Selon le site fiable et très bien informé The Pillar, la Secrétairerie d’Etat, qui attendait les indications, sinon les diktats de John Kerry a été bypassé (par on ne sait qui), et n’a été informée du contenu du texte qu’à la dernière minute, trop tard pour pouvoir relire et apporter des modifications en ligne avec les « suggestions » de son sponsor.
Qui commande, au Vatican? Que ce soit à la Secrétairie d’Etat (Kerry), ou à l’étage au-dessus? Sans même parler du contenu du texte (le passage cité dans l’article est surréaliste!) la question commence à se faire très pressante, et la réponse pressentie très inquiétante.

La Secrétairerie d’Etat du Vatican exclue du document sur le changement climatique

www.pillarcatholic.com/p/vatican-state-secretariat-frozen

Le bureau diplomatique du Vatican a été exclu du processus de rédaction en amont de l’exhortation apostolique Laudate deum du Pape François, selon des sources proches du processus, bien que plusieurs sections du texte se concentrent sur la politique internationale et l’élaboration de politiques [qui sont en principe la chasse gardée de la Secrétairerie, ndt]

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Une source vaticane de haut niveau a confié à The Pillar que ce gel a découragé les fonctionnaires de la Secrétairerie d’État du Vatican et pourrait avoir des conséquences diplomatiques à long terme pour le Saint-Siège.

La publication de Laudate deum a fait l’objet d’une préparation inhabituelle au cours des mois qui l’ont précédée.

Le 21 août, le pape a déclaré à un groupe d’avocats qu’il travaillait sur une « deuxième partie de Laudato si‘ « , selon l’agence CNS (Catholic News Service), et peu après, il a annoncé à la présidente hongroise Katalin Novák qu’il publierait le texte le 4 octobre.

Alors que le texte avait été initialement présenté comme une encyclique papale, il a en fait été publié cette semaine comme une exhortation apostolique, un texte papal généralement considéré comme ayant moins d’autorité.

L’exhortation exhorte les catholiques et « toutes les personnes de bonne volonté » à travailler ensemble pour lutter contre le changement climatique.

Le pape écrit:

« Nous devons dépasser la mentalité qui consiste à paraître préoccupé mais à ne pas avoir le courage nécessaire pour produire des changements substantiels ».

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« Nous savons qu’à ce rythme, dans quelques années seulement, nous dépasserons la limite maximale recommandée de 1,5° C et, peu après, nous atteindrons même 3° C, avec un risque élevé d’arriver à un point critique. Même si nous n’atteignons pas ce point de non-retour, il est certain que les conséquences seraient désastreuses et qu’il faudrait prendre des mesures précipitées, à un coût énorme et avec des effets économiques et sociaux graves et intolérables ».

Laudate deum a également mis l’accent sur la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP28, en demandant instamment que la conférence « permette une accélération décisive de la transition énergétique, avec des engagements effectifs soumis à un contrôle continu ».

Si le pape a exhorté à la coopération internationale et à la recherche de solutions politiques au problème du changement climatique, ses propres diplomates internationaux n’auraient pas été impliqués dans l’élaboration du texte.

Selon des sources, la Secrétairerie d’État du Vatican n’a reçu le texte pour commentaires que peu de temps avant qu’il ne soit finalisé, ce qui a laissé « même pas une journée » au bureau diplomatique pour peser sur le texte ou pour compiler les suggestions des diplomates nommés auprès du Saint-Siège.

Cette omission constitue une rupture avec la pratique établie du Vatican, selon laquelle tous les documents comportant un élément politique ou diplomatique sont transmis à la Secrétairerie d’État pour un examen approfondi, afin que les experts du Vatican puissent peser sur les implications possibles d’un texte et que les diplomates internationaux puissent être invités à formuler des commentaires ou des suggestions.

Ce processus est généralement considéré comme une aide à la construction d’un consensus sur les objectifs politiques proposés par le Vatican, afin de rendre leur réalisation plus probable.

Des sources proches de la Secrétairerie d’État indiquent que le dicastère était le point de contact sur le texte pour l’envoyé présidentiel américain John Kerry, qui a contacté le bureau diplomatique du Vatican après que le pape a annoncé son intention de publier un document sur le changement climatique.

Selon une source, la Secrétairerie d’État a reçu des « suggestions très importantes » de la part de Kerry, mais n’a pas eu le temps de les transmettre à l’équipe de rédaction du document, ni de les communiquer au pape.

Une source haut placée nous a confié:

« Ils travaillaient avec Kerry à un niveau diplomatique très élevé. Quand ils y travaillaient, ils n’ont pratiquement pas eu le temps de rédiger un projet – à peine quelques heures – avant que François n’annonce [en interne] qu’il était terminé. Et c’est tout ».

« C’est très embarrassant que cela se produise alors qu’on travaille avec une personnalité mondiale importante ».

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Le bureau de Kerry a refusé de commenter les questions de The Pillar sur l’implication de l’envoyé pour le climat [auprès du Saint Siège…?] dans le document, se contentant de mentionner un tweet de Kerry daté du 5 octobre qui faisait l’éloge du texte.

Mais les diplomates du Vatican ont confié à The Pillar que si la Secrétairerie d’Etat est perçue comme ayant une influence décroissante sur les affaires du Vatican, cela pourrait rendre la diplomatie en cours – même sur le changement climatique – plus difficile.

« En termes de protocole, c’est très embarrassant pour le Vatican, et cela rend encore plus difficile le travail acharné de beaucoup de personnes intelligentes »


L’identité des rédacteurs de Laudate deum n’est pas claire, une source nous ayant dit qu’elle pensait que le texte avait été développé avec un cercle très restreint – « juste le pape et ses hommes, en fait ».

La plupart des spéculations portaient sur une collaboration entre le cardinal Victor Fernandez, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et le théologien argentin Emilce Cuda, secrétaire de la Commission pontificale pour l’Amérique latine.

Le texte a été généralement bien accueilli par les militants du climat, mais s’est avéré controversé aux États-Unis, en raison de son affirmation selon laquelle « les émissions par individu aux États-Unis sont environ deux fois supérieures à celles des individus vivant en Chine, et environ sept fois supérieures à la moyenne des pays les plus pauvres ».

Alors que les notes de bas de page du document indiquent que les données proviennent d’un rapport des Nations unies de 2022, le rapport lui-même montre que les émissions par habitant des États-Unis sont moins de 1,5 fois supérieures à celles de la Chine, et que les niveaux d’émissions par habitant de la Chine – que certains considèrent comme élogieux – sont nettement plus élevés que la moyenne mondiale.

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