La nouvelle a fait le tour du réseau, y compris à l’étranger, car tout ce qui peut illustrer le chaos dans l’Eglise fait le miel des médias. Un prêtre italien a été excommunié latae sententiae pour avoir prononcé lors de l’homélie du 31 décembre des propos jugés inacceptables contre le pape. La décision est juste, dit Luisella Scrosatti. En d’autres termes, il ne l’a peut-être pas volé. Mais cela ne doit pas cacher le fait qu’il y a actuellement dans l’Eglise un vrai problème… et que ce problème s’appelle Bergoglio

C’est un fait : la confusion de plus en plus marquée et les problèmes graves de ce pontificat poussent de plus en plus de gens à quitter l’Église. Et ce problème n’est pas résolu en sanctionnant, même si c’est justifié, un ou plusieurs prêtres. La colère et l’agitation grandissent démesurément parmi les fidèles et le clergé, les amenant à prendre des positions qui, au lieu d’aider l’Église, lui font encore plus de mal, en plus de mettre gravement en danger le salut des âmes.


Un titre parmi d’autres (capture d’écran)

Prêtre excommunié à Livourne, sanction juste mais il y a bien un problème.

Luisella Scrosatti
lanuovabq.it
6 janvier 2024

Une reconstitution correcte de l’histoire du père Ramon Guidetti montre que la décision de l’évêque Giusti est incontestable. Il n’en reste pas moins que parmi les fidèles et le clergé, l’agitation grandit face aux décisions de ce pontificat, qui pousse de nombreuses personnes hors de l’Église.

Les sanctions adoptées par l’évêque de Livourne, Mgr Simone Giusti, à l’encontre du curé de San Ranieri in Guasticce, don Ramon Guidetti, ont fait le tour du monde.

Le 1er janvier 2024, le chancelier de l’évêché, don Matteo Giavazzi, informe le clergé et les fidèles du diocèse que don Guidetti a encouru l’excommunication latæ sententiæ pour avoir accompli « un acte de nature schismatique » lors de la célébration eucharistique du 31 décembre 2023, « refusant la soumission au Souverain Pontife et la communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis ».

Essayons de comprendre comment les choses se sont déroulées.

Lors de la messe du 31 décembre, don Guidetti a prononcé une longue homélie d’une vingtaine de minutes, saluée par des applaudissements finaux, dans laquelle le curé a expliqué en substance que Benoît XVI n’aurait jamais renoncé au munus petrino et qu’il serait donc resté pape jusqu’au jour de sa mort ; François ne serait donc pas un vrai pape.

Dans son homélie, don Guidetti a salué le « père Alessandro Maria Minutella », le prêtre palermitain excommunié en 2018 et renvoyé de l’état clérical en novembre 2021, comme un « champion de la vérité ». Il a ensuite nommé les sept prêtres qui ont rejoint Minutella, ‘les Sept Magnifiques’, qui ont tous été touchés par des sanctions ecclésiastiques.

Vers le milieu de son homélie, don Guidetti a commencé à hausser le ton, évoquant la « fausse église, de Monsieur Bergoglio et de ses mercenaires », critiquant les prêtres, les évêques et les cardinaux « qui continuent à se tourner les pouces et savent tout », autrement dit « ils savent qu’il y a un schisme depuis dix ans, ils savent qu’il y a la franc-maçonnerie qui gouverne, ils savent que ce n’est pas le pape, ils savent, mais ils se taisent ». Puis la référence à Bergoglio comme le « non nommé, je ne le nommerai pas (…) un franc-maçon, un franc-maçon jésuite lié aux puissances mondialistes, usurpateur et antipape ». Et l’annonce : « Et dès demain, ces dignes prêtres seront rejoints par le soussigné ».

Ce sont les mots les plus significatifs de l’homélie. Mgr Giusti a ajouté quelques détails de l’affaire dans son interview à Il Telegrafo de Livourne ; Don Ramon « avait déjà été averti de ne pas accomplir cet acte avant Noël et avait finalement accepté de surseoir à ses intentions, comprenant la gravité de la chose. Puis, lors de la messe du 31 décembre, sa déclaration de rupture, inattendue à ce moment-là, contestant l’élection du pape François, son ministère et son autorité, célébrant non en communion avec le pape, avec une attitude schismatique ». L’évêque de Livourne a ensuite précisé que le prêtre avait déjà été rappelé à l’ordre et qu’il avait apparemment accepté le rappel. De plus, donc Guidetti avait célébré une messe non-cum, c’est-à-dire une messe dans laquelle, pendant la prière eucharistique, il n’était pas fait mention du pape, comme cela se produit pendant la période de sede vacante.

