C’est le cas de ce correspondant récurrent d’AM Valli (qui signe, non sans humour « l’ex-jeune prêtre ») que mes lecteurs doivent connaître et dont les interventions sonnent toujours très juste, mettant en éviçdence le désarroi de nombreux bons prêtre de terrain, qui vivent actuellement « une profonde déchirure intérieure » et se sentent abandonnés. Il conclut en exhortant les évêques à réagir au travail de sape constant en œuvre depuis 10 ans et qui culmine avec cette dernière mesure

Cette année encore, le pape nous aide à bien vivre le grand mystère du saint Noël en nous offrant un nouveau gâteau empoisonné. Le 18 décembre, la déclaration Fiducia supplicans signée par notre grand génie théologique Fernández, pour les amis « El Tucho besame mucho », et contresignée par Bergoglio lui-même, a été publiée dans les principales langues.

Le document suit la logique moderniste habituelle selon laquelle il y a tout en lui, des parties qu’on peut partager et apprécier aux parties inacceptables, qui sont la véritable raison de la rédaction du document. La distinction se joue comme toujours sur la séparation entre ce qui est dogmatique et ce qui est pastoral.

Le dogmatique :

« La doctrine traditionnelle de l’Eglise concernant le mariage reste ferme, ne permettant aucune sorte de rite liturgique ou de bénédiction similaire à un rite liturgique qui pourrait créer une confusion ».

Toutefois, il poursuit :

« La valeur du document est d’offrir une contribution spécifique et innovante à la signification pastorale des bénédictions, qui permet une compréhension plus large et plus enrichissante de celles-ci ».

L’innovation réside dans le fait que l’Église ouvre la possibilité de bénir les couples irréguliers et les couples de même sexe. Une bénédiction pastorale, pas une bénédiction liturgique.

Le document rappelle qu’il existe deux types de bénédiction : la bénédiction ascendante, de la terre vers le ciel et que tout le monde peut faire, et la bénédiction descendante propre aux prêtres. C’est cette dernière que la Déclaration étend aux personnes en situation irrégulière, à condition qu’elles ne revendiquent pas la légitimité de leur statut. Dans la bénédiction, l’Esprit Saint a pour tâche « d’investir, de guérir et d’élever tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations ».

Vous saisissez? Il est demandé à l’Esprit Saint de guérir et d’élever tout ce qui est bon dans une vie et une relation homosexuelle ou extraconjugale… Et pourquoi ? Parce que « Dieu ne repousse jamais celui qui s’approche de lui » (avec un point d’exclamation).

Quelques considérations :

  • Il n’est pas vrai que Dieu ne repousse jamais ceux qui s’approchent de lui. Il suffit de penser à la parabole des dix vierges qui, après avoir frappé à la porte, se voient répondre « Je ne te connais pas » ou au passage sur le jugement dernier dans lequel le Seigneur répond : « Eloignez-vous de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges ».
  • L’Esprit Saint ne peut pas guérir et élever, remplir de son Amour, une relation qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu et qui est un péché mortel. S’il n’en était pas ainsi, je suis désolé pour Bergoglio & Cie, mais l’Eglise ne servirait plus à rien (c’est peut-être leur but ?). La vie « en état de grâce » disparaît complètement, chaque choix n’est qu’une bénédiction. Dieu n’a plus de véritable relation avec sa créature, il ne parle plus vraiment à son cœur, il n’est plus qu’un « prétexte » pour faire essentiellement ce que l’on veut.
  • Dieu ne veut pas du péché, pas plus qu’il ne veut que le pécheur meure. Pour cette Église, au contraire, Dieu est un bouffon qui accepte tous les choix de l’homme. Le « poids » de la liberté humaine disparaît, aspiré par la miséricorde infinie de Dieu qui ne se soucie pas de la vie concrète des hommes.
  • La bénédiction est un sacramental qui s’adresse à des réalités objectivement ordonnées à recevoir la grâce parce qu’elles sont ordonnées à servir les desseins du Dieu créateur. C’est pourquoi l’Eglise a distingué la bénédiction de l’individu et celle du couple : on peut bénir même un athée parce que, en tant que personne, il est ordonné à la sainteté, mais pas une relation de couple lorsqu’elle est contraire au dessein de Dieu, parce qu’elle est contraire à ce « Dieu les a bénis » réservé au lien homme-femme que l’on trouve dans le livre de la Genèse.
  • Si la déclaration du Vatican refuse l’aspect liturgique et le « lieu » d’une église, elle le rend possible dans un sanctuaire (où l’on se rendait habituellement pour demander une guérison…) ou lors d’un pèlerinage et en permet ainsi l’aspect public avec le scandale qui en découle.
  • L’idée de mettre entre parenthèses le péché mortel en arguant que la personne est aussi « autre » et porteuse d’éléments positifs est absurde. Ce type de raisonnement s’applique à tout type de péché, car personne ne peut être identifié uniquement au mal qu’il commet. Même un meurtrier, un cannibale, un polygame, un tueur en série a probablement aussi été capable d’accomplir des actes bienveillants dans sa vie, mais cela ne rend pas son péché excusable. Lorsque l’Esprit Saint agit, il détruit le péché et ramène la personne à la vie. Cela signifie que, par exemple, dans le cas d’un couple homosexuel, il transforme l’attirance physique et la pulsion en amitié virile, rompant ainsi une relation qui rabaisse la dignité de l’un et de l’autre. Lorsque l’Esprit Saint agit, la vie change : il ne bénira jamais ce qui crie vengeance aux yeux de Dieu.
  • Au début du document, il est fait référence au Responsum du 22 février 2021 qui avait réitéré l’impossibilité d’accorder la bénédiction, et le préfet Fernández explique qu’il publie la nouvelle déclaration parce qu’il y en avait qui n’étaient pas d’accord avec cette réponse !

Ici, le point d’exclamation, c’est moi qui le mets. Mais cela s’appliquerait à toutes les déclarations de l’Église : toute vérité a toujours son ennemi. Que devons-nous faire ? Ce serait comme si un athée se plaignait que l’Église dise le Credo pendant la messe. Fernández devrait-il alors rédiger un document pastoral accordant à l’athée le droit de vivre en silence ce moment-là parce qu’il n’est pas d’accord ? Et les exemples seraient infinis.

Cher Aldo Maria, je n’ai rien à ajouter. J’aimerais faire une blague et dire qu’en fin de compte, derrière cette boutade [en français dans le texte] magistérielle, il n’y a que le désir de certains prélats de recevoir enfin une bénédiction eux aussi, mais je ne rendrais pas service à la gravité de ce qui est en train de se passer.

J’espère que, cette fois, les évêques réagiront avec unité face à ce travail de sape constant et continu de la part de ceux qui avaient juré de guider et de défendre le peuple de Dieu et qui, au contraire, se sont révélés être les plus fidèles exécutants de l’Agenda de ce monde et du Maître qui l’a écrit.

En attendant, je te demande, à toi et à tes lecteurs, de prier pour moi et pour beaucoup d’autres prêtres qui vivent actuellement une profonde déchirure intérieure et ne savent pas quel chemin prendre parce qu’ils se sentent seuls et sans pasteurs.

L’ex-jeune prêtre qui en a déjà trop vu

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