Parmi les membres du Synode nommés directement par le Pape, figure le nom de l’ex-gardien de la foi, aujourd’hui sans emploi, mais qui s’affirme comme l’un des leaders de l’aile fidèle à la doctrine (je n’ose pas dire « conservatrice », car c’est un peu plus subtil). Une nomination qui n’est pas si surprenante qu’elle pourrait paraître, le pape est rusé (on nous le répète suffisamment!) et l’absence du cardinal, éminent théologien, plus ou moins héritier de Benoît XVI, aurait paru trop énorme. Il a été interrogé par le site Info Vaticana, et il répond clairement à toutes les questions, et, sans citer le NOM de François, délimite très précisément le cadre d’action du Pape, quel qu’il soit.

Le cardinal Müller à InfoVaticana :

« De faux prophètes qui se présentent comme des progressistes ont annoncé qu’ils transformeraient l’Église catholique en une organisation d’aide pour l’Agenda 2030 ».

infovaticana.com

La phase finale du Synode de synodalité, qui débutera en octobre prochain, approche. Parmi les 400 participants (cardinaux, évêques, laïcs et religieux) se trouvera l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi : le cardinal Müller.

Le Vatican ayant annoncé que les journalistes n’auront accès qu’aux informations que lui-même fournira, nous avons souhaité interroger le cardinal allemand sur ce prochain événement ecclésial qui tient en haleine une grande partie de l’Eglise.

Comme vous le verrez tout au long de l’entretien (réalisé par écrit, le cardinal étant en Pologne cette semaine), le cardinal Müller aborde sans détour les questions soulevées et entre dans le vif du sujet.

Entretien avec le cardinal Müller :

Q- En octobre prochain commencera la phase finale du Synode sur la synodalité, comment l’abordez-vous ?
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R – Je prie pour que tout cela soit une bénédiction et non un préjudice pour l’Église. Je suis également attaché à la clarté théologique afin que l’Église rassemblée autour du Christ ne devienne pas une danse politique autour du veau d’or de l’esprit agnostique de l’époque.

Q- Le pape François vous a inclus dans la liste des participants qui auront leur mot à dire au cours du Synode, comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
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R- Je veux faire de mon mieux pour le bien de l’Église, à laquelle j’ai consacré toute ma vie, ma pensée et mon travail jusqu’à présent.

Q- Avez-vous réfléchi au message que vous allez transmettre au cours de l’Assemblée ?
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R- Je voudrais surtout dire, face aux nombreuses déceptions des jeunes à Lisbonne : une Église qui ne croit pas en Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, n’est plus l’Église de Jésus-Christ. Chaque participant devrait d’abord étudier le premier chapitre de Lumen Gentium, qui traite du mystère de l’Église dans le plan de salut du Dieu trinitaire. L’Église n’est pas le terrain de jeu des idéologues de « l’humanisme sans Dieu » ou des stratèges des conférences des partis empêchés [??].

La volonté universelle de salut de Dieu, trouvée dans le Christ, seul Médiateur entre Dieu et l’homme, historiquement et eschatologiquement réalisée, est le programme futur de Son Église et non le Great ResetvReboot de l’ « élite » athéo-mondialiste de banquiers milliardaires qui cachent leur enrichissement personnel impitoyable derrière le masque de la philanthropie.

Q- Que pensez-vous de la mesure visant à empêcher les journalistes de suivre ce qui se passe en direct ?
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R- Je ne connais pas l’intention derrière cette mesure, mais 450 participants ne vont certainement pas garder les choses fermées. Beaucoup d’entre eux exploiteront les journalistes à leur profit ou vice versa. C’est la grande heure de la manipulation, de la propagande d’un agenda qui fait plus de mal que de bien à l’Église.

Si les laïcs y participent avec le droit de vote, ce n’est plus un synode d’évêques.

