Silere non possum résume les débats d’une journée, à travers les réflexions d’un évêque avec qui il a eu l’occasion de s’entretenir au hasard d’une promenade dans les rues romaines. Il en ressort que Jésus est le grand absent, et que les échanges sont si ennuyeux que plusieurs participants ont déjà déclaré forfait, en prétextant un covid. Mais à quoi s’attendaient ces gens? Sont-ils si naïfs? Les « débats » sont évidemment un spectacle (apparemment de piètre qualité) destiné à la galerie, pour donner un semblant de légitimité aux conséquences (je ne dis pas « aux mesures », car il est peu probable qu’il y en ait de concrètes).

Synode. Un évêque inquiet demande: « Mais Jésus-Christ, dans tout ça ? »

Pas facile de deviner qu’il s’agit officiellement d’une assemblée… d’évêques.

Silere non posum
12 octobre

(Extrait)

Deuxième semaine de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode sur la synodalité. L’atmosphère à l’intérieur des 35 circoli minori est étouffante. Certains discours ressemblent à du miel qui coule des ruches, d’autres sont le fruit de la colère et de la rancœur à l’égard de l’Église. Un évêque, au cours d’une longue marche dans les rues de la capitale, s’autorise quelques remarques.
Il déplore:

« On ne parle pas de Jésus-Christ. On parle de faire, de ce qu’il faut faire avec les migrants, de ce qu’il faut faire avec la guerre, de ce qu’il faut faire, faire. Personne ne s’arrête pour réfléchir à qui est Jésus-Christ et à ce qu’il demande à l’Église aujourd’hui ».

Et de poursuivre:

« Le pape nous a dit que ce n’était pas un parlement et pourtant les thèmes sont les mêmes. À chaque intervention, on a l’impression d’assister à une séance de questions. Quel sens cela a-t-il d’avoir laissé mes prêtres, mes fidèles pour venir ici et entendre des discours stériles ? L’Église n’a pas besoin de changer, elle doit certainement s’interroger sur la manière d’annoncer l’Évangile, de changer même les modalités, mais l’essentiel, la substance, c’est cela. Nous ne sommes pas une association humanitaire. Si nous nourrissons les pauvres, c’est parce que nous faisons d’abord l’expérience de cette nourriture qui rassasie, le Christ Jésus. Mais notre mission n’est pas de donner le pain qui ne rassasie pas mais le pain qui ne donne plus faim ».

(…)

L’évêque souligne ensuite:

« Lors des conférences de presse on n’appelle que des personnes qui peuvent donner une vision unilatérale de ce processus synodal. Aujourd’hui, par exemple, Luca Casarini était présent, un personnage ambigu qui n’a pas grand-chose à voir avec le message catholique. Il s’agit d’une personne qui, dans sa vie privée, sera peut-être plus sainte que vous et moi, mais la presse a les yeux rivés sur lui pour des raisons bien différentes de celles du synode. Nous sommes appelés à réfléchir sur la synodalité, mais c’est malheureusement un thème que nous n’abordons pas ».

Les thèmes, en effet, sont nombreux et sont reproposés dans les conférences de presse avec une certaine satisfaction. Le sujet du synode, cependant, devrait être la synodalité. C’est-à-dire que nous devrions essayer de comprendre ce qu’est la synodalité, comment l’exercer, etc. Il s’agit d’une étape préalable à la discussion sur les thèmes. Les thèmes viendront plus tard, mais il convient maintenant de réfléchir au mot lui-même, à sa signification.

Le monsignore s’interroge

« Aujourd’hui, nous avons l’habitude d’utiliser de nombreux termes, en particulier de nouveaux termes, en anglais, par exemple. Le problème est que nous n’en connaissons pas le sens, ou plutôt ce n’est pas le même sens pour tout le monde. Pensez au mot cléricalisme. Qu’est-ce que le cléricalisme ? Qui est cléricaliste ? »

La deuxième partie de la matinée d’aujourd’hui a porté sur le point B 1.4 « Comment une Église synodale peut-elle mieux remplir sa mission grâce à un engagement œcuménique renouvelé ? »

Le prélat déplore:

« Des points intéressants ont émergé, mais aucune des personnes de mon entourage n’a réitéré la nécessité de l’Église pour le salut. Nous sommes tous appelés au dialogue, il est très important que quelqu’un ait réitéré l’essentialité de la figure de Jésus-Christ (heureusement) mais personne n’a réitéré que l’Église est nécessaire au salut ».

Le risque est donc que ce qui se passe tous les jours sur les réseaux sociaux se produise. La voix des experts, théologiens, canonistes, etc. devient une voix parmi d’autres et celui qui tweete le plus l’emporte, celui qui crie le plus fort l’emporte.

L’évêque commente:

« Un bon théologien qui fait en ce moment partie du synode dit souvent qu’aujourd’hui les théologiens ne sont plus à la mode, c’est malheureusement vrai et les résultats sont évidents parce qu’il y a beaucoup de confusion. Pensez qu’aujourd’hui les gens se fient aux voyants, aux horoscopes… c’est parce qu’ils cherchent des certitudes et que nous ne sommes pas capables de leur transmettre la figure du Christ pour ce qu’elle est ».

Entre-temps, le 10 octobre, les membres de la Commission du rapport de synthèse et de la Commission de l’information ont été nommés et élus. Il n’y a manifestement aucune voix discordante. Tous sont alignés. Cela fait perdre toute crédibilité à l’ensemble du processus synodal.

En outre, ces derniers jours, de nombreuses personnes ont déclaré forfait. La justification officielle a été « le covid-19 ». Des mauvaises langues ont cependant rapporté que « certains se sont rendu compte qu’ils perdaient leur salaire et leurs vacances en étant ici, et certains en ont déjà assez ».

Mots Clés :
Share This