outre annoncé la convocation d’un sommet anti-abus au Vatican. Alors que dans d’autres cas, une telle déclaration n’aurait pas été jugée suffisante, les faiseurs d’opinion qui donnent le ton s’en sont contentés. L’archevêque Viganò a été évité comme fauteur de troubles. Celui-ci a déclaré, un an après les révélations, qu’il était « infiniment triste que le pape François ait menti au monde entier ».

Le rapport d’enquête n’a pas été publié avant la fin de l’année, ni même l’année suivante. On a manifestement laissé l’herbe pousser, ce qui a été rendu possible par la câlinerie des médias.

Le sommet mondial contre les abus de février 2019 a été applaudi par les parties intéressées et a fait l’objet d’une attention bienveillante de la part des médias. En réalité, il a largement échoué, car le sujet principal a été laissé de côté. Au moins 80% des abus sexuels commis par des membres du clergé sur des mineurs sont de nature homosexuelle. Pourtant, lors du sommet sur les abus, l’homosexualité, la pédophilie homosexuelle et la pédérastie étaient le grand tabou.

En même temps, François a empêché, par le biais du sommet au Vatican, que la conférence épiscopale américaine prenne ses propres mesures dès 2018. Manifestement, certains craignaient un grand nettoyage et un règlement de comptes interne à l’Eglise. Une minorité d’évêques américains s’est rangée derrière François, curieusement la fraction progressiste-homophile. François a empêché une action rapide et efficace de la conférence épiscopale américaine afin de protéger la fraction progressiste qu’il renforce depuis son élection dans le but de faire basculer la majorité au sein de la conféren. Pour des raisons de politique ecclésiastique, le pape au pouvoir était immédiatement prêt à mettre de côté la « priorité » de la protection de l’enfance.

Ce n’est qu’à l’automne 2020 qu’un rapport d’enquête du Vatican sur l’affaire McCarrick a finalement été présenté, un rapport de 449 pages dont le contenu était pourtant terriblement pauvre. Au lieu de répondre aux questions urgentes sur l’affaire McCarrick, on a tenté de discréditer l’archevêque Viganò. Celui-ci est cité 304 fois dans le rapport, mais n’a jamais été entendu.

Les deux questions centrales sont restées sans réponse:

  • comment il a été possible que la double vie homosexuelle de McCarrick passe si longtemps inaperçue
  • comment il a été possible qu’un pédéraste puisse accéder aux plus hautes fonctions et dignités de l’Église

En d’autres termes:

  • qui, à quel moment aux États-Unis et au Vatican, était au courant des perversions de McCarrick
  • et qui avait rendu sa carrière possible – et ce que le pape François savait, à quel moment et pourquoi il avait promu McCarrick à partir de 2013, .

Les médias, d’habitude si prompts à frapper l’Eglise avec la massue des abus, se sont montrés peu intéressés par cette affaire.

Causa finita.

McCarrick doit encore être jugé dans l’Etat du Wisconsin pour abus sexuels.
Il n’est pas certain que la décision concernant sa capacité à être jugé y soit différente. Entre-temps, le pape François est toujours en fonction et continue de miser sur les McCarrick Boys aux Etats-Unis, tandis que l’archevêque Viganò, mis au ban de la société, doit vivre depuis lors dans la semi-landestinité.

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