Ce qui vient de se passer dans la bande de Gaza est certes terrible, mais ce n’est pas une raison pour que les israéliens, par la voix de leur ambassadeur auprès du Pape, ressortent les sempiternels mensonges sur Pie XII. Répondant à un communiqué des chefs des Eglises de Jérusalem, ils les accusent d’avoir condamné les violences sans distinguer suffisamment les agresseurs et les victimes. On peut certes comprendre leur nervosité, peut-être que le communiqué des religieux était mal formulé, mais la mise en cause de Pie XII, qui plus est reliant les faits d’aujourd’hui à ceux d’il y a 80 ans, résonne comme une menace à peine voilée envers l’Eglise. Quel rapport entre ce qui se passe en ce moment à Gaza et Pie XII? L’attaquer à nouveau aujourd’hui est totalement hors-sujet. Chantage? Obsession anti-chrétienne? Alors que les efforts de chacun devraient avoir pour seul objectif la paix, le moment est bien mal choisi.
L’article qui suit est issu du site Silere non possum, et repris par Il Sismografo.
ISRAËL. L’AMBASSADE AUPRÈS DU SAINT-SIÈGE CONTRE PIE XII AFFIRME DES CONTRE-VERITES ET S’EN PREND AUX RESPONSABLES DES ÉGLISES DE JÉRUSALEM.
Le communiqué de l’ambassade d’Israël au Saint-Siège est honteux et mensonger
Le samedi 7 octobre 2023, les patriarches et les chefs des Églises de Jérusalem ont publié une déclaration condamnant la violence actuelle et appelant à la paix (en Annexe). Ce qui se passe en Israël en ces heures est douloureux et inquiétant pour l’ensemble de l’Église et nous en avons rendu compte ici.
Aujourd’hui, 9 octobre 2023, l’ambassade d’Israël auprès du Saint-Siège a publié un communiqué honteux condamnant les déclarations des dirigeants des Églises de Jérusalem. L’ambassade écrit :
« Dans ce contexte, il est extrêmement décevant et frustrant de lire le texte publié par les « Patriarches et chefs des Églises de Jérusalem » (7 octobre). Ce communiqué est affecté par la même ambiguïté linguistique immorale déjà mentionnée. A sa lecture, il est impossible de comprendre ce qui s’est passé, qui sont les agresseurs et qui sont les victimes. Il est particulièrement incroyable qu’un document aussi sec ait été signé par des personnes croyantes.
Il n’est pas hors contexte de mentionner qu’une conférence de trois jours sur les documents du pontificat du pape Pie XII et leur signification pour les relations judéo-chrétiennes débutera aujourd’hui à l’université grégorienne.
Apparemment, quelques décennies plus tard, certains n’ont pas encore retenu la leçon du « passé sombre » récent.
Ce sont des mots forts qui, de plus, affirment des faussetés et n’ont rien de diplomatique. Une fois de plus, certains veulent amener l’Église (en l’occurrence les Églises) à soutenir des choix politiques. Comme le rappelle le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, le problème d’Israël n’est pas récent et il est épuisant. Il n’y a pas de « gentils », il n’y a pas de « méchants ». Le conflit doit cesser et, à l’heure actuelle, on craint qu’au nom de la « réaction », au nom de la « défense », une guerre soit déclenchée, qu’il sera difficile d’arrêter.
L’ambassadeur d’Israël devrait donc cesser d’affirmer des mensonges démentis par l’histoire elle-même. Pie XII a fait beaucoup pour les Juifs et de nombreux documents en témoignent. Même les récents articles de presse qui titrent : « Pie XII savait pour les déportations » sont manifestement le résultat d’une ignorance sans précédent. Le Souverain Pontife savait et a condamné à plusieurs reprises ce qui se passait. Il l’a fait de différentes manières et lorsqu’il a parlé ouvertement, il a causé plus de morts qu’il n’en avait sauvées au cours des mois précédents. Parmi les nombreux témoignages, citons celui du 25 octobre 1943, dans lequel Pie XII adresse une directive à tous les ecclésiastiques italiens, dans laquelle il indique qu’il faut « accueillir les juifs persécutés par les nazis dans tous les instituts religieux, ouvrir les instituts ou même les catacombes« . Les témoignages sont innombrables et si l’ambassadeur en ressent le besoin, il peut venir consulter les documents que nous avons rendus publics au cours de l’année écoulée.
Il faut plutôt s’inquiéter de certaines dérives que l’on doit aussi à Benjamin Netanyahu. Cette vidéo, par exemple, montre des juifs orthodoxes crachant sur des chrétiens portant la croix.
. . . .
Annexe
LES PATRIARCHES ET LES CHEFS DES EGLISES DE JERUSALEM S’UNISSENT POUR LANCER UN APPEL A LA PAIX ET A LA JUSTICE DANS LE CONTEXTE DE LA VIOLENCE ACTUELLE
La Terre Sainte, lieu sacré pour d’innombrables millions de personnes dans le monde, est actuellement en proie à la violence et à la souffrance en raison d’un conflit politique prolongé et d’une absence déplorable de justice et de respect des droits de l’homme. Nous, patriarches et chefs d’Églises à Jérusalem, avons à maintes reprises souligné l’importance de respecter le statu quo historique et juridique des sanctuaires. En ces temps difficiles, nous nous rassemblons pour élever nos voix dans l’unité, en écho au message divin de paix et d’amour pour toute l’humanité.
En tant que gardiens de la foi chrétienne, profondément enracinée en Terre sainte, nous sommes solidaires des peuples de cette région, qui subissent les conséquences dévastatrices des conflits en cours. Notre foi, fondée sur les enseignements de Jésus-Christ, nous oblige à appeler à la cessation de toutes les activités violentes et militaires qui portent atteinte aux civils palestiniens et israéliens.
Nous condamnons sans équivoque tout acte visant des civils, indépendamment de leur nationalité, de leur appartenance ethnique ou de leur foi. De telles actions vont à l’encontre des principes fondamentaux de l’humanité et des enseignements du Christ, qui nous a imploré d' »aimer notre prochain comme nous-mêmes » (Marc 12:31).
Nous espérons et prions ardemment que toutes les parties concernées tiendront compte de cet appel à une cessation immédiate de la violence. Nous implorons les dirigeants politiques et les autorités de s’engager dans un dialogue sincère, à la recherche de solutions durables qui promeuvent la justice, la paix et la réconciliation pour le peuple de ce pays, qui porte le fardeau du conflit depuis bien trop longtemps.
En tant que chefs spirituels, nous tendons la main à tous ceux qui souffrent et prions pour que le Tout-Puissant accorde du réconfort aux affligés, de la force à ceux qui sont fatigués et de la sagesse à ceux qui sont en position d’autorité. Nous demandons à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour instaurer une paix juste et durable en Terre sainte, fondée sur l’égalité des droits pour tous et la légitimité internationale.
Nous rappelons les paroles de l’apôtre Paul : « Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (1 Corinthiens 14:33). Dans l’esprit de ce message divin, nous implorons chacun d’œuvrer sans relâche à la fin de la violence et à l’instauration d’une paix juste et durable qui permettra à la Terre Sainte d’être un phare d’espoir, de foi et d’amour pour tous.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec nous tous en ces temps difficiles.