On me pardonnera d’aborder un sujet sur lequel, du point de vue politique, je n’ai aucune compétence. Je ne le fais que parce que l’Argentine est la patrie du pape, et que son attitude d’ingérence pesante (malgré ses protestions de neutralité qui aurait selon lui justifié qu’il ne se soit pas rendu en Argentine en plus de 10 ans de pontificat!) est éminemment représentative de ses préférences, ses amitiés, ses inimitiés et de sa manière de concevoir son ministère.
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Javier Milei, le candidat favori des sondages pour le premier tour qui aura lieu dimanche 22 octobre est la nouvelle bête noire des médias du monde entier (s’il est élu à l’issue du 2ème tour, parions que nous entendrons parler tous les jours de ses gaffes, de ses dérapages et de ses malversations): un individu imprésentable, croisement entre Bolsonaro et Trump, en plus grimaçant et plus vociférant, si c’est possible. Ne le connaissant pas, je n’aurais pas d’opinion sur lui, … mais il se trouve qu’il est un fervent défenseur des fameuses « valeurs non négociables », et François est son ennemi (trop) déclaré.

Javier Milei de "La Liberté Avance" lors de son discours de clôture de sa campagne, à la Movistar Arena de Buenos Aires, Argentine, le 18 octobre 2023. (JUAN IGNACIO RONCORONI / MAXPPP)

Argentine : pour les partisans de l’avortement (et pas seulement), Milei est l’ennemi

Luca Volontè
https://lanuovabq.it/it/argentina-per-gli-abortisti-e-non-solo-milei-e-il-nemico
20 octobre 2023

A l’approche du vote, les tirs croisés de tous les lobbies, argentins ou non, se déchaînent sur le candidat de « La Libertad Avanza », jugé trop pro-vie. Avec les habituelles allusions papales.

En Argentine, les élections présidentielles et législatives auront lieu le dimanche 22 octobre. Outre l’élection du président et du vice-président, 130 députés et 24 sénateurs seront renouvelés.

Javier Milei apparaît depuis de nombreuses semaines comme le seul candidat certain de passer au second tour avec un soutien estimé à 35-38%, face aux deux autres candidats en lice pour le second tour du 19 novembre, 29-30% attribués à Sergio Massa, actuel ministre de l’économie et soutenu par le parti populiste au pouvoir, et 24-25% à Patricia Bullrich, ancienne ministre de l’intérieur du précédent gouvernement conservateur.

On est surpris [???][ de constater que ces dernières semaines, Javier Milei a été attaqué pour ses positions largement pro-vie par des organisations pro-avortement, multinationales et argentines, et qu’il a fait l’objet d’allusions instrumentalisées dans la dernière interview accordée par le pape François juste avant les élections dans son pays.

Coïncidence ou fruit aussi de la nouvelle pastorale catholique qui relègue au second plan la dignité humaine, d’abord celle de l’enfant conçu?

Dans la dernière ligne droite de la campagne électorale, la confrontation voilée entre Javier Milei et le pape François a été ravivée. Il y a trois semaines, Javier Milei avait réitéré ses critiques lors d’une interview avec l’Américain Tucker Carlson : « Le pape fait de la politique, il a de fortes interférences politiques, il a montré de grandes affinités avec des dictateurs comme Castro et Maduro, il est du côté des dictatures sanguinaires ».

Le 16 octobre, la confrontation est redevenue dans l’actualité après que le pape François, dans une interview accordée à l’agence de presse Télam [voir www.telam.com.ar], a mis en garde contre les dangers des « clowns messianiques », dans laquelle il est difficile de ne pas voir une référence à Milei.

Dans cette interview, le pape argentin n’a pas hésité à commenter les prochaines élections du 22 octobre, réitérant sa position en faveur des partis traditionnels qui ont entraîné le pays dans un gouffre sans fond de corruption, d’inflation et de pauvreté. Le pape François a déclaré qu’il avait « très peur des joueurs de flûte, parce qu’ils sont fascinants [parle-t-il de lui-même?]. Si c’était des serpents, je les laisserais, mais ils charment les gens… et finissent par les noyer. Des gens qui croient que la crise peut être surmontée en dansant au son de la flûte, avec des rédempteurs fabriqués en une nuit ».

