J’avais vu la photo hier, et je l’avais trouvée très belle et vraiment touchante. Mais il ne m’a pas échappé, en consultant les blogs, que certains catholiques classés « conservateurs » (ne parlons pas des autres) ne se sentent pas à l’aise vis-à-vis de Mgr Strickland. D’ailleurs, les soutiens publics de membres de la hiérarchie ont été rares, et le silence de ses confrères américains reste à ce jour assourdissant (seule exception, Mgr Cordileone, voir infovaticana.com). L’évêque de Tyler est peut-être trop catholique pour eux. Trop pieux. Il incarne la foi des simples, la piété naïve, populaire, des choses du passé, et notre époque « rationnelle » ne l’accepte pas vraiment. Et pourtant, il suffit de comparer cette image avec les photos des tables rondes de fonctionnaires gris, presque tous en civil, prises dans l’aula Paul VI pendant le récent synode pour comprendre QUI aime et défend vraiment l’Eglise . C’est ce contraste que commente ici AM Valli

Sur la photo (Shannon Mullen/CNA), l’évêque Joseph Strickland, démis de ses fonctions dans le diocèse de Tyler, Texas, par décision du pape François le 11 novembre 2023, dirige la récitation du rosaire devant le lieu de l’assemblée d’automne des évêques américains à Baltimore, le 14 novembre.

Vrais pasteurs, faux pasteurs.

A propos d’images différentes (et de courage)

Aldo Maria Valli
17 novembre 2023

C’est vrai que les images en disent souvent plus que les mots.

Quand j’ai vu la photo montrant Mgr Joseph Strickland priant le rosaire à genoux, à la tête d’un groupe de fidèles devant le siège de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, les images des évêques et des autres participants assis autour des tables pour le grotesque synode sur la synodalité au Vatican me sont immédiatement venues à l’esprit par contraste. D’un côté, un pasteur fait ce qu’un pasteur doit faire : prier à la tête du troupeau, pour rendre gloire à Dieu et confirmer les frères dans la foi. De l’autre, des pseudo-pasteurs qui, s’inspirant de l’assembléarisme propre à la politique, parlent entre eux sous prétexte d’écouter et d’accompagner.

Certes, rien n’empêche les évêques de se réunir, éventuellement avec des laïcs, pour discuter et échanger des idées, mais quand cette rencontre, de méthode devient contenu, il n’y a plus que des bavardages. La preuve en est que le synode sur la synodalité (dont la première phase vient de s’achever) n’a rien laissé derrière lui. Dans le désintérêt général, les participants se sont comportés comme des fonctionnaires d’un régime. Et nous savons que le propre des régimes est d’être fermés sur eux-mêmes, détachés des vrais problèmes, parce que ce qui les intéresse, ce n’est pas de se mesurer à la réalité effective, mais d’imposer une réalité construite autour d’une table sur une base idéologique.

Comme il serait beau de voir plus d’évêques comme Strickland, prêts à s’agenouiller pour prier à la tête du troupeau. Mais il y a très peu d’évêques comme Strickland, parce que le tyran, ayant peur d’eux, les punit. Et qui est prêt à prendre le risque ? Car nous savons que, comme don Abbondio [personnage du curé pleutre dans I Promessi Sposi, ndt] le confesse au cardinal Federico Borromeo, « le courage, quand on n’en a pas, on ne peut pas le donner ».

A.M.V.

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