Lors de la séance du 16 octobre, une laïque participant au Synode a prononcé un discours très applaudi par une partie de l’assemblée, qualifiant le thème de l’ordination des femmes à la prêtrise de « cléricalisme » et de « diversion » pour détourner l’attention des fidèles des vrais problèmes. En attendant, le sujet, que le Pape avait négligemment écarté lors du discours d’ouverture du 4 octobre est bel et bien au coeur des débats. Et on voit en pleine lumière la fameuse « méthode Bergoglio ». Officiellement, le Pape ,dit que la question est définitivement résolue, que le débat est clos, que l’ordination des femmes est impossible, mais concrètement, presque subrepticement, c’est lui-même qui ouvre le débat.

Synode sur la synodalité : Le discours d’une laïque s’opposant à l’ordination des femmes suscite une grande ovation

Décrit comme  » profond et réel « , le discours a qualifié les appels à l’ordination des femmes de forme de cléricalisme et une diversion par rapport à ce que les femmes catholiques veulent et ce dont elles ont besoin.

National Catholic Register
Jonathan Liedl
18 octobre 2023

Plusieurs sources nous ont confirmé qu’une laïque a été fortement applaudie cette semaine lors du Synode sur la synodalité, pour un discours qui qualifiait la demande d’ordination des femmes de la part de certains membres de tentative de cléricalisation des laïcs.

En réponse à de nombreux rapports de petits cercles appelant à l’ordination des femmes non seulement au diaconat, mais aussi, dans certains cas, à la prêtrise, l’allocution matinale de la laïque à l’assemblée du 16 octobre a également soutenu que l’accent mis sur l’ordination des femmes est une diversion par rapport à ce que les femmes veulent et ce dont elles ont besoin dans l’Église.

The Register s’est entretenu avec deux membres du synode qui étaient présents dans la salle Paul VI au moment du discours, et une troisième source a confirmé leur récit. Les participants ont parlé sous le couvert de l’anonymat en raison des règles de confidentialité restrictives de l’événement.

En plus de critiquer les appels à l’ordination des femmes, le discours de trois minutes – ou « intervention » dans le langage du Synode – a souligné l’importance de la maternité, à la fois biologique et spirituelle, pour comprendre ce que signifie être une femme d’un point de vue catholique, en s’appuyant sur l’importance de Marie, la Mère de Dieu, en tant que paradigme de la féminité.

En particulier, l’Instrumentum laboris comprend 45 références aux femmes, mais ne mentionne le mot « mère » que deux fois, les deux fois uniquement dans le contexte des prières d’intercession adressées à la Sainte Vierge Marie.

Impact sur le synode

Un participant a qualifié le discours de « profond et authentique » et l’a opposé à celui d’un promoteur de l’ordination des femmes, qualifié de « militant ». Après le discours de cette laïque, notre source a vu « des gens sourire… de la joie sur beaucoup de visages, peut-être du soulagement sur d’autres ».

Les membres du synode qui ont parlé au Register ont rapporté que l’intervention avait été vivement applaudie par plusieurs des 365 participants, alors que le Synode entame sa troisième semaine de travaux.

La laïque, non identifiée, qui a prononcé le discours, qui serait elle-même mère de famille, est l’une des 54 femmes qui votent au Synode. Pour la première fois dans l’histoire du Synode des évêques, un nombre significatif de femmes et d’autres non-évêques participent pleinement aux travaux, représentant 27 % de l’assemblée synodale.

Ce développement s’est produit au cours de la discussion synodale sur le thème de la manière dont l’Église catholique peut être une Église missionnaire « vraiment ministérielle » [?], un thème qui ne comportait pas de question spécifique relative à l’ordination des femmes. Plusieurs rapports de table auraient souligné l’importance des mères et des grands-mères dans la transmission de la foi, tandis que d’autres ont plaidé pour l’ordination de femmes au diaconat et à la prêtrise.

Mais l’intervention matinale de la laïque a également influencé les discussions plus tard dans la journée.

Selon un membre du synode, plusieurs participants chargés de se concentrer sur le thème spécifique du rôle des femmes dans l’Église ont affirmé que le discours de la laïque avait eu un impact sur leurs discussions en petits groupes. Ces membres avaient été chargés de répondre spécifiquement à la question suivante : « Est-il possible d’envisager [l’inclusion des femmes dans le diaconat] et de quelle manière ? » et ont finalisé leurs rapports de table dans l’après-midi.

L’ordination des femmes au centre des débats

Le discours de la laïque souligne à quel point les discussions sur la possibilité de l’ordination des femmes sont devenues importantes au Synode, malgré l’insistance des organisateurs sur le fait que l’assemblée ne se concentrerait pas sur la doctrine et malgré l’enseignement clair et définitif de l’Église sur le sujet.

