Les 22 et 23 septembre, le Pape viendra à Marseille – pas en France, a-t-il dit, ce qui n’est peut-être peut-être pas faux. Il vient pour parler d’immigration, pas de bagatelles, comme l’euthanasie – qui devait être au programme du conseil des ministres le 21 septembre, m’apprend Nico Spuntoni. Le Pape rencontrera le président, avec qui il est à tu et à toi, littéralement (*).
On ne pas aborder des sujets qui fâchent avec un ami, cela ne se fait pas. Le débat sur l’euthanasie est donc remis de quelques jours, dès que le Pape aura le dos tourné (au passage, toujours grâce à Nico Spuntoni, j’apprends le nom d’un ministre français, ou plutôt « la » ministre chargée du dossier!).
Bref, le Pape a de très bons amis, mais il n’a strictement aucune influence sur eux. Sauf quand il répète ce qu’ils ont déjà dit. Il sera très médiatisé sur l’immigration, car son message ne diffère pas de celui de l’ONU. Pour ce qui touche à la vie, c’est une autre paire de manches.

La « gifle » de Macron au pape : la loi sur la fin de vie après sa visite.

Nico Spuntoni
www.ilgiornale.it
10 septembre 2023

Le gouvernement français n’a fait que reporter de quelques jours le projet législatif sur l’euthanasie. Il sera présenté dès le départ de François de Marseille

Du 22 au 23 septembre, le Pape est attendu à Marseille pour la dernière session des Rencontres de la Méditerranée. Lors de la toccata e fuga [aller-retour] transalpine, François aura l’occasion de serrer la main du président Emmanuel Macron. La visite a été programmée juste après le jour choisi par le gouvernement français pour la présentation du projet de loi sur la fin de vie en Conseil des ministres. Une circonstance qui aurait pu causer plus d’un embarras à Macron pour accueillir le pape à Marseille. C’est pourquoi le 21 septembre, la loi sur l’euthanasie ne sera plus sur la table du Conseil des ministres comme prévu initialement. Mais pas question de la mettre au placard : la mesure, en effet, sera reprise dès que l’avion papal sera revenu à Fiumicino.

Le oui de Macron à la fin de vie

Le dossier de l’euthanasie est entre les mains d’Agnès Firmin le Bodo [qui c’est, celle-là? le moins que l’on puisse dire est qu’elle souffre d’un léger déficit de notoriété…], ministre de l’Organisation des territoires et des personnels de santé, qui donne suite à ce qui avait été annoncé en avril par le chef de l’État Emmanuel Macron qui, en recevant les membres de la Convention citoyenne française sur la fin de vie, avait promis un projet de loi ad hoc dans le but de créer un « modèle français de la fin de vie ».

Une assurance que le président français avait déjà donnée un an plus tôt en se disant favorable à une assistance active à la mort dans les cas de maladies dégénératives graves. La chanteuse Line Renaud, militante pro-euthanasie, avait par la suite révélé que Macron lui avait avoué lors d’un dîner que la loi serait faite.

Un mois plus tard, lors d’une audience de près d’une heure au Vatican, il avait pourtant abordé le sujet en des termes bien différents avec le pape, déclarant qu’il n’aimait pas le mot « euthanasie » et qu’il ne voulait pas préempter le débat en France.

Le vote des catholiques

Être chef d’État dans une France où survit l’héritage de la « fille aînée » de l’Église a conduit le libéral Macron à compter avec le poids exercé par le monde catholique. Ce n’est pas un hasard si, à l’approche des dernières élections présidentielles d’avril 2022, il s’est rendu au Vatican pour une audience plus longue que prévu avec François, puis à la basilique Saint-Jean-de-Latran, où il détient le titre de protochanoine honoraire du chapitre du Latran. Une visite stratégique à l’orée d’une campagne électorale où l’électorat catholique est donné comme l’aiguille de la balance dans le défi qui l’oppose à Marine Le Pen, partisane d’une ligne progressiste sur la question des principes non négociables.

Une mauvais tour au Pape ?

L’échéance que Macron avait donnée pour la présentation de la loi sur la fin de vie se heurte à l’agenda papal.

Le pape arrivera à Marseille pour attirer l’attention sur la Méditerranée. Bien qu’il ait déclaré que cette visite ne se ferait pas en France malgré sa présence dans la ville provençale, Bergoglio verra le président de la République française à au moins deux reprises. La rencontre serait devenue problématique pour Macron si elle avait suivi de quelques heures le début de la discussion en conseil des ministres sur l’euthanasie. Le report décidé, comme le révèle Le Figaro, est stratégique. Mais il se murmure déjà que la ministre Agnès Firmin le Bodo se saisira du dossier quelques jours après le départ du Pape, voire entre le 26 et le 28 septembre.

Au vu de ces éléments, le report ressemble plus à un mauvais tour fait au Pape qu’à une forme de respect pour la plus haute autorité religieuse de l’Église catholique. Aussi parce que la position des évêques français sur le projet de loi est claire et a été exprimée en mars dans une déclaration de la Conférence des évêques de France : « Nous ressentons la révolte, la colère, le sentiment d’injustice qui résonne face à la souffrance et à la mort comme un appel à une plus grande fraternité et comme la recherche d’une espérance dont nous voulons être les témoins, mais en aucun cas comme une légitimation de l’euthanasie ou du suicide assisté », écrivent les prélats.

François mettra-t-il à profit la relation personnelle (*) construite au fil des ans avec Macron pour le convaincre de faire reporter sine die la loi sur la fin de vie ?

(*) Ndt

C’est ça, la relation personnelle?

Share This