Q – Certaines voix ont critiqué la présence des laïcs dans cette Assemblée synodale.
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R- Les évêques participent à leur charge en exerçant une responsabilité collégiale pour l’ensemble de l’Église avec le Pape. Si les laïcs y participent avec le droit de vote, il ne s’agit plus d’un synode d’évêques ou d’une conférence ecclésiastique qui n’a pas l’autorité d’enseignement apostolique du collège épiscopal. Parler d’un Concile Vatican III ne peut venir que d’un ignorant, car dès le départ, un synode romain d’évêques n’est pas un concile œcuménique que le pape ne pourrait déclarer ensuite sans méconnaître le droit divin des évêques à un Concile Vatican III, qui pourrait fonder une nouvelle Église en dépassant ou en complétant celle qui est supposée avoir stagné lors du Concile Vatican II.

Chaque fois que des effets populistes font pencher la balance vers de telles décisions spontanées, la nature sacramentelle de l’Église et de sa mission est obscurcie, même si l’on tente par la suite de la justifier par le sacerdoce commun de tous les croyants et de niveler la différence de substance par rapport au sacerdoce de l’ordination sacramentelle (Lumen Gentium n.10).

Q – Y a-t-il de plus en plus d’évêques et de fidèles qui expriment leur inquiétude sur ce qui pourrait se passer au cours de ce Synode ?
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R- Oui, les faux prophètes (idéologues des nuages) qui se présentent comme progressistes ont annoncé qu’ils transformeront l’Église catholique en une organisation d’aide [humanitaire] pour l’Agenda 2030. Selon eux, seule une Eglise sans Christ a sa place dans un monde sans Dieu. De nombreux jeunes sont revenus de Lisbonne déçus que l’accent ne soit plus mis sur le salut en Christ, mais sur une doctrine mondaine du salut. Apparemment, il y a même des évêques qui ne croient plus en Dieu comme origine et fin de l’homme et sauveur du monde, mais qui, d’une manière pan-naturaliste ou panthéiste, considèrent la soi-disant terre mère comme le début de l’existence et la neutralité climatique comme le but de la planète terre.

Q- Pensez-vous que des changements en matière de foi et de doctrine peuvent être approuvés comme le prétendent certains groupes et mouvements au sein de l’Église ?
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R- Nul sur terre ne peut changer, ajouter ou retrancher quoi que ce soit à la Parole de Dieu. En tant que successeurs des apôtres, le pape et les évêques doivent enseigner au peuple ce que le Christ terrestre et ressuscité, le seul maître, leur a ordonné de faire. Et c’est seulement dans ce sens que s’applique la promesse que l’armée et la tête de son corps restent toujours avec ses disciples (Mt 28, 19s). Les gens confondent, ce qui n’est pas surprenant étant donné le manque de formation théologique de base, même parmi les évêques, le contenu de la foi et sa plénitude insurpassable dans le Christ avec la réflexion théologique progressiste et la croissance de la conscience de la foi de l’Église à travers la tradition ecclésiastique (DEI verbum 8-10). L’infaillibilité du Magistère ne s’étend qu’à la conservation et à l’interprétation fidèle du mystère de la foi confié une fois pour toutes à l’Église (depositum fidei ou saine doctrine, enseignement des Apôtres). Le pape et les évêques ne reçoivent pas de nouvelle révélation (Lumen gentium 25, DEI verbum 10 ).

Bénir l’obsolescence immorale de personnes du même sexe ou du sexe opposé est, comme contradiction directe, un blasphème.

Q- Que se passerait-il si, par exemple, l’Assemblée synodale approuvait la bénédiction des couples homosexuels, le changement de la morale sexuelle, l’élimination du caractère obligatoire du célibat sacerdotal ou l’autorisation du diaconat féminin ? L’accepteriez-vous ?
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R- Le célibat sacerdotal doit être retiré de cette liste, car le lien entre le sacrement de l’ordre et le charisme de renonciation volontaire au mariage n’est pas dogmatiquement nécessaire, bien que cette ancienne tradition de l’Église latine ne puisse être arbitrairement abolie d’un trait de plume, comme les Pères conciliaires l’ont expressément souligné au Concile du Vatican (Presbyterorum Ordines 16). Et les agitateurs bruyants se soucient rarement des préoccupations de salut des communautés sans prêtres, mais plutôt d’attaquer ce conseil évangélique, qu’ils considèrent comme anachronique ou même inhumain à une époque sexuellement éclairée. Bénir l’obsolescence immorale de personnes du même sexe ou du sexe opposé est une contradiction directe avec la parole et la volonté de Dieu, un blasphème gravement peccamineux. Le sacrement de l’ordre aux niveaux de l’épiscopat, du presbytérat et du diaconat peut fournir la puissance divine.

