Elle est magnifiquement illustrée par la réponse qu’il a donnée à la deuxième question (le second dubium) des cardinaux, concernant la bénédiction des unions homosexuelles.
Les médias titrent déjà « Le Pape ouvre aux unions homosexuelles » (cf. Belgicatho). Mentent-ils?
La réponse du Pape est tellement fuyante, alambiquée, filandreuse, « à côté de la plaque » (en un mot, « jésuite ») que les 5 cardinaux ont dû reformuler leur question ainsi:

 Est-il possible que, dans certaines circonstances, un pasteur puisse bénir des unions entre personnes homosexuelles, laissant ainsi entendre que le comportement homosexuel en tant que tel ne serait pas contraire à la loi de Dieu et au cheminement de la personne vers Dieu ? En lien avec ce dubium, il est nécessaire d’en soulever un autre : l’enseignement constant du Magistère ordinaire universel, selon lequel tout acte sexuel en dehors du mariage, et en particulier les actes homosexuels, constituent un péché objectivement grave contre la loi de Dieu, indépendamment des circonstances dans lesquelles ils ont lieu et de l’intention avec laquelle ils sont accompli, est-il toujours valable ?

Voici donc les explications de Tuch… oops, du Pape. Digne d’un manuel!!!

a) L’Eglise a une conception très claire du mariage : une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération d’enfants. Elle n’appelle « mariage » que cette seule union. Les autres formes d’union ne le réalisent qu’« en partie et par analogie » (Amoris Laetitia, 292), c’est pourquoi elles ne peuvent pas être appelées « mariage » au sens strict.


b) Il ne s’agit pas seulement d’une question de noms : au contraire la réalité que nous appelons mariage a une constitution essentielle unique qui requiert un nom exclusif, qu’on ne peut appliquer à d’autres réalités. Sans aucun doute s’agit-il de bien plus qu’un simple « idéal ».


c) C’est pourquoi l’Église évite toute forme de rite qui pourrait contredire cette conviction et donner à entendre que l’on reconnaît comme mariage ce qui n’en est pas un.


d) Toutefois, dans les relations avec les personnes, il ne faut pas perdre la charité pastorale qui doit passer par toutes nos décisions et nos attitudes. La défense de la vérité objective n’est pas la seule expression de cette charité qui est aussi faite d’amabilité, de patience, de compréhension, de tendresse et d’encouragement. Nous ne pouvons donc pas nous constituer en juges qui ne font que refuser, rejeter, exclure.


e) La prudence pastorale doit donc correctement discerner s’il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage. En effet, lorsqu’on demande une bénédiction, il s’agit d’une demande d’aide adressée à Dieu, d’une prière pour pouvoir vivre mieux, d’une confiance en un Père qui peut nous aider à vivre mieux.


f) D’autre part, même s’il existe des situations qui, d’un point de vue objectif, ne sont pas moralement acceptables, la même charité pastorale exige que nous ne traitions pas autrui de « pécheur » tout court, alors que la culpabilité ou la responsabilité des personnes peut être atténuée par divers facteurs qui ont une incidence sur l’imputabilité subjective (cf. S. Jean-Paul II, Reconciliatio et Paenitentia, n. 17).


g) Les décisions qui, en des circonstances déterminées, peuvent relever de la prudence pastorale, ne doivent pas nécessairement être converties en normes. En d’autres termes, il n’est pas opportun qu’un diocèse, une Conférence des évêques ou toute autre structure ecclésiale autorise constamment et officiellement des procédures ou des règles pour chaque type d’affaire, puisque tout ce qui « fait partie d’un discernement pratique face à une situation particulière ne peut être élevé à la catégorie d’une norme », car cela « donnerait lieu à une casuistique insupportable » (Amoris Laetitia, n. 304). Le droit canonique ne doit pas et ne peut pas tout englober, et les Conférences épiscopales ne peuvent pas non plus prétendre faire cela avec leurs divers documents et protocoles, parce que la vie de l’Église passe par de nombreux canaux outre les canaux normatifs.

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https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2023-10/le-pape-repond-aux-dubia-de-cinq-cardinaux.html

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Bref, c’est juste une question sémantique, autour du mot « mariage » (même si le pape fait semblant de l’évacuer d’emblée).

Je repose la question, légèrement modifiée: les médias, prenant leurs désirs pour des réalités, ont-ils menti? Ou au moins exagéré?

Désolée, mais la réponse est non. Et ceux qui prétendent ne voir qu’un problème de communication n’ont rien compris.
Il n’y a pas besoin d’être devin pour prévoir que toutes les questions polémiques soulevées au cours du Synode suivront le même scénario.

Et officiellement, on n’aura pas touché à la Doctrine. OFFICIELLEMENT.

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