Chaque semaine, le blog espagnol Specola relève ponctuellement la maigre affluence aux audiences papales du mercredi, webcam de la Place Saint-Pierre à l’appui de ses dires. Hier n’a pas dérogé à la règle (même si les militants LGBT accueillis chaleureusement par le Pape ont occupé beaucoup de place… médiatique). Tout cela est l’aspect visible d’un pontificat mourant. AM Valli, témoin visuel, dresse un tableau sombre.

Place vide et rites fatigués. Mort d’un pontificat

La photo parle d’elle-même. Audience générale du mercredi. Place vide. Quelques dizaines de personnes seulement. D’accord, il pleut. Mais il fut un temps où, lorsqu’il pleuvait, la place se transformait en un champ de parapluies.

Le tableau est désolant et les médias du Vatican, à commencer par le Centre de télévision, ne savent plus comment cacher le fait : personne ne se déplace pour écouter François. Ils tentent de compenser par des cadrages étroits, voire très étroits, un peu comme la télévision polonaise l’a fait avec Jean-Paul II lors de sa visite dans sa patrie. Mais si, dans le cas de la télévision polonaise, le problème était de cacher les foules qui se pressaient autour de Wojtyła, au Vatican, le problème est inverse : il s’agit de cacher les vides embarrassants.

Ce pontificat meurt ainsi, d’inanition. Commencé avec tellement d’espoirs, il s’épuise dans le désintérêt général. C’est ce qui arrive quand l’Église court après le monde. Parce que le monde a toujours une longueur d’avance, et que l’Église devient tout simplement pathétique lorsqu’elle prétend lui courir après.

Pendant ce temps, il pleut dans la basilique du Vatican. Des infiltrations partout, même dans les archives. Certes, la gestion d’un patrimoine aussi important n’est pas facile, mais depuis longtemps l’entretien va – littéralement – à vau-l’eau. Des témoins affirment que même le nettoyage laisse à désirer. En l’absence de célébrations papales, Saint-Pierre ressemble de plus en plus à un musée en état d’abandon progressif. La situation n’est pas meilleure à Castel Gandolfo, où le palais des papes, qui n’est plus utilisé comme résidence, est littéralement devenu un musée et commence à souffrir de tous les problèmes typiques de ce genre de lieux (y compris un récent incendie).

Pendant ce temps, les participants au synode, réunis autour de leurs tables, discutent, discutent, discutent. Une sorte de grande danse des mots sur le pont du Titanic en perdition. Il n’y a rien de mal à discuter, bien sûr. Le problème, c’est que les participants semblent évoluer sur une autre planète que la réalité. L’Église agonise, les fidèles fuient, les vocations disparaissent, mais les synodistes vivent dans un monde qui leur est propre. Comme tous les apparatchiks, les fonctionnaires du parti, ils appartiennent à une caste fermée, dont le seul but est la perpétuation d’elle-même.

Pendant ce temps, un autre livre sort avec une autre interview du pape. Pendant ce temps, on nous dit que le synode a prié pour les migrants et les réfugiés. Pendant ce temps, on prend soin de nous dire que « des pauvres ont déjeuné avec le pape à Sainte-Marthe ».

Les églises ont toujours besoin de rituels, et là ce sont les rites fatigués de la moribonde « église de François ».

Share This