(Article du 8/11, mis à jour le 10/11). L’ancien préfet de la CDF est très sollicité ces jours-ci, à cause de ses prises de position plutôt radicales qui l’imposent comme chef de file de l’opposition (et futur « faiseur de papes »), et il ne se dérobe pas aux questions. Ce matin, un blog italien a publié une interview, accordée à LifeSiteNews dans laquelle, à côté d’affirmations déjà entendues, il tenait des propos assez inédits, notamment sur la validité de l’élection. Curieusement, l’interview, déjà citée par certains blogs, a été effacée du site américain pro-vie. Incident technique? Fausse manip? (Auto) censure? Difficile à dire. Reste toutefois la version traduite en italien, dont j’extrais les passages qui me semblent particulièrement importants

Mise à jour (10/11)

L’interview est mystérieusement réapparue. Elle avait suscité une réaction au vitriol du blog espagnol ultra-bergoglien, Vida Nueva qui avait lui aussi observé, le 9/11, la disparition de l’article.

Cardinal Müller : le pape François et sa promotion de l’ « hérésie de la praxis »

8 novembre 2023

Le cardinal Gerhard Müller affirme que si le pape François « a déjà prononcé beaucoup d’hérésies matérielles », il n’a pas perdu sa charge papale parce qu’il n’a pas enseigné une hérésie formelle.

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Un pape peut-il perdre sa charge s’il enseigne l’hérésie ?

L’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a expliqué qu’il existe une distinction cruciale entre l’hérésie matérielle et l’hérésie formelle.

Müller a rappelé qu’un pape qui enseigne l’hérésie formelle pourrait théoriquement perdre sa charge, mais a ajouté qu’un tel cas ne s’était pas encore produit dans l’histoire de l’Église. Il a cité l’exemple du pape Honorius Ier (625-638), qui a été rétrospectivement condamné comme hérétique lors du troisième concile de Constantinople. Müller a expliqué qu’Honorius avait enseigné des « affirmations matériellement fausses », mais « pas des hérésies au sens strict ».

« L’hérésie, au sens propre, comprend la volonté de contredire la vérité. Même les Pères de l’Église ont commis des erreurs théologiques », a-t-il dit.

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L' »hérésie de la praxis » : François est-il toujours le pape ?

Bien que le cardinal Müller ait affirmé que le pape François « a déjà prononcé beaucoup d’hérésies matérielles », il a souligné que François n’a pas commis d’hérésie formelle et que, par conséquent, il n’a pas perdu sa fonction papale.

Müller a soutenu qu’en encourageant et en tolérant implicitement les « bénédictions » pour les personnes de même sexe et la Sainte Communion pour les divorcés et les « remariés civilement », le pape promeut une « hérésie de la praxis ».

Au Synode, où beaucoup s’attendent ou craignent que des « bénédictions » homosexuelles soient introduites, le fait d’écrire une lettre publique à ces organisations [LGBT] à cette occasion, de les recevoir, de se faire prendre en photo avec elles… est un message très clair », a-t-il dit. C’est une hérésie dans la praxis. Pourquoi n’a-t-il pas reçu un père, une mère et leurs cinq enfants à cette occasion ? Il n’y a pas de photos de cela ».

Müller a souligné que les changements « modernes » souhaités dans l’Église sont toujours introduits par « voie pastorale » plutôt que par l’enseignement d’une hérésie formelle.

Il a cité une déclaration du cardinal Victor Fernández, le nouveau chef du Dicastère pour la doctrine de la foi, sur la possibilité de donner la communion à des divorcés civilement « remariés » sans vivre dans une continence totale, qualifiant cette déclaration de cas « limite » en ce qui concerne l’hérésie formelle.

Le cardinal allemand a rappelé à LifeSiteNews que Fernández a dit que les fidèles « doivent accepter cette déclaration des évêques argentins et leur interprétation [d’Amoris Laetitia] concernant la réception de la communion par les divorcés avec une obéissance religieuse de l’esprit et de la volonté ».

« C’était déjà hérétique, mais ce n’est pas le pape qui l’a dit ».

L’élection du cardinal Jorge Mario Bergoglio à la papauté était-elle valide ?

LifeSiteNews a demandé au cardinal Müller si l’élection du cardinal Jorge Mario Bergoglio à la papauté pourrait être invalidée en raison d’une collusion inappropriée entre des membres de la mafia de Saint-Gall avant et pendant le conclave.

Une contestation de l’élection du pape ferait plus de mal que de bien et il faut garder à l’esprit le bonum ecclesiae.

La Constitution apostolique Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II déclare qu’une élection papale est « nulle et non avenue » si, entre autres clauses, les cardinaux électeurs s’engagent dans « toute forme de pacte, accord, promesse ou autre engagement de quelque nature que ce soit qui pourrait les obliger à donner ou à refuser leur vote à une ou plusieurs personnes ».

« Il est difficile de juger [si l’élection était invalide], mais en fin de compte, il a été clairement élu par la majorité et, après tout, il n’y a pas eu d’objection qualifiée à la procédure », a dit Müller à LifeSiteNews. « Et même s’il y avait des lacunes … elles ont simplement été corrigées de facto par l’exercice [de la charge] ».

« Si quelqu’un devait le contester maintenant, ce serait un énorme chaos », a-t-il noté. « Ce serait encore pire que ce que nous avons aujourd’hui ».

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Müller a insisté: une contestation de l’élection du pape ferait plus de mal que de bien et il faut garder à l’esprit le bonum ecclesiae (le bien de l’Église).

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