AM Valli constate avec amertume que tout ce qu’il avait écrit en 2017 dans son récit de religion-fiction intitulé « Come la Chiesa finì«  (cf. Benoit-et-moi|Comment l’Eglise a fini, 28/12/2017) est en train de se réaliser sous nos yeux (alors que 99% des catholiques ne sont au courant de rien, regardent ailleurs ou vivent dans une douce hébétude), et que le Synode sur la synodalité en constitue le couronnement… en attendant pire encore.

Ce n’est pas seulement une crise, c’est une révolution.

Voilà pourquoi, pour être catholique, il faut être contre-révolutionnaire.

www.aldomariavalli.it/2023/10/10

Quand je parle de la crise actuelle de l’Église et dans l’Église, des amis essaient de me consoler en affirmant qu’il y a eu beaucoup de crises dans le passé et que l’Église s’en est toujours sortie. C’est vrai, mais la crise actuelle est unique. Il n’y a pas de précédent car nous avons affaire à un pape qui, dès le début de son mandat, a entrepris de déstabiliser et de renverser : un comportement typiquement révolutionnaire.

Avec le pontificat actuel, nous ne voyons pas seulement la confusion et l’ambiguïté. Nous assistons à la tentative de donner naissance à une nouvelle religion pour remplacer le catholicisme, et le synode qui vient de commencer sera le moment privilégié de cette œuvre de subversion.

La réduction (disons même l’avilissement) du rôle de l’évêque est un acte nécessaire dans la logique révolutionnaire. La désarticulation de la structure hiérarchique est vitale pour ceux qui veulent la subvertir.

Le fait que l’action de Begoglio soit typiquement révolutionnaire peut également être déduit du climat de terreur qui règne au Vatican. Les dissidents doivent être très prudents, car la hache du caudillo peut s’abattre à tout moment sur le cou de ceux qui sont considérés comme des opposants.

Que tout cela se produise alors qu’en surface les mots dominants sont « accompagnement » et « miséricorde » ne devrait pas nous surprendre. Le caudillo et ses laquais recourent volontiers à la propagande paternaliste dans leur travail de subversion.

Quand, à propos du synode, un site comme le caminante-wanderer argentin parle de la révolution d’octobre et de congrès péroniste, il n’exagère pas. Il photographie simplement la réalité.

Même la publication de Laudate Deum est au service du projet révolutionnaire. Tandis qu’une partie du « peuple » catholique se demande avec perplexité ce qu’il adviendra de l’Église, le caudillo porte son attention sur l’un des contenus forts de la nouvelle religion, cet écologisme qui lui permet d’une part de s’accréditer encore plus en tant qu’aumônier des organismes mondialistes et d’autre part de se débarrasser complètement de l’ancien bagage. Le nom de Jésus disparaît et, dans les diocèses, les assistants diligents du caudillo plantent des arbres. Même la croix est remisée aux oubliettes, tout comme le crucifix. Pendant ce temps, tous les représentants du mondialisme sont reçus au Vatican, de Bill Clinton à Soros fils en passant par la veuve McCain, [militante homosexuelle, qui lui a offert un très curieux cadeau]. Un pèlerinage qui nous donne également une idée visuelle de la manière dont la révolution est en train de se dérouler. L’Église et la foi sont démantelées pièce par pièce et, à leur place, une autre Église, une autre foi, est en train d’être assemblée.

On a fait remarquer que Laudate Deum, en termes de contenu, n’atteint même pas le niveau d’une dissertation médiocre. Si un étudiant l’avait présenté, il aurait difficilement obtenu son diplôme. Mais là encore, ce n’est pas surprenant. L’appauvrissement conceptuel et stylistique fait également partie du plan révolutionnaire de ceux qui veulent détruire.

Il y a seulement quelques années, tout ce que nous voyons aurait pu être une dystopie. Dans mon récit fantareligieux sarcastique Come la Chiesa finì (publié pour la première fois en 2017), j’ai imaginé une succession d’étapes : avec l’encyclique Alea iacta est, le pape adapterait l’Église au monde ; avec la lettre pastorale Tabula rasa, l’Église adopterait le bipartisme selon la logique du  » mais aussi  » (oui mais aussi non, non mais aussi oui) ; la Congrégation pour la doctrine de la foi deviendrait la Congrégation pour l’adaptation de la foi ; l’encyclique Captatio benevolentiae [/recherche de la bienveillance de l’auditoire] contiendrait le mode d’emploi à suivre pour mettre fin à toute différence entre l’Église et le monde ; avec le motu proprio Gaudeamus igitur [/réjouissons-nous donc], l’Église catholique changerait officiellement de nom et deviendrait l’Église accueillante ; avec l’encyclique Panem et circenses, l’Eucharistie serait accordée à tous comme un droit ; avec les exhortations Amoris hilaritas [/joie de l’amour] et Amoris iucunditas [/jouissance de l’amour], l’Église accueillante épouserait définitivement les idées du monde dans le domaine de la sexualité.

Et ainsi de suite. Jusqu’à la fin. Au sens littéral.

Je le répète : ce récit date de 2017. Et aujourd’hui, c’est bel et bien la réalité. Mais ma dystopie était naïve. Elle n’avait pas imaginé, par exemple, la promotion d’un Tucho Fernández, le spécialiste du baiser, à la tête de ce qui fut le Saint-Office.

Beaucoup de mes amis ont été contrariés par la présentation de Laudate Deum parce que des gens comme Giorgio Parisi (le scientifique qui a empêché Benoît XVI de parler à la Sapienza de Rome), l’écrivain Jonathan Safran Foer (qui recommande de ne pas avoir d’enfants et de ne pas manger de viande pour lutter contre le changement climatique), et Luisa-Marie Neubauer, adepte de Greta Thunberg, ont été invités au Vatican. Mais seuls ceux qui n’ont pas encore compris que nous sommes face à une révolution peuvent s’en émouvoir. Le véritable moteur de cette révolution, comme de toutes les révolutions, c’est la haine. La haine de ce qui était et ne doit plus être.

Par conséquent, si nous voulons être catholiques aujourd’hui, nous devons être contre-révolutionnaires.

A.M.V.

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