Dans son discours d’ouverture du synode, le 4 octobre, le pape François a laissé entendre que l’accent mis sur des questions telles que l’ordination des femmes relevait davantage de la spéculation médiatique que d’un point central du programme de l’assemblée.

« Je ne sais pas, ce sont des choses qu’ils disent là dehors », avait dit le pape à l’époque.

Mais avant même le début du synode, certains participants ont fait part de leur intention de faire avancer la question au cours de l’assemblée.

Le cardinal Robert McElroy de San Diego, par exemple, a écrit en janvier que l’Église devrait profiter du synode pour « avancer vers l’admission des femmes au diaconat », un résultat que la laïque suisse Helena Jeppesen-Spuhler a soutenu et décrit comme un « tremplin » vers les femmes prêtres.

Plusieurs membres du synode ont tenté de minimiser publiquement l’importance des discussions internes sur l’ordination des femmes. Samedi, par exemple, l’abbé général cistercien Mauro-Giuseppe Lepori a déclaré à la presse que si les participants discutaient de l’admission des femmes au diaconat, il ne s’agissait pas d’un sujet central et que la question des femmes prêtres n’avait pas été abordée.

Cependant, mardi, la théologienne australienne Renee Köhler-Ryan a affirmé lors d’un point de presse que l’on mettait « trop l’accent » sur les femmes prêtres au cours des travaux synodaux, qu’elle qualifiait de « sujet de niche ». Mme Köhler-Ryan a également suggéré que les discussions sur le thème de l’ordination des femmes manquaient de « perspective théologique » et d’ancrage dans ce que l’Église a déjà enseigné en la matière.

D’autres membres du synode qui se sont adressés à la presse au cours des débats ont souligné que le synode pourrait conduire à des changements majeurs dans l’Église en ce qui concerne le rôle des femmes.

S’adressant au National Catholic Reporter lors d’une interview en podcast, Mgr Shane Mackinlay, évêque de Sandhurst, en Australie, a estimé que « la question de l’ordination des femmes est clairement une question qui doit être abordée de manière universelle ».

« S’il devait en résulter que l’ordination diaconale soit ouverte aux femmes, je m’en réjouirais certainement », a dit l’évêque australien, qui est l’une des 13 personnes chargées de superviser la rédaction du document de synthèse de l’assemblée du 4 au 29 octobre.

La Sœur Maria de los Dolores, Valencia Gomez, religieuse de Saint-Joseph, a déclaré aux médias vendredi que le fait qu’elle soit la première femme à présider un synode des évêques en tant que présidente-déléguée du pape François était un symbole des choses à venir, et que le synode « préparait le terrain pour de futurs changements » sur le rôle des femmes dans l’Église.

L’enseignement de l’Église

Le pape François a montré une volonté de rompre avec le passé et de placer des femmes dans des rôles clés de leadership, y compris au sein de la Curie romaine, comme il l’a fait la semaine dernière quand il a nommé une religieuse pour servir en tant que sous-secrétaire de l’administration du patrimoine du Siège apostolique.

Mais le pape a également affirmé à plusieurs reprises que l’Église ne peut ordonner sacramentellement des femmes.

En 2013, le pape François a précisé que la lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis de 1994 de saint Jean-Paul II, qui enseignait que « l’Église n’a aucune autorité pour conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que ce jugement doit être définitivement tenu par tous les fidèles de l’Église », était le « dernier mot » sur le sujet.

Dans une interview donnée en 2022, le pape François a de nouveau déclaré que les femmes ne pouvaient « pas accéder au ministère ordonné », mais qu’il ne s’agissait pas d’une « privation ». Sa réponse du 11 juillet aux cinq dubia de cardinaux a également confirmé que « personne ne peut contredire publiquement » la détermination de Jean-Paul II, bien que le sujet puisse encore être étudié.

Le pape François a également permis que la question des femmes diacres soit explorée dans certains contextes, notamment dans le cadre de deux commissions temporaires et du synode amazonien de 2019. Mais la première commission n’est pas parvenue à un consensus, tandis que les conclusions de la seconde n’ont pas été rendues publiques.

Et malgré la recommandation du Synode de l’Amazonie de considérer les femmes pour le diaconat permanent, l’exhortation apostolique post-synodale du Pape de février 2020, Querida Amazonia, a appelé les femmes à s’impliquer davantage dans la vie de l’Église, mais sans indiquer la possibilité de leur participation au ministère ordonné.

Mots Clés :
Share This