Une blague assez savoureuse, circule en ce moment dans les couloirs des Palais sacrés. « On recherche, futur pape, de préférence non latino-américain et non jésuite ». Luigi Badilla (rédaction de Il Sismografo) s’en fait l’écho et dresse une liste, loin d’être exhaustive, des reproches imputables au pontificat actuel, dans ce qui apparaît comme le premier volet d’une enquête, à suivre. Le réquisitoire a l’air sévère, mais il peut apparaître aussi comme un moyen de « noyer » les faux-pas de François et servir de coupe-feu pour d’autres fautes autrement plus graves que l’affaire Rupnk (une affaire individuelle, qui s’insère dans un ensemble par ailleurs révélateur), notamment la nomination de Tucho à la DDF et surtout la volonté de subvertir profondément la doctrine et l’Eglise.

On recherche, futur pape, de préférence non latino-américain et non jésuite

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Rédaction Il Sismografo

(Première partie. L’affaire Rupnik qui divise l’Église et les phrases de quelques cardinaux électeurs sur le futur évêque de Rome).

Dimanche prochain, le 17 décembre, le Saint-Père fêtera son 87e anniversaire et, trois mois plus tard, le 11e anniversaire de son pontificat. Il n’y a pas eu de Pontife ‘régnant’ aussi âgé depuis l’époque de Léon XIII.

Entre-temps, la santé du pape Bergoglio s’affaiblit et le temps de récupération des rechutes s’allonge et devient plus complexe sur le plan pharmacologique.

Au cours de cette période de 79 jours entre la deuxième et la troisième hospitalisation, le Saint-Père est resté 23 jours à la Polyclinique Gemelli. D’abord pour l’ablation chirurgicale d’une sténose diverticulaire symptomatique du côlon, puis à cause d’une bronchite d’origine infectieuse qui semble être réapparue entre la fin du mois de novembre et ces premiers jours de décembre. La situation broncho-pulmonaire est certainement la plus surveillée par les médecins et peut-être la plus problématique aujourd’hui.

L’emploi du temps quotidien du Saint-Père lui-même est modifié sous l’effet d’une santé de plus en plus fragile. Ces derniers temps, les annulations d’engagements ou les changements soudains d’emploi du temps sont plus fréquents. La rééducation pour contrer les effets douloureux de la gonarthrose aurait déjà fait effet, ce qui est très important, mais nullement décisif. D’un autre côté, le souverain pontife a trouvé une bonne façon de vivre avec cette maladie qui, mal soignée, peut être gravement invalidante.

En attendant, des questions fondamentales pour la vie de l’Église restent en suspens, enchevêtrées, suspendues, et certaines – apparemment surmontées – ont plutôt glissé sur des chemins tortueux et confus comme l’indigeste affaire Rupnik (un prêtre excommunié, gracié par le pape puis renvoyé devant un tribunal canonique pour de graves délits sexuels sur des dizaines de femmes, y compris des religieuses). Cette plaie reste ouverte et saignante et ne sera jamais résolue, sauf par la vérité totale et absolue, ce qui semble impossible.

De nombreux experts estiment que la démission quasi certaine de l’ancien jésuite Marko Ivan Rupnik, à l’issue du procès canonique en cours, ne clôturera pas l’un des chapitres les plus glauques et les plus douloureux de la papauté de François. Les erreurs commises, en grande partie imputables à l’ingérence inopportune du Saint-Père dans les travaux du Dicastère pour la doctrine de la foi, sont graves et semblent avoir provoqué, bien que dans le silence et la discrétion, un véritable effondrement de l’image du pape au sein du clergé partout dans le monde. L’affaire Rupnik, en particulier les manipulations sous prétexte de le protéger et le traitement intolérable réservé aux victimes par les dirigeants du Vatican, a été une sorte de « clic » sec et décisif qui a divisé l’ensemble de l’Église catholique, fidèles et hiérarchie confondus.

La question est renvoyée au Conclave en cas de Sede vacante, de même que le Vatican et les guerres, l’affaire Becciu, l’affaire Burke, les finances du Saint-Siège, le nouvel ordre international, les relations avec les juifs, etc.

Dans la lutte contre les abus dans l’Église, malgré de grands progrès dans les domaines de la dénonciation et de la condamnation, de nombreuses questions et des doutes sans précédent se posent aujourd’hui après le scandale Rupnik. La situation qui s’est créée avec la renonciation à l’excommunication puis, sous la pression, avec l’abandon de la prescription pour n’ouvrir qu’aujourd’hui un procès canonique qui n’a pas été ouvert en temps voulu, a fait perdre toute crédibilité à l’ensemble des dirigeants de l’Église catholique. L’idée que la haute hiérarchie ecclésiastique a protégé le puissant ex-jésuite mosaïste slovène tout en prononçant publiquement des paroles de condamnation des abus sexuels, de pouvoir et de conscience de la part de membres du clergé, au moins depuis 2020, a abondé partout.

Parmi les cardinaux électeurs présents au récent Synode – ils étaient près de 50, la majorité d’entre eux ayant été créés par le pape Bergoglio – on a beaucoup parlé de la situation de l’Église, des défis et des nombreuses questions délicates non résolues, mais aussi des nouveaux problèmes qui ont surgi, conséquences d’erreurs tenaces. La liste est longue et les sujets délicats.

Dans quelques jours, le verdict du procès impliquant, sur ordre du pape François, le cardinal Angelo Becciu sera connu. Cette sentence, comme dans toute monarchie, sera décidée par le Pontife et quel que soit son contenu – favorable, défavorable, moitié-moitié – ouvrira de toute façon de nouveaux problèmes. La demande du cardinal de bénéficier de l’institution de la clémence, c’est-à-dire de la grâce, dans le cas d’une éventuelle condamnation, semble totalement exclue.

Entre sérieux et facétie, nous avons entendu de la part de plusieurs pères synodaux la phrase qui circule maintenant largement : on recherche futur pape, de préférence non jésuite et non latino-américain. Et cette expression est déjà une indication importante de la direction que prendra l’Église dans les années à venir, tout comme les déclarations insistantes selon lesquelles le prochain évêque de Rome devra également être « un homme de loi compétent ».

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