Des déclarations qui démontrent la partialité avec laquelle le pape François a soutenu amicalement pendant des décennies les populistes pro-avortement et les endoctrineurs LGBT++ de l’actuel gouvernement Kirchner-Fernandez qui ont dévasté le pays, le dépouillant de ses richesses économiques et promouvant des lois meurtrières et des doctrines anti-humaines.

Soyons clairs, Javier Milei est le moins pire, il n’est certes pas le champion de la cohérence des valeurs et des principes chrétiens mais, à commencer par le respect de la vie dès sa conception il laisse à distance sidérale les favoris d’hier du Pape.

Analysons les cinq principaux candidats du point de vue des valeurs non négociables, partie essentielle de la Doctrine sociale de l’Eglise et réaffirmées à maintes reprises par St Jean-Paul II et le Pape Benoît XVI, à savoir « le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle ; la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme ; la liberté d’élever des enfants et la promotion du bien commun sous toutes ses formes » (Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, n° 83). Et voici ce que nous découvrons.

  • Le candidat de La Libertad Avanza, Javier Milei, s’oppose à tout type d’avortement (y compris l’avortement en cas de viol), sauf en cas de risque certain et indubitable pour la vie de la mère, ce qui, selon lui, est « le seul cas où une autre vie n’est pas violée ». « La vie existe dès le moment de la conception », a-t-il déclaré. En ce qui concerne le mariage homosexuel, Milei considère le mariage uniquement sous l’angle contractuel et civil, sans apprécier sa valeur en tant qu’institution antérieure et autonome par rapport à l’État. En tant que simple contrat civil, le mariage homosexuel est même considéré comme acceptable.
  • Pour sa part, Sergio Massa, ministre de l’économie et candidat à la présidence de l' »Unión por la Patria » de Kirchner et Fernandez, est favorable à l’avortement, mais pas au mariage homosexuel, ni à l’euthanasie ou à la libéralisation des drogues.
  • La candidate de la coalition de centre-droit « Juntos por el Cambio », Patricia Bullrich, est favorable à l’avortement et au mariage homosexuel.
  • Parmi les deux candidats mineurs, le candidat de « Hacemos por Nuestro País », Juan Schiaretti, a été ambigu sur l’avortement et a déclaré qu’il voulait prendre des mesures « pour qu’il n’y ait pas de grossesses non désirées », tout en étant favorable au mariage homosexuel. L’autre candidate, chef du « Frente de Izquierda y los Trabajadores », la communiste Myriam Bregman, est une fervente partisane de l’avortement et du mariage homosexuel et lesbien.

Nous ne pouvons pas oublier que, malgré les positions exprimées par les candidats, entre ambiguïtés, tiédeur ou opposition aux principes humains et chrétiens non négociables, Javier Milei a été identifié comme l’ennemi à abattre par les lobbies de l’avortement, y compris multinationaux, opérant dans le pays,.

Il y a trois semaines, le 28 septembre, une grande manifestation a eu lieu dans la capitale Buenos Aires, le long de l’avenue qui relie la Plaza de Mayo au Congrès de Buenos Aires, la couleur violette des féministes se mêlant au vert des pro-avortement, tous dans la rue dans le seul but de « défendre les droits remis en cause par la possible arrivée au pouvoir de Milei, qui menace d’abolir l’avortement légal ».

Le véritable danger est qu’après le vote de dimanche prochain, au cours des trois semaines précédant le second tour du 18 novembre entre Javier Milei et l’un des deux autres principaux candidats, la patrouille des Argentins et les cercles jésuites portés au pouvoir au Vatican et le pontife lui-même fassent campagne, grâce également à la tolérance du gouvernement actuel, pour l’élection d’un candidat pro-avortement convaincu et complice des récents affameurs du peuple et des destructeurs de l’économie du pays. Le mieux est l’ennemi du bien, mais soutenir le pire est un mal absolu.

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