Seule une personne baptisée dont la vocation a été vérifiée par l’Église quant à son authenticité peut recevoir ce droit. De telles exigences à la majorité des voix seraient a priori obsolètes. Elles ne pourraient pas non plus être mises en œuvre dans le droit canonique par l’ensemble du collège des évêques avec le pape ou par le pape seul, car elles contredisent la révélation et la confession claire de l’Église.

L’autorité formelle du pape ne peut être séparée du lien substantiel avec la Sainte Écriture, la Tradition apostolique et les décisions dogmatiques du Magistère qui l’ont précédé. Sinon, à l’instar de Luther a mal compris la papauté, il se mettrait à la place de Dieu, qui est le seul auteur de sa vérité révélée, au lieu de simplement témoigner fidèlement, avec l’autorité du Christ, de la foi révélée de manière intégrale et non falsifiée et de la présenter authentiquement à l’Église.

Dans une telle situation extrême, dont Dieu peut nous sauver, tout fonctionnaire ecclésiastique aurait perdu son autorité et aucun catholique n’est plus obligé d’obéir religieusement à un évêque hérétique ou schismatique (Lumen Gentium 25).

Q- Pensez-vous que l’on fait assez dans l’Église pour défendre clairement les vérités qui sont discutées aujourd’hui ?
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R- Malheureusement non. Leur tâche sacrée est de proclamer la vérité de l’Évangile avec audace à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église. Même Paul s’est ouvertement opposé au comportement ambigu de Pierre (GAL 2), sans, bien sûr, remettre en cause sa primauté établie par le Christ.
Nous ne devons pas nous laisser intimider au sein de l’Église ou séduire par la perspective d’une carrière pour bonne conduite voulue d’en haut. Les évêques et les prêtres sont nommés directement par le Christ, ce dont les supérieurs hiérarchiques respectifs doivent tenir compte. Cependant, ils sont en communauté les uns avec les autres, ce qui inclut l’obéissance religieuse en matière de foi et l’obéissance canonique dans le gouvernement de l’Église. Mais cela ne dispense personne de sa responsabilité de conscience directement envers le Christ, pasteur et maître, dont l’autorité sanctifie, enseigne et guide les croyants.

Il convient également d’établir une distinction stricte entre les relations du pape avec ses nonces et les employés du Vatican et les relations collégiales du pape avec les évêques, qui ne sont pas ses subordonnés mais ses frères dans la même fonction apostolique.

Chaque fois que les papes se sont sentis ou se sont comportés comme des politiciens, les choses ont toujours mal tourné.

Q- Quel rôle doit jouer le Pape en ce moment ?

R- Tout au long de l’histoire de l’Église, chaque fois que les papes se sont sentis ou se sont comportés comme des politiciens, les choses ont mal tourné. En politique, il s’agit du pouvoir du peuple sur le peuple, dans l’Église du Christ, il s’agit du service du salut éternel des hommes, pour lequel le Seigneur a appelé des hommes à être ses apôtres. Le Pape est assis sur la Chaire de Pierre. La façon dont Simon Pierre est présenté dans le Nouveau Testament, avec ses hauts et ses bas, devrait être une source d’inspiration et un avertissement pour chaque pape.

Au Cénacle, avant sa Passion, Jésus dit à Pierre : Quand tu te seras converti, affermis tes frères dans la foi (Lc 22,32), c’est-à-dire dans la foi au Christ, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16). Ce n’est qu’ainsi qu’il devient le roc sur lequel Jésus construit son Église, sans que les portes de l’enfer ne puissent être franchies.

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