Luisella Scrosatti commente (et démonte) impitoyablement les réponses de Tucho Fernandez aux dubias d’un évêque brésilien sur la possibilité pour « des personnes transsexuelles et homaffectives » d’être parrains et marraines. Elle les juge suffisamment scandaleuses (« une honte », conclut-elle) pour justifier que les évêques « exigent le retrait immédiat de Fernández pour inadéquation manifeste à l’exercice de la fonction de préfet du DDF »

DICASTERE POUR LA DÉMOLITION DE LA FOI

Au son de l’ambiguïté, Fernández baptise le gender

Comment procéder si le baptiseur ou le parrain ou la marraine est homosexuel ou trans ? Entre amnésie et acrobaties, le cardinal préfet évoque aussi les saints pour soutenir son « agenda ».

Luisella Scrosatti
La NBQ
10 novembre 2023

La teneur des réponses du Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi à certaines questions posées le 14 juillet dernier par l’évêque de Santo Amaro (Brésil), Mgr José Negri, est une preuve supplémentaire de sa volonté de suivre sa propre voie, qui ne coïncide malheureusement pas avec celle de l’Eglise catholique. Au fond, pour le cardinal Fernández, avec l’approbation du pape, il n’y aurait aucun problème à baptiser des personnes transgenres ou des homosexuels cohabitants, ni à leur permettre d’être parrains ou témoins de mariage. La seule précaution à prendre serait de ne pas « générer de scandale public ou de désorientation chez les fidèles ».

La réponse, signée par le Pape le 31 octobre 2023, écrite sur de simples feuilles blanches sans en-tête (à quand le papier buvard recyclé ?) et sans citer le texte de Mgr Negri, ignore [fa strike / fait la grève] les réponses les plus évidentes que l’on devrait donner si l’on considérait la doctrine de l’Église et le droit canonique. A savoir que le Baptême ne peut être conféré à un adulte que s’il est dûment disposé à la profession de foi et à la vie morale. C’est ce qu’on appelle le « catéchuménat », qui n’est pas une formation sanctionnée par un diplôme si les deux tiers des cours sont suivis, mais un parcours sérieux dans lequel la personne est accompagnée afin qu’elle puisse acquérir les dispositions nécessaires pour coopérer à la grâce qu’elle doit recevoir. Il est donc évident que là où il n’y a pas de volonté de rompre avec une vie de péché, le baptême doit être reporté.

L’autre question concerne le rôle du parrain ou de la marraine. Le canon 874 – §1 explique clairement les conditions qu’il doit remplir :

« être catholique, avoir déjà reçu la confirmation et le très saint sacrement de l’Eucharistie, et mener une vie conforme à la foi et à la charge qu’il assume ».

Il n’y a pas lieu de faire d’autres commentaires. Il en va autrement du témoin de mariage, qui peut lui-même ne pas être catholique : son devoir est en effet simplement de témoigner de l’échange des vœux de mariage entre les mariés.

Ensuite, il y a la réponse ambiguë à la quatrième question.

Mgr Negri demande si « deux personnes homosexuelles peuvent figurer comme parents d’un enfant, qui doit être baptisé, et qui a été adopté ou obtenu par d’autres méthodes comme la gestation pour autrui ».

La réponse semble à côté du sujet : « Pour que l’enfant soit baptisé, il faut qu’il y ait un espoir fondé qu’il soit élevé dans la religion catholique ».

(…) les évêques devraient se lever et exiger le retrait immédiat de Fernández pour inadéquation manifeste à l’exercice de la fonction de préfet de la DDF

Mais le problème n’est pas de savoir si l’enfant confié à deux personnes homosexuelles cohabitantes peut être baptisé ou non, mais si ceux qui ne sont pas parents peuvent figurer comme tels. Et la réponse ne peut être que négative, car la réalité est la réalité : seul celui qui est éventuellement parent peut apparaître comme tel ; or il est évident qu’au moins l’un des deux, sinon les deux, ne sont pas les parents de l’enfant à baptiser.

La dernière réponse du Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi soulève plus d’un doute sur son honnêteté intellectuelle (car nous n’étions déjà pas tous convaincus de sa catholicité). En fait, il y a un filigrane dans cette réponse qui montre clairement pourquoi les évêques devraient se lever et exiger le retrait immédiat de Fernández pour inadéquation manifeste à l’exercice de la fonction de préfet du DDF : il n’y a pas une seule des citations extra Franciscum qui n’ait été tordue dans son contenu et pliée pour soutenir une thèse erronée préconstituée.

Tout d’abord, la réponse commence comme suit :

« Les réponses suivantes répètent, en bonne substance, le contenu fondamental de ce qui a déjà été affirmé dans le passé à ce sujet par ce Dicastère ».

