C’est le nom qui m’est venu spontanément à l’esprit en lisant ce billet d’un lecteur du blog d’AM Valli, dans lequel il dresse une sorte de portrait robot du pape qu’il aimerait voir succéder à François, et qui ne serait pas QUE l’anti-François. Clairement, et même s’il ne cochait pas forcément toutes les cases, un tel pape serait l’héritier et l’accomplissement de Benoît XVI et de son pontificat interrompu. Mais ne rêvons pas trop. Je ne suis pas sûre qu’un tel homme existe aujourd’hui, et même s’il existait, son élection serait loin d’être acquise dans le contexte du médiocre collège cardinalice nommé par François.

Je voudrais un Pape…

Je voudrais un Pape…

Je voudrais un pape qui visiterait les églises du centre de Rome, qui vénèrerait les martyrs et les saints qui y sont enterrés. Un pape qui célébrerait dans les églises stationnales, les jours où cela est prévu [pendant le Carême, ndt]. Un pape qui se rendrait à Santa Croce in Gerusalemme et à la Scala Santa pendant le Carême. Un Pape qui reprendrait les visites aux paroisses, touchant de la même manière les différents secteurs, centre et périphérie. Un pape qui se rendrait aussi à Saint-Paul [hors les Murs] le 29 juin, qui visitera les lieux de Saint Pierre et de Saint Paul à Rome. Qui honorerait saint Philippe Néri, saint Laurent, sainte Françoise Romaine, copatrons de l’Urbe, à l’occasion de leurs fêtes et dans leurs églises.

Je voudrais un pape qui célèbrerait solennellement les fêtes mariales, qui dise solennellement la messe à Sainte-Marie-Majeure-de-l’Immaculée-et-de-l’Assomption, qui visiterait les sanctuaires mariaux de Rome, d’Italie, du monde entier. Un pape qui, le premier samedi du mois, réciterait le rosaire, de sa propre voix, à genoux, en latin. Un pape qui irait de temps en temps au Divino Amore, à Genazzano, à Mentorella [sanctuaires mariaux de Rome], qui participerait une fois à la festa de Noantri [fête en l’honneur de Notre-Dame du Mont-Carmel, célébrée dans le quartier du Trastevere], qui ferait construire un sanctuaire aux Trois Fontaines [lieu-dit de la décapitation de saint Paul]. Un pape qui irait célébrer les saints lors de leurs fêtes, sur leurs tombes : qui irait à Montecassino et à Subiaco.

Je voudrais un pape qui rétablisse la procession solennelle du Corpus Christi et qui, le dimanche suivant, se rende à Orvieto, à Lanciano ou à Bolsena pour honorer à nouveau le Saint-Sacrement.

Je voudrais un pape qui, pendant la Semaine sainte, serait présent dans la choeur ; qui, en plus des célébrations du Missel, prierait l’Office divin le Vendredi saint et le Samedi saint avec toute la Curie. Je voudrais un pape qui, ces jours-là, s’épuiserait dans la prière, tiendrait compagnie au Seigneur souffrant et se reposerait ensuite pendant une semaine à Castelgandolfo.

Je voudrais un pape qui célèbre davantage la liturgie des heures, qui commence l’année liturgique par les premières vêpres de l’Avent, qui célèbre les vêpres de Noël et de Pâques, ou qui au moins y assiste. Un pape qui visiterait fréquemment sa cathédrale, au moins le jour de l’Ascension, le 9 novembre, à Saint-Jean. Un pape qui célébrerait aussi la messe du jour de Noël.

Un pape qui redécouvrirait les richesses spirituelles et artistiques de Rome et les proposerait encore aujourd’hui.

Je voudrais un Pape qui n’ait pas peur de s’habiller en Pape, qui soit humble et sobre dans sa vie personnelle et splendide devant Dieu lorsqu’il célèbre. Un pape qui porterait l’habit de chœur, les chasubles, le manteau rouge. Un pape qui exigerait des prêtres et des évêques une tenue digne, et la soutane, surtout lorsqu’ils le rencontrent. Un Pape qui aurait l’humilité de s’inscrire dans la Tradition qui le précède et le suit, au-delà des goûts personnels. Un pape qui habiterait le Palais apostolique et reviendrait à Castelgandolfo, parce que le pape a besoin de calme, de repos, de prière et d’un travail plus détendu.

