En ce moment où il se passe des choses gravissimes dans l’Eglise (ne parlons pas du monde en général), c’est la réponse que se fait le chrétien qui se demande si la barque de Pierre n’est pas devenue le bateau ivre d’Arthur Rimbaud. Et ce n’est pas une simple réponse de commodité, pour dire qu’on s’en lave les mains. Le très beau commentaire d’une correspondante du blog d’AM Valli.

Deus Providebit

Rita Bettaglio

Deus providebit…. Ces derniers temps, on m’a répété cette phrase à plusieurs reprises. J’y ai donc réfléchi.

Le Seigneur y pourvoira : c’est ce qu’Abraham a dit à son jeune fils Isaac alors qu’ils gravissaient la montagne pour offrir le sacrifice à Dieu. Isaac, comme nous, demandait où était l’agneau à sacrifier, car ils n’en avaient pas avec eux.

Nous aussi, mutatis mutandis, nous demandons continuellement à Dieu la raison de ce qui arrive (ou n’arrive pas), et nous nous agitons. L’Église s’effondre, le monde, n’en parlons pas… Seigneur, es-tu endormi ? Ne te soucies-tu pas que nous périssions ?

À Isaac comme à nous, il est répondu un serein : Deus providebit, le Seigneur pourvoira.

Et tu das escam illórum in témpore opportuno

.

et tu pourvoiras à leurs besoins en temps opportun.

Quand sera ce temps opportun ?

Nos grands-parents ne disaient-ils pas : l’homme propose et Dieu dispose ? La mer et tout ce qu’elle contient, l’univers et ses habitants ne lui appartiennent-ils pas ?

Avec le psalmiste, nous nous lamentons :

Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand, Seigneur, les pécheurs se glorifieront-ils, et tous ceux qui commettent l’iniquité parleront-ils d’iniquité ?

Ils ont humilié Ton peuple, Seigneur, et outragé Ton héritage.

.

Usquequo peccatores, Domine, usquequo peccatocatore gloriabuntur ; effabuntur et loquentur iniquitatem ; loquentur omnes qui operantur injustitiam ?

Populum tuum, Domine, humiliaverunt, et haereditatem tuam vexaverunt .

(Psaume 93)

Nous ne comprenons pas (ce n’est certes pas nouveau), et nous souffrons sincèrement de voir la vigne du Seigneur défigurée et méconnaissable : le sanglier de la forêt la ravage et l’animal sauvage s’en nourrit.

Est-ce possible ? Ils ont perverti la doctrine, il n’y a plus rien de sacré, plus rien de divin, et donc plus rien de vraiment humain.

Il nous semble vraiment scandaleux que Dieu permette à toutes sortes de bandits de circuler librement dans l’Église et qu’ils fassent la loi sans être inquiétés, scandalisant les simples.

Notre foi, bien que sincère, est beaucoup plus petite qu’une graine de moutarde, c’est pourquoi beaucoup, incapables de concevoir ce qui arrive à l’Épouse du Christ, se réfugient dans des solutions de bricolage et sortent du bon chemin..

Mais peut-on vraiment penser que Dieu abandonnera son Église ? Les hommes le font, mais pas Dieu. Alors quelle est l’explication ? Pourquoi ce qui arrive arrive-t-il et non la foudre ou le déluge universel ?

Parce que tout appartient à Dieu et que sa primauté s’étend sur toute créature. Le monde, même s’il semble en être autrement, appartient à Dieu, à son salut, à sa puissance et à sa gloire. Personne ne peut le lui enlever, tout comme personne n’aurait pu enlever la vie de notre Seigneur :

Personne ne me l’enlève, mais je l’offre de moi-même, car j’ai le pouvoir de l’offrir et le pouvoir de la reprendre (Jn 10,18).

Le Créateur, dans sa providence aimante, a créé nos pieds et chacun d’eux a sa chaussure, faite sur mesure : c’est avec ces pieds et ces chaussures que nous nous présenterons à Lui au jour du jugement. Cela, c’est certain. IA ce moment, jusqu’où nous sommes allés et sur quel chemin sera évident.

Deus providebit, donc. Car il sait ce dont nous avons besoin et nous avons plus de valeur que beaucoup de moineaux. Mais nous avons de la valeur parce que nous sommes le fruit de son amour et l’expression de sa gloire, et non parce que nous avons une valeur intrinsèque, qui nous est propre.

Deus providebit, donc. Si, comme Abraham, nous avons pris notre fils unique, le fils de la promesse, et sommes montés sur la montagne, prêts à le sacrifier.

Deus providebit…

Et nos yeux se lèvent vers les montagnes qui, en cette saison, sont revêtues d’une beauté aussi irrésistible et poignante que la voix de Dieu.

Deus providebit…

Share This