On s’attendrait à une référence aux notes, réponses, notifications, normes, lettres ou instructions de la Congrégation sur le sujet. Mais au lieu de cela ? Au lieu de cela, Fernández fait référence à une Note confidentielle sur certaines questions canoniques relatives au transsexualisme datée du 21 décembre 2018, sub secreto pontificio. Il s’agit donc d’une note confidentielle dont on ne connaît pas le contenu et avec laquelle Fernández déclare être d’accord « en bonne substance », mais sans jamais prendre la peine de la citer. C’est censé être la preuve d’une prétendue continuité.

Sauf ensuite à passer sous silence une réponse, publique cette fois, que la CDF elle-même a donnée en 2015, introuvable sur son site, mais citée dans un communiqué du 1er septembre 2015 de l’évêque de Cadix et Ceuta, Mgr Rafael Zornoza Boy, heureusement remis en mémoire par LifeSiteNews.

L’évêque exposait le cas d’une femme transgenre qui demandait à être le « parrain » de son propre neveu. La CDF avait donné une réponse diamétralement opposée à celle de Fernández :

« À cet égard, je vous informe de l’impossibilité de l’admettre. Le comportement transsexuel lui-même révèle publiquement une attitude contraire à l’exigence morale de résoudre son problème d’identité sexuelle selon la vérité de son sexe. Il est donc évident que cette personne n’a pas les qualités requises pour mener une vie conforme à la foi et à l’office de parrain (CIC, can. 874 §1.3), et ne peut donc pas être admise à l’office de marraine ou de parrain ».

Mais revenons à la Note confidentielle. Selon nos sources, elle traite effectivement de la possibilité pour un enfant ayant des « parents » de même sexe de recevoir le Baptême. Et elle se référait à des principes évidents, à savoir la nécessité de vérifier qu’il y a « la garantie qu’une fois baptisé, l’enfant recevra l’éducation catholique requise par le sacrement » et « l’espérance fondée que le baptême portera du fruit », comme l’explique l’Instruction de 1980 sur le baptême des enfants, au n° 30. Les mêmes critères se retrouvent dans la Responsio du 13 juillet 1970 du cardinal Franjo Seper (cf. Notitiæ, février 1971 (61), pp. 64-73). Autres textes de la CDF oubliés par Tucho.

Les amnésies de Tucho ne s’arrêtent pas là.

Pour soutenir que le Baptême peut être reçu même en l’absence de repentir des péchés, il prend comme prétexte la Summa Theologiæ (III, q. 69, a. 9), qui a autant à voir avec cela qu’un cheveu dans la soupe; dans l’article, saint Thomas ne demande pas en fait si le Baptême peut être administré à un pécheur impénitent, mais seulement si le simulacre (manque de foi, mépris du sacrement, mépris du rite, manque de dévotion, c’est-à-dire détachement du péché) empêche le Baptême d’être effectif. Au lieu de cela, le préfet oublie de citer le seul texte pertinent, l’article 4 de Quæstio 68, dans lequel Thomas explique que si l’on entend par pécheur quelqu’un qui a « la volonté de pécher » et « l’intention de persister dans le péché (…) le sacrement du baptême ne doit pas être conféré ». Thomas soulignait également qu' »une personne ne devrait jamais être disposée à la grâce par l’impression des caractères baptismaux tant qu’elle manifeste la volonté de pécher » (ad. 3).

Mais saint Thomas n’est pas le seul à s’être fait tirer l’oreille. Saint Augustin, lui aussi, n’a pas eu un meilleur sort. Le texte cité (Discours aux fidèles de l’Église de Césarée) affirme simplement que le caractère imprimé par le baptême reste celui de la Sainte Trinité, même si ceux qui l’ont reçu adhèrent au schisme donatiste. Il ne prétend en aucun cas que le baptême devrait être conféré à ceux qui ne souhaitent pas suivre l’enseignement du Christ et de l’Église.

La dernière violence flagrante est faite à un enseignement de saint Jean-Paul II. Tucho extrait six mots d’une lettre du 22 mars 1996, adressée au cardinal William Baum et aux participants au cours annuel sur le for interne organisé par la Pénitencerie Apostolique.

Selon Fernández, dans cette lettre, le pape exhorte à un « objectif d’amendement » qui « n’apparaît pas de manière pleinement manifeste chez le pénitent ». Le texte dit exactement le contraire : il exige une « intention sérieuse de ne plus commettre de [péchés] à l’avenir », sans laquelle « en réalité il n’y aurait pas de repentir » ; il parle d’une « intention solide et généreuse d’amendement » ; et c’est seulement ensuite qu’il précise que « dans la fidélité de l’intention de ne plus pécher » peut néanmoins émerger « la crainte de nouvelles chutes », qui, cependant, « ne porte pas préjudice à l’authenticité de l’intention, lorsque cette crainte est unie à la volonté, soutenue par la prière, de faire ce qui est possible pour éviter la culpabilité ». Exactement le contraire de ce que soutient Fernández.

Lequel n’hésite pas à sortir des textes de leur contexte et à les utiliser pour renverser la doctrine catholique.

Une honte.

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