Un Pape qui serait écologique dans son style de vie, en consacrant du temps au contact avec la nature, sans préjuger des vacances. Un pape qui aimerait la création, qui irait à la montagne.

J’aimerais un pape qui célébrerait la messe in Coena Domini à Saint-Jean [de Latran] et qui se rendrait un autre jour, le mercredi saint par exemple, en prison ou auprès des malades. Un pape qui visiterait souvent ses séminaires romains, qui passerait des journées entières au Latran ou qui inviterait les séminaristes à déjeuner au Vatican. Un pape qui déjeunerait de temps en temps avec ses évêques et ses curés.

J’aimerais un pape qui donnerait toute liberté à la messe Vetus Ordo, qui la célébrerait lui-même au moins une fois par an, qui favoriserait l’ancien rite, qui permettrait la liberté de choix. Qui favoriserait l’usage du latin dans la liturgie, qui donnerait des directives pour éviter réellement les abus, qui ferait toujours chanter l’évangile en latin dans la messe papale. Qui fréquenterait parfois le rite ambrosien, les rites orientaux. Un pape qui bénirait et saluerait les fidèles lorsqu’il se rendrait à Saint-Pierre dans ses parements liturgiques, et qui réchaufferait les cœurs.

Je voudrais un pape qui éliminerait tout type de commissaires, qui créerait des cardinaux à partir des sièges cardinalices traditionnels, en Italie et à l’étranger, afin d’honorer l’histoire et la richesse de ces villes. Un pape qui saurait s’entourer de bons et saints collaborateurs.

Je voudrais un pape qui, lors des catéchèses du mercredi, commencerait par l’abc du christianisme, qui parlerait à ceux qui veulent connaître les bases de notre foi, qui s’adresserait avant tout aux catéchistes qui doivent enseigner aux enfants.

Je voudrais un pape qui fasse une doctrine claire et des choix clairs. Qui n’ait pas peur de l’inévitable martyre des médias, qui ne se mette pas au niveau des politiques, qui n’adopte pas la pensée unique. Qui sache garder la saine distance et la royauté qui sied à son rôle, tout en étant proche de tous.

Un pape qui contextualiserait les questions sociales dans la charité chrétienne.

J’aimerais un pape qui, une fois par an, irait célébrer une grande solennité en Terre sainte. Un pape qui se rendrait en Europe et en Occident, où une nouvelle annonce de l’Évangile est nécessaire.

Je voudrais un pape qui sache s’excuser, qui n’ait pas d’ennemis. Un pape qui parlerait peu a braccio, qui ne donnerait pas d’interviews, qui exprimerait sa pensée dans des discours bien préparés.

Un pape qui ferait enfin quelque chose pour la musique sacrée, qui donnerait des directives pour que l’on se remette à chanter, à enseigner le chant grégorien, pour que les prêtres sachent chanter, pour que l’on consacre du temps et de l’argent à la musique sacrée. Un pape qui irait à des concerts, qui verrait dans l’art et la beauté le chemin vers Dieu. Un pape qui pourrait nous donner un jubilé inoubliable. Un pape qui reviendrait donner une place centrale à Rome et aux pèlerinages à Rome, qui visiterait les sept églises en 2025. Un pape qui ferait aussi à nouveau les béatifications à Rome.

Un pape qui parlerait beaucoup du Christ et de Marie, qui ferait rayonner son amour de l’Église, qui lutterait contre les forces du mal et qui saurait ce qu’elles sont aujourd’hui, dans quels domaines l’Ennemi se déchaîne.

Un pape saint, un pape vraiment courageux, un pape à contre-courant, un pape qui soit un père pour tous et dont personne n’ait peur. Un pape normal, un pape selon le cœur du Christ, dont on pourrait dire au moment de la mort : il a été grand !

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