Le décidément incontournable site germanophone katholisches.info publie une belle tribune, très personnelle et très « littéraire » (ce qui ne l’empêche pas d’aborder la problématique difficile du jugement de la postérité… au cas où le Pape se tromperait: la leçon de Galilée a malheureusement été oubliée) de Juan Manuel Prada (*), bien connu des lecteurs de ce site, consacrée à l’exhortation « climatique » du Pape, qui entre délibérément dans un débat où il n’a AUCUNE compétence alors qu’il néglige la tâche que lui a confiée Notre Seigneur.
La version en espagnol est en accès payant, je reprends donc la traduction en allemand de katholisches.info. Miracle de l’IA et de Deepl, merci! (j’ai évidemment relu attentivement).

J’ai laissé la notice biographique que Katholisches.info a mis en annexe, elle donne une idée de l’autorité intellectuelle de l’auteur pour donner son avis de catholique et de philosophe sur la question.

Le pape du climat

Franziskus der Klimapapst und eine (bestimmte) Wissenschaftsgläubigkeit: im Bild Papst Franziskus mit Corona-Maske am 20. Oktober 2020 bei einem interreligiösen Treffen.
François le pape du climat et d’une (certaine) foi en la science : sur la photo, le pape François avec un masque anti-covid le 20 octobre 2020 lors d’une rencontre interreligieuse.

katholisches.info/2023/10/09/der-klimapapst/

Le quotidien espagnol ABC a publié samedi une chronique du célèbre écrivain et critique littéraire espagnol Juan Manuel de Prada sur l’exhortation apostolique Laudate Deum du pape François, qui mérite d’être connue dans les pays germanophones,


Par Juan Manuel de Prada*

L’exhortation apostolique par laquelle François intervient dans le débat sur le changement climatique, se posant en pieux défenseur des hypothèses systémiques qui soutiennent son origine anthropique, a provoqué un tonnerre d’applaudissements dans le monde entier. Mais qu’un pape écrive sur la climatologie a autant de valeur qu’un essai d’Alexander Fleming, découvreur de la pénicilline, sur la métaphore difficile à déchiffrer dans la poésie de Luis de Góngora. Je n’ai pas besoin de dire que je considère Fleming comme l’un des hommes les plus méritants de l’histoire de l’humanité.

J’aimerais que le Pape ait une préférence pour le prêtre Góngora et qu’il se mette à déchiffrer son hermétisme ; mais, par Dieu, il a une préférence plus grande pour la mesure du taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Or, il se trouve que la mission du pape n’est pas de nous surprendre avec ces mesures, mais de préserver le patrimoine de la foi et des mœurs, aujourd’hui si entamé. Même si l’hypothèse audacieuse du pape sur le changement climatique s’avérait un jour vraie, cette exhortation ne serait toujours pas compatible avec cette mission. Et si, à l’avenir, elle s’avérait fausse, l’audace de François servirait à dénigrer l’Eglise, comme c’est le cas aujourd’hui, parce que l’un de ses prédécesseurs a servi de médiateur dans la querelle de Galilée parmi les astronomes qui, dans leur « écrasante majorité », adhéraient au géocentrisme, comme le prétendent aujourd’hui ceux qui adhèrent au changement climatique prétendument causé par l’homme.

Dans ce futur probable, les lecteurs de cette exhortation seront alors étonnés de voir un pape se draper dans le manteau du changement climatique à une époque où mille feux brûlent dans l’Église.

L’écrivain argentin Leonardo Castellani (un auteur qu’à ma connaissance François a lu) avait l’habitude de dire que l’univers est « un poème dramatique dans lequel Dieu s’est réservé le début, le milieu et la fin, appelés théologiquement création, rédemption et parousie ». Les personnages de ce poème dramatique sont les actions humaines qui, par le péché, provoquent la fin du monde. Mais l’auteur est Dieu, qui ne terminera pas le poème avec des mesures de CO2, mais lorsque la montagne de nos péchés non repentis criera vers le ciel. Dieu veut, bien plus que notre adhésion à des hypothèses scientifiques, que nous défendions sa cause au milieu de la tribulation et de l’apostasie généralisées, même si le monde nous ridiculise et nous stigmatise pour cela, parce que nous n’adoptons pas ses faux dogmes et dénonçons les expériences anthropologiques aberrantes qu’il tente de naturaliser pour tuer les corps et les âmes. Et Dieu veut que le pape soit le premier dans cet engagement, en faisant comprendre aux hommes qui lui sont confiés que son règne ne finira jamais, quoi que l’homme tente, et que sa récompense dépasse toutes les flatteries de ce monde et tout ce que l’œil a jamais vu, l’oreille jamais entendu et l’esprit humain jamais rêvé de beau et de glorieux.

Les papes devraient s’en souvenir et laisser les hypothèses sur le changement climatique et les énigmes de Góngora aux conversations entre amis après le dîner autour d’un verre de carajillo.

(*) Juan Manuel de Prada, né en 1970, juriste, écrivain et critique littéraire espagnol. Il a reçu en 1997 le Premio Planeta, le prix littéraire le plus prestigieux d’Espagne, pour son roman « La Tempestad ». Son roman « Las máscaras de héroe » (« Les masques des héros ») est considéré comme l’un des cent romans de langue espagnole les plus importants du XXe siècle. En 2021, il a publié « Una biblioteca en el oasis » (« Une bibliothèque dans l’oasis ») sur la littérature chrétienne d’auteurs tels que G. K. Chesterton, Hilaire Belloc, Georges Bernanos, Graham Green, Leonardo Castellani, John Henry Newman, Robert Hugh Benson et bien d’autres.

Share This