L’évêque poursuit : « Je l’ai appelé le 31 décembre après la messe et il n’a pas répondu. Il avait déjà fait ses valises et avait laissé les clés non pas à moi, mais à une dame de la paroisse, partant immédiatement après, aspiré par des groupes schismatiques opposés à l’Église. Tout avait été arrangé à l’avance ».

Ainsi, la décision prise par l’évêque de faire connaître l’excommunication latæ sententiæ, dans laquelle le prêtre s’est engagé ipso facto pour schisme, semble motivée par plusieurs actes de nature schismatique réalisés par l’ancien curé : déclaration publique que François n’est pas pape, refus de célébrer una cum, abandon soudain de la paroisse pour rejoindre une association schismatique.

La confirmation de l’adhésion à un schisme vient de la bouche de don Guidetti lui-même, qui a commenté les sanctions de l’évêque de Livourne en ces termes :  » Je vais en faire un joli petit cadre et l’accrocher au mur et ce sera quelque chose dont je me vanterai volontiers « , désavouant ainsi l’autorité de son propre évêque.

Aussi irritant que soit sans doute le fait de voir des sanctions prises avec une extrême rapidité contre des prêtres qui critiquent le pontificat actuel, alors qu’elles ne sont pas imposées à de multiples abuseurs et hérétiques, il n’en reste pas moins que les sanctions prises par Mgr Giusti sont correctes. Ce point doit être clarifié : don Guidetti n’a pas simplement critiqué, même sur un ton fort, des actions, des paroles, des documents de ce pontificat, mais il a usurpé le jugement de l’Église sur qui est ou n’est pas le pontife légitime. Le problème n’est pas d’avoir des doutes dans le for interne, tant qu’ils sont fondés ; mais de reconnaître qu’il s’agit précisément de doutes, qui attendent un jugement de la seule autorité qui peut se prononcer dans ce domaine : l’Église.

Outre la position claire de saint Robert Bellarmin sur la question du pape hérétique, il faut aussi rappeler la position classique de saint Thomas : ce n’est qu’à partir de la décision de l’Église qu’il devient licite et obligatoire de ne plus communiquer avec les schismatiques, les hérétiques et les excommuniés, c’est-à-dire de ne pas assister à leurs messes et de ne pas recevoir d’eux les sacrements. Un argument similaire s’applique à la légitimité d’un pape, qui a été reconnu comme tel par l’universalité de l’Église, car les doutes n’ont été soulevés que longtemps après (vers la fin 2015) et n’ont jamais trouvé d’écho parmi les membres légitimes de l’épiscopat. Avant une éventuelle décision de l’Église, quiconque s’arroge le droit de juger de la légitimité d’un pape usurpe le jugement de l’Église.

Un autre fait demeure, qui doit faire réfléchir. L’homélie de don Ramon a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements. On ne peut pas non plus ignorer que les divers mouvements schismatiques voient de plus en plus de sympathisants. C’est un fait : la confusion de plus en plus marquée et les problèmes graves de ce pontificat poussent de plus en plus de gens à quitter l’Église. Et ce problème n’est pas résolu en sanctionnant, même si c’est justifié, un ou plusieurs prêtres. La colère et l’agitation grandissent démesurément parmi les fidèles et le clergé, les amenant à prendre des positions qui, au lieu d’aider l’Église, lui font encore plus de mal, en plus de mettre gravement en danger le salut des âmes. Fiducia supplicans a été une nouvelle poussée tragique et coupable dans cette direction.

Les pasteurs de l’Église doivent assumer la responsabilité de cette partie du troupeau, aller vers eux pour toutes leurs demandes légitimes, sans continuer à s’aigrir contre ces fidèles, qui ont besoin de liturgies sacrées, d’une doctrine saine, d’une proximité effective et affective de la part de leurs pasteurs. Et ils doivent le faire comprendre au pape François, qui est à l’origine de mesures et de paroles de plus en plus exaspérantes.

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