L’auteur de ce texte épatant, qui peut paraître redondant (mais qui ne fait que mettre les points sur les « i »), nous explique sur tous les tons en quoi ce synode qui prétend écouter la voix de l’Esprit (mais bien sûr!) en écoutant TOUTES les voix, et en particulier celle des EXCLUS, mais qui refuse d’écouter celles qui sont hors du consensus auto-proclamé (en particulier, les défenseurs de la Tradition), n’est rien d’autre qu’une farce sinistre, qui a bien de quoi susciter l’inquiétude. En réalité, le principal centre d’intérêt de ce synode sera ce processus d’exclusion radicale, totalement inédit dans l’Eglise, et comment (et si) les opposants parviendront à faire entendre leur inquiétude

Confessions d’un catholique radicalement exclu


John Horvat
TFP
20 septembre 2023

L’une des caractéristiques du prochain Synode de la synodalité est l’accent mis sur l’écoute des autres voix. Toutes les voix.

On dit aux catholiques que « l’Esprit » parle à travers tous ceux qui sont marginalisés et exclus. Ecouter la plus grande variété de voix possible est donc une nécessité. En devenant une Église à l’écoute, le « peuple de Dieu » peut « marcher ensemble » sur le chemin synodal de la nouvelle évangélisation.

Les organisateurs du synode insistent sur ce qu’ils appellent « l’inclusion radicale ». Personne n’est exclu. « Tout le monde, tout le monde, tout le monde » : c’est ainsi qu’à Lisbonne, le pape François a exprimé son désir de voir l’Église élargir l’espace de sa tente.

Tout le monde signifie chaque personne. Les documents du synode affirment la nécessité d’écouter ceux qui ne sont pas d’accord avec l’Église, comme les athées, ceux qui ont quitté la foi ou les personnes d’autres religions. Cela inclut également ceux qui ne vivent pas selon la morale catholique, comme les divorcés « remariés », les personnes LGBTQ vivant dans des unions homosexuelles et celles qui vivent en concubinage. Tout le monde.

L’inclusion radicale doit donc englober tout le monde. Dès que quelqu’un est exclu, le processus est interrompu. Lorsque les gens cessent d’écouter, l’Esprit ne peut agir. Le Synode est axé sur l’accueil, et tout rejet, en particulier de la part des responsables de l’Église, signale un échec en tant qu’Église synodale.

Cette logique interne du Synode sur la synodalité est reprise, soulignée et répétée dans les documents et les sessions d’écoute. Tout le monde doit être inclus.

C’est-à-dire tout le monde, sauf les catholiques inquiets comme moi.

J’avoue que je crains que ce processus synodal ne soit une boîte de Pandore qui pourrait conduire à la confusion, à l’erreur et à la division. Je ne suis pas le seul. Un nombre croissant de cardinaux, d’évêques, de prêtres et de laïcs partagent mes inquiétudes. Malgré ces doutes, je m’attends à ce que, par souci d’équité, ces catholiques soient traités au moins comme les nombreux autres qui ont été inclus. J’espère que les promoteurs du synode écouteront et accorderont une certaine valeur à la voix de la tradition. C’est la raison d’être de la synodalité.

Cependant, ceux qui expriment leurs préoccupations se heurtent à l’exclusion. Leurs points de vue sont rejetés avec une véhémence que je ne peux qualifier que d’exclusion radicale. Quand on aborde ces questions en public, on se heurte à un refus presque rageur de prendre en considération la perspective traditionnelle. La tradition est jugée et pendue sans qu’on l’entende… ou qu’on l’écoute.

Ces catholiques exclus ne sont pas soumis à un processus d’écoute, mais à un processus d’étiquetage.

On nous rejette en nous qualifiant d’arriérés, voire d’ « indiétristes ». On nous dit que le processus synodal doit toujours aller de l’avant et ne jamais revenir en arrière. Néanmoins, alors que l’indiétrisme est utilisée comme épithète pour ceux qui critiquent le Synode, le concept est utilisé favorablement par le Père James Martin, S.J., l’un des 364 membres du Synode ayant le droit de vote. Il affirme que le Synode est un retour à « une forme de rassemblement ecclésial qui a existé depuis l’époque de l’Église primitive, mais qui est tombée en désuétude ». Les catholiques sont ainsi invités à la fois à revenir en arrière et à ne jamais revenir en arrière. A l’évidence, il existe des critères non divulgués pour déterminer quelles pratiques rétrogrades sont acceptables et lesquelles ne le sont pas.

Une autre étiquette qui circule est celle d’une « idéologie » mal définie. Toute personne qui défend un ensemble de certitudes et de doctrines peut être qualifiée d’idéologue. Cependant, ceux qui expriment leurs inquiétudes n’ont rien de différent de ce que l’Église a toujours professé. Pour citer saint Vincent de Lérins, les catholiques fidèles soutiennent ce qui a « toujours été cru partout et par tous » (quod semper, quod ubique, quod ab omnibus). Pour que l’étiquette « idéologie » s’applique correctement à ces catholiques fidèles, leurs détracteurs doivent d’abord montrer qu’ils introduisent quelque chose de nouveau qui n’a jamais été enseigné auparavant. Or, l’introduction de nouvelles doctrines et de changements moraux n’est pas proposée par les catholiques fidèles, mais par les promoteurs du Synode.

La raison principale de cette exclusion radicale est d’éliminer toute opposition à l’intérieur ou à l’extérieur du Synode. Les attaques furieuses contre ceux qui se montrent inquiets peuvent se limiter à réduire au silence tous ceux qui ne sont pas d’accord. Ainsi, l’écoute se limite à ceux qui sont d’accord avec le programme général du Synode.

Pour les promoteurs du Synode, l’esprit parle à travers ceux qui sont en dehors de l’Église et déchus de la grâce, mais il ne parle pas à travers ceux qui s’opposent aux nouveautés proposées. Quiconque n’est pas d’accord doit être radicalement exclu, de peur qu’il ne gâche les débats. Comme le conclut le journaliste Michael Sean Winters dans sa récente chronique du National Catholic Reporter, ceux qui critiquent le Synode « ne sont pas à écouter, mais à plaindre ».

Cette politique anti-écoute du Synode devrait être dénoncée haut et fort. Les promoteurs du Synode ne sont pas sincères. Ils prétendent que leur politique est une politique d’inclusion radicale, mais leur discours ne correspond pas à leurs actions d’exclusion radicale.

Il est difficile de prétendre que l’esprit déterminera spontanément l’ordre du jour du Synode alors qu’en excluant au préalable la voix des catholiques fidèles, les organisateurs du Synode et leurs animateurs spécialement formés détermineront ce qui sera autorisé dans les sessions de discussion à huis clos et dans les documents synodaux finaux. Une assemblée qui prétend promouvoir le dialogue mais où tout le monde doit être d’accord avec la ligne du parti n’est pas un forum de libre discussion mais une source d’inquiétude légitime.

Alors que de nombreuses questions morales brûlantes seront discutées lors de l’événement, ce processus synodal radicalement exclusif sera le principal centre d’intérêt.

C’est pourquoi les catholiques inquiets doivent faire entendre leur voix. L’intégration de ce processus inédit dans la manière dont l’Église est gouvernée doit être dénoncée comme contraire à la hiérarchie divine établie par Notre Seigneur Jésus-Christ.

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