Tandis que des milliers de migrants se déversent en ce moment sur les côtes italiennes, dans la petite île de Lampedusa, en un scenario de cauchemar qui ne peut pas ne pas évoquer le prophétique roman de feu Jean Raspail « Le camp des saints », et que, depuis des pupitres variés, les membres du gouvernement français (Macron compris) se succèdent pour se décerner d’insupportables brevets d’auto-satisfaction pour leur irréprochable – selon eux! – gestion de la crise et vanter la « solidarité européenne », il semble que les Italiens (enfin, ceux qui ont porté Meloni au pouvoir) voient les choses assez différemment. Sur la NBQ, Ruben Razzante révèle les dessous d’une manœuvre des socialistes européens visant à bloquer les fonds destinés par Bruxelles à la Tunisie (105 millions € + 150 millions de bonus, quand même!) afin qu’elle bloque ses frontières

La gauche européenne utilise les migrants contre le gouvernement Meloni

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Débarquements incontrôlés à Lampedusa alors que la France et l’Allemagne ferment leurs frontières, laissant à l’Italie la patate chaude. Une situation qui arrange ceux qui veulent affaiblir un exécutif, comme celui italien, considéré comme « souverainiste ». On ne peut pas parler de complot [??? – ndt], mais on peut certainement parler d’hypocrisie bruxelloise.

Les Italiens qui assistent aux débarquements incontrôlés à Lampedusa réagissent avec inquiétude, mais aussi avec une pointe d’agacement. D’autant plus qu’ils apprennent que la France et l’Allemagne ferment leurs frontières et se fichent éperdument des difficultés que connaît actuellement notre pays sur le front des migrants. Ceux qui n’aiment pas ce gouvernement ont tendance à rejeter la responsabilité de cette débâcle sur le Premier ministre et les ministres. Cela fait des années qu’il n’y a pas eu autant d’arrivées d’immigrés sur nos côtes et, par conséquent, nombreux sont ceux qui jugent négativement la ligne soft adoptée par Meloni, qui, lorsqu’elle était dans l’opposition, a certes tenu des propos quelque peu différents sur le sujet.

Mais on sait bien que quand on est au Palais Chigi [siède de la Présidence du Conseil italien], il faut faire de la médiation et éviter les incidents diplomatiques qui pourraient nuire au pays sur d’autres fronts. La responsabilité du gouvernement exige aussi ces compromis. Mais cela ne veut pas dire qu’il est juste de subir les affronts de Bruxelles sans mettre en évidence les responsabilités de ceux qui disent vouloir travailler pour une Europe unie et qui se battent formellement pour cela, en chargeant même un ancien Premier ministre italien [Mario Monti] d’élaborer une stratégie sur la compétitivité, mais qui font ensuite tout pour mettre des bâtons dans les roues de l’actuel gouvernement italien.

Le ministre des infrastructures, Matteo Salvini, ne mâche pas ses mots :

« Ce que font la France et l’Allemagne est un acte de guerre, il y a une régie criminelle derrière tout cela ».

Il faudrait surtout que quelqu’un explique aux Italiens pourquoi des milliers et des milliers de désespérés continuent à quitter la Tunisie, alors qu’il y a deux mois a été signé un mémorandum prévoyant le versement « immédiat » à la Tunisie de 150 millions d’euros pour sauver les caisses de l’Etat nord-africain et de 105 millions d’euros pour bloquer ses frontières. Dans les enceintes institutionnelles européennes, les politiciens et bureaucrates de la gauche européenne bloquent le versement de ces fonds, que le gouvernement de Tunis n’a en fait jamais reçus.

Moralité : sans ces fonds, comme on l’explique depuis le Palais Chigi, la Tunisie ne peut pas payer les salaires des agents de la Garde nationale et des autres forces de sécurité appelées à faire respecter les accords conclus avec l’Italie. C’est comme si on disait à quelqu’un : « Je te donne la voiture mais je ne te donne pas les clés pour la démarrer ».

Les appels sincères et justes de Meloni pour stopper les départs des pays d’origine ne servent pas à grand-chose. La machine européenne de gestion d’urgence des migrants n’a jamais été sérieusement activée parce que les socialistes européens veulent empêcher la montée des forces populaires et conservatrices vers le triomphe lors des prochaines élections européennes.

Si des États comme la France et l’Allemagne manquent à leur parole, revenant sur les accords solennels d’un passé récent sur la redistribution, il n’y a aucun soulèvement de la part des dirigeants de l’UE, qui, au fond, profitent de cette situation qui met un gouvernement « souverainiste » comme celui de l’Italie en grande difficulté. En outre, même des États comme l’Espagne et la Grèce se défilent impunément lorsqu’il s’agit d’accueillir des migrants en provenance de Turquie ou du Maroc.

On peut donc soupçonner que le chaos tunisien pourrait servir, dans l’esprit diabolique des gouvernants européens, à affaiblir le gouvernement Meloni et à favoriser la remontée dans les sondages des forces de gauche qui craignent une défaite aux élections européennes du printemps prochain. L’axe franco-allemand, bien que boiteux sur de nombreux fronts, a l’ambition de réaliser ce dessein. Mais il lui est difficile de le faire, sauf cataclysme d’ici mai prochain, compte tenu de la faiblesse de la France et de l’Allemagne (surtout de cette dernière), également économique, et des divisions entre les différentes âmes de la gauche européenne.

Lancer une offensive contre le Palais Chigi, comme cela s’est produit en 2011 à l’époque du gouvernement Berlusconi, semble utopique, car le rapport de force s’est inversé : cet exécutif était faible en raison de la trahison de Gianfranco Fini et des attaques judiciaires contre le Cavaliere, tandis que l’axe franco-allemand était très solide ; aujourd’hui, c’est exactement le contraire, car l’exécutif Meloni a le vent en poupe malgré quelques secousses, tandis que le leadership de Bruxelles vacille. Il vacille à tel point que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé Mario Draghi comme conseiller de l’UE pour préparer un rapport sur la compétitivité. Giorgia Meloni a immédiatement exprimé sa satisfaction et s’est dite convaincue que pour l’Italie, le retour de Draghi pourrait être une bonne nouvelle.

On ne sait pas si le Premier ministre italien a fait contre mauvaise fortune bon cœur, car certains ont voulu voir dans cette nomination de Draghi une sorte de tentative de ternir son leadership. Nous verrons bien. Il est certain que les socialistes européens jouent tout dans les mois qui viennent et ils en sont conscients. Qu’il y ait un complot contre l’Italie n’est pas prouvé, mais ce qui est sûr, c’est que l’hypocrisie de Bruxelles, des Français et des Allemands à l’égard de notre pays est maintenant coupée en tranches. Et « Super Mario », qui n’a jamais digéré de ne pas devenir président de la République, est de ce point de vue un inconnu.

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