La mise à pied (il n’y a pas d’autre mot) de Mgr Strickland a déjà un très gros retentissement médiatique, dûment relayé par Il Sismografo, qui cite surtout les titres laïques, donc presque toujours côté progressiste (en France, il y a un article de CNews). Pour l’Italie, on note le bel article de Nico Spuntoni dans Il Giornale, qui rappelle d’autres noms de victimes de la bienveillance bergoglienne (dont Mgr Ganswein) et évoque l’hospitalité accordée par l’évêque de Tyler à une religieuse française expulsée de l’institut des Sœurs dominicaines du Saint-Esprit à la suite d’une visite apostolique controversée.

Bergoglio chasse un évêque conservateur qui l’a critiqué

Nico Spuntoni
ilgiornale.it
11 novembre 2023

Joseph E. Strickland n’est plus l’évêque de Tyler. Le pape François l’a relevé de ses fonctions, nommant à sa place Mgr Joe Vásquez, titulaire du diocèse d’Austin, comme administrateur apostolique.

Cette décision, retentissante mais pas inattendue, intervient quelques mois seulement après la visite apostolique ordonnée à Tyler pour des raisons non encore précisées et conduite par Mgr Gerald Kicanas, émérite de Tucscon, et Mgr Dennis Sullivan, évêque de Camden.

Mgr Strickland, âgé de 64 ans, s’est fait remarquer ces dernières années en critiquant la ligne du pontificat actuel, notamment en ce qui concerne l’admission à la communion d’hommes politiques favorables à l’avortement, la morale sexuelle et les restrictions imposées à la célébration de la messe selon la forme extraordinaire du rite romain.

Un évêque dérangeant

Mgr Strickland fait également partie des évêques qui ont ouvertement critiqué le synode sur la synodalité. Dans une lettre pastorale, le prélat américain a exhorté les fidèles de son diocèse à « tenir bon (…) et à se méfier de toute tentative de présenter une alternative à l’Évangile de Jésus-Christ, ou de pousser à une foi qui parle de dialogue et de fraternité, cherchant à supprimer la paternité de Dieu » en restant ancré au « dépôt de la foi telle qu’elle nous a été transmise par Notre Seigneur lui-même à travers les apôtres, les saints et les martyrs ».

Le 31 octobre, M. Strickland était à Rome où il a participé à une conférence au Rome Life Forum organisée par le site américain LifeSiteNews et a lu une lettre très dure d’un de ses amis au pontificat actuel.

Il y a plusieurs mois, Mgr Strickland, fraîchement rentré de la visite apostolique organisée par Rome, avait déjà déclaré qu’il ne démissionnerait pas si le pape le lui demandait. En fait, l’évêque avait apparemment été invité à démissionner par François à la demande du nonce apostolique et maintenant cardinal, Christophe Pierre. Mgr Strickland ayant refusé, le pape a décidé de le révoquer d’imperio.

Contexte

Le nom de Strickland s’ajoute à la liste des prélats en désaccord avec le pape qui perdent leur poste.

  • En 2014, ce fut le tour de Mgr Rogelio Ricardo Livieres Plano qui, à 68 ans, a d’abord été commissarié puis relevé de la direction du diocèse de Ciudad del Este pour ce que le Saint-Siège a décrit comme de « graves raisons pastorales » [ndt: dossier ICI]. L’évêque paraguayen a accepté la décision avec amertume, se plaignant de l’absence de confrontation avec Bergoglio et la jugeant « infondée et arbitraire et pour laquelle le Pape devra rendre des comptes à Dieu plus qu’à moi ». Il meurt un an plus tard.
  • En 2022, à l’âge de 57 ans, François met à la retraite Mgr Daniel Fernández Torres, le déchargeant de la direction du diocèse d’Arecibo. L’évêque portoricain a notamment défendu l’objection de conscience à l’utilisation obligatoire des vaccins Covid-19.
  • Le cas de Mgr Georg Gänswein, qui, deux mois après la mort de Benoît XVI, a été démis de ses fonctions – désormais formelles – de préfet de la maison pontificale et a été invité à retourner dans son diocèse d’origine, Fribourg, sans aucune affectation, est encore plus notoire.

La religieuse et la messe en latin

Outre sa position critique à l’égard de François, les problèmes de Strickland étaient également liés à l’hospitalité qu’il aurait accordée dans son diocèse à Marie Ferréol, une ex-religieuse française expulsée de l’institut des Sœurs dominicaines du Saint-Esprit à la suite d’une visite apostolique controversée qui s’est soldée par une accusation de « mauvais esprit » et par le fait qu’elle s’est retrouvée sans salaire et sans logement après des décennies de vie religieuse. L’ex-religieuse a poursuivi les autorités ecclésiastiques devant un tribunal français, convaincue d’avoir subi une injustice.

Par ailleurs, Mgr Strickland fait partie des évêques qui célèbrent sans problème selon la forme extraordinaire du rite romain et, lors de la promulgation de Traditionis custodes par laquelle François a abrogé la libéralisation voulue par Benoît XVI, il n’avait envisagé aucune restriction, ajoutant quelque temps plus tard que « toute tentative de séparer la messe traditionnelle de l’Église est une atteinte au lien ininterrompu avec la tradition reçue des apôtres et une atteinte au Dépôt de la foi ».

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