Du haut de la chaire incongrue de Facebook, le cardinal Fernández passe à la moulinette de la « novlangue » et du politiquement correct le lexique catholique traditionnel sur le péché et la morale, et en profite pour contester toute forme d’autorité – ce qui pourrait surprendre de la part du représentant de l’autorité qu’incarne en principe un préfet de la doctrine. Sauf si l’on a compris qu’il est là justement pour démanteler cette institution et l’autorité qu’elle a représenté pendant des siècle. Le commentaire de T. Scandroglio (La NBQ) sur la dernière sortie du préfet de la « doctrine » (guillemets de rigueur!)

ABUS, CLÉRICALISME ET SYNODALITÉ.
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Toutes les personnes en position d’autorité ont tendance à l’abus. Je parle de l’abus de toute sorte (sexuel, autorité, manipulation de conscience, etc. ). Pendant longtemps, on a supposé que l’autorité donnait accès à une sorte de possession qui permettait d’utiliser les gens à ses propres fins et de leur imposer ses propres désirs …

L’ « influenceur » de la doctrine

Tucho « libère tout le monde » (*)

(*) « Tana libera tutti » est le mot de la fin dans la variante italienne du jeu de cache-cache (nascondino)

Du haut de la chaire de Facebook, le cardinal Fernández donne l’absolution linguistique : même le mot « pécheur » est considéré comme offensant. Et malheur à ceux qui se souviennent que la porte évangélique est « étroite ».

Le cardinal Victor Fernández, nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, est monté au créneau pour fustiger les cardinaux dubitatifs, à savoir les cinq cardinaux qui avaient envoyé des dubia au pape pour obtenir des éclaircissements sur des questions centrales concernant la morale, la foi et la structure hiérarchique de l’Église. Bien sûr, le préfet ne les mentionne pas et, de son point de vue, il s’agit d’une stratégie efficace. En effet, ses propos peuvent ainsi convenir aux cinq fauteurs de trouble ainsi qu’à nombre de leurs émules.

Fernández choisit Facebook pour emboucher les trompettes. Et rien que cela est inhabituel et irritant. Ce n’est pas un contenant très approprié pour les communications formelles d’un préfet de dicastère. Mais c’est une des infinies variantes de l’adaptation au monde que les théo-conformistes aiment tant.

Le post FB a donc un titre qui en dit long : « Abus, cléricalisme et synodalité ». Et voici la substance: « Toutes les personnes en position d’autorité ont tendance à l’abus ».

Et le cardinal de faire référence aux « abus de toutes sortes (sexuels, d’autorité, de manipulation des consciences, etc.) ».

Il s’attarde ensuite sur une forme particulière d’abus qui semble avoir disparu, du moins chez la plupart :

« il y avait aussi une violence verbale qui conduisait trop vite à juger sévèrement les autres, sans craindre de les blesser et de détruire leur amour-propre. On disait : « adultères », « sodomites », « enfants illégitimes », « dégénérés », « pécheurs », etc. « 

Et voilà comment l’on découvre que des légions de saints, de saint Paul à saint Jean Bosco en passant par saint Thomas d’Aquin, étaient des abuseurs parce qu’ils utilisaient ces termes ignobles.

Mais ce n’est pas tout. Selon l’observation du cardinal Fernández, la catégorie morale de l’adultère, de la sodomie, de la filiation illégitime, de la dégénérescence des mœurs, et même celle du péché, non seulement n’existe plus, mais il est malvenu de l’évoquer. Ce sont comme des insultes, ce sont des mots ou des expressions qui ne désignent plus une réalité objective, mais qui ne sont que des épithètes méprisants, des titres insultants. Ainsi, il n’y a plus l’adultère, mais la personne qui trouve dans une nouvelle union, après un sérieux discernement, un chemin affectif béni par Dieu. Il n’y a plus de personne homosexuelle qui vit une condition intrinsèquement désordonnée, mais une personne qui vit une variante naturelle différente de l’attirance sentimentale et sexuelle. Il n’y a pas d’enfant né hors mariage ; il n’y a que l’enfant, le reste n’a pas d’importance. Il n’y a plus de dégénéré moral, mais une personne en recherche. Enfin, il n’y a plus de pécheur, mais seulement une personne fragile. Il n’y a plus le mal, le méchant, mais seulement le bon et le vertueux.

(…)
Notre préfet, censurant le concept d’autorité, poursuit:

Cela permet de comprendre pourquoi le pape François dit que la cause principale des abus dans l’Église est le cléricalisme, plutôt que la sexualisation de la société.

Deux brèves remarques.

1- Comme l’a affirmé Benoît XVI, la cause des abus est le manque de foi : « Ce n’est que là où la foi ne détermine plus les actions des hommes que de tels crimes sont possibles » (11 avril 2019).

2- En outre, et en ce qui concerne le cléricalisme – l’un des nombreux mots-talismans de ce Synode, qui signifie tout et rien – l’autoritarisme de certains prêtres n’est pas la cause des abus, mais seulement une condition. C’est comme dire que la cause des divorces est le mariage.

Le cardinal ajoute:

[La référence au cléricalisme] « aide aussi à comprendre l’appel à une Église plus « synodale », où l’autorité n’est comprise que dans le contexte de la coresponsabilité et de la variété des charismes ».

C’est là que l’autorité hiérarchique se liquéfie dans un consensus apparemment entre égaux, dans une coresponsabilité démocratique qui, en réalité, sert de paravent pour dissimuler les grandes manœuvres de quelques-uns.

Puis c’est le coup final :

[Il faut] « placer l’autorité dans un contexte qui empêche les abus de toute sorte et assure le respect religieux de la dignité des personnes. L’histoire de l’Église nous donne de nombreux exemples de l’absence de ce respect face à l’ostentation d’une doctrine rigoureuse et d’une morale rigide ».

Ainsi, quelqu’un qui, comme les cinq cardinaux, appelle à la fidélité à la doctrine est coupable d’abus, quelqu’un qui bafoue la dignité de ses frères.

Mais au contraire, la doctrine est rigide parce qu’elle doit protéger de manière rigide la dignité des personnes.

Il en va de la valeur personnelle et du salut éternel, et il est donc nécessaire et salutaire d’être strict et inflexible en indiquant ce qui est conforme à cette dignité et vous conduit au Paradis, et ce qui n’est pas conforme à cette dignité et vous ouvre les portes de l’Enfer.

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