Il rejoint à son tour la flotte, qu’il juge plus sûre, du mondialisme… Le cardinal est actuellement largement discrédité dans le cadre de la campagne de médiatisation des abus sexuels du clergé (je n’ai pas suivi cet épisode, RLB, mais quand on fait une recherche sur son nom, on se croirait au casino devant une machine à sous d’où dégringoleraient des jetons portant tous l’inscription « agressions sexuelles »). Ceci explique peut-être cela. Il est classé « ratzingérien », parce qu’il écrit régulièrement dans la revue théologique « Communio » fondée dans les années 70 par Joseph Ratzinger avec son ami le théologien suisse Hans Urs von Balthasar en réaction à la revue « Concilium » fondée par Hans Küng et consorts qui défendait la thèse du Concile en tant que rupture.
Bref, le préfet du Dicastère pour les évêques se trouve sur le fil du rasoir, et il vient d’écrire pour « Communio » un article que la Bussola résume pour nous. L’article doit servir de lancement à une conférence qui se tiendra au Vatican les 1er et 2 mars, avec la participation du pape François (et du cardinal Fernández), intitulée ‘Homme-femme image de Dieu. Vers une anthropologie des vocations’.
Pas vraiment rassurant…

NOUVEAUX PARADIGMES

« Chrétiens, repositionnez-vous » : et Ouellet cède au monde.

Roberto Marchesini
La NBQ
25 janvier

Pour le cardinal Ouellet, l’ère du christianisme est révolue, il faut se repositionner sous la bannière du pluralisme et sans exclusisme. Une capitulation anti-évangélique face au monde.

Nous vivons une époque très intéressante, dans laquelle il nous arrive de lire des choses extraordinaires. C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit quand j’ai lu un article du cardinal Ouellet dans la prestigieuse revue théologique Communio.

L’article, bien que complexe, mérite qu’on s’y attarde et qu’on y réfléchisse.

Après un paragraphe d’introduction, il commence par la formule-choc:

« L’ère du christianisme est révolue ».

Une déclaration qui fait frémir ; ou éclater de rire, selon le point de vue. Comment l’ère du christianisme peut-elle être révolue ? Toute l’histoire EST christianisme, puisque le Christ est l’alpha et l’oméga. Mais c’est un fait, le cardinal a attiré notre attention.

Une nouvelle ère a commencé, explique-t-il, dans laquelle les chrétiens doivent se repositionner par rapport à leur environnement s’ils veulent transmettre l’héritage culturel et spirituel du christianisme. Le christianisme est étranger à cet environnement, il est accueilli avec indifférence, voire hostilité, même dans les pays traditionnellement catholiques’.

Relisons calmement .

« Le christianisme est étranger à cet environnement ; il est accueilli avec indifférence, voire hostilité, même dans les pays traditionnellement catholiques. »

De quel « environnement » s’agit-il ? Du monde, peut-être ? Dans ce cas, il n’y aurait rien d’étrange : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartient ; mais comme vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis dans le monde, c’est pour cela que le monde vous hait » (Jean 15 : 18-19).

Donc, si le monde déteste le christianisme (ce qui est tout à fait naturel), « les chrétiens doivent se repositionner » ? Et que signifie « se repositionner » ?

Il l’explique un peu plus loin :

 » Nous devons réfléchir à l’avenir du christianisme dans un contexte qui attend des chrétiens qu’ils adoptent un nouveau paradigme pour témoigner de leur identité. C’est pourquoi nous devons regarder la diversité culturelle et religieuse avec une disposition au dialogue et offrir la vision chrétienne librement et avec le souci de la fraternité humaine ».

Le monde (en supposant que ce soit cela le sens du « contexte ») demande donc au christianisme d’ « adopter un nouveau paradigme ».

La locution fait frémir et est « expliquée » en ces termes :

« Pour cela, nous devons regarder la diversité culturelle et religieuse avec une ouverture au dialogue et offrir la vision chrétienne gratuitement et avec le souci de la fraternité humaine ».

Pourquoi « nous devons » ? Depuis quand l’Église est-elle obligée de répondre aux attentes du monde ? Et puis : l’apostolat a toujours été ouvert au dialogue (quoique presque toujours unilatéral), gratuit (et même payé cher) et attentif à la fraternité humaine. Il ne s’agit pas d’un  » nouveau paradigme » : c’est ce que les chrétiens ont toujours fait.

C’est peut-être dans la suite que nous avons une idée de ce que le cardinal Ouellet entend par « nouveau paradigme » quand il affirme que

« les repères rationnels traditionnels ne peuvent plus prétendre à l’exclusivité. Le changement d’époque, en somme, envisage le pluralisme comme un élément constitutif de toute société dans le monde globalisé ».

Ici encore, nous sommes confrontés à un non sequitur [argument invalide, dont la conclusion ne peut être logiquement déduite des prémisses – ndt]. Le fait que « le changement d’époque envisage le pluralisme comme un élément constitutif » n’a d’importance que jusqu’à un certain point. Et on ne voit pas pourquoi la revendication de l’exclusivité des « repères rationnels traditionnels » ne serait plus recevable. Il suffit de jeter un coup d’œil à la déclaration Dominus Jesus pour voir qu’elle est au contraire non seulement possible, mais nécessaire.

En résumé, Son Éminence utilise des tons et des formules-choc (« l’ère du christianisme est révolue », « les chrétiens doivent se repositionner », « nouveau paradigme »… ) mais on ne voit pas très bien où il veut aller.

Ça ne se fait pas d’utiliser le terme « supercazzola«  [ndt: non-sens absolu, charabia qui n’a ni queue ni tête] quand l’auteur est un cardinal ; cependant, cela y ressemble. Et beaucoup.

Au milieu de tous ces slogans, qui ne sont pas faciles à déchiffrer, une image claire et précise me vient à l’esprit : une enseigne accrochée à un magasin. Sur cette pancarte, une inscription : « Fermé pour cause de faillite ». Je l’ai comprise ainsi : « S’ils veulent transmettre l’héritage culturel et spirituel du christianisme », les chrétiens doivent cesser de transmettre l’héritage culturel et spirituel du christianisme ; s’ils veulent « témoigner de leur identité », ils doivent cesser de témoigner de leur identité. Le sel de la terre doit perdre sa saveur, pour être jeté et foulé par les hommes (Mt 5,13).

En conclusion, l’article adopte un ton de prescription;

« Cette nouvelle situation doit être acceptée comme permanente ».

Il est difficile de savoir à quelle « situation » le cardinal fait référence : à la haine du monde envers le christianisme ? À un obscur « nouveau paradigme » ? Au fait qu’un prince de l’Église s’exprime comme le comte Mascetti [personnage de fiction interprété par Ugo Tognazzi dans la série de filmes « Mes chers amis« ]? Une chose est claire :

« Cette nouvelle situation doit être acceptée comme permanente ».

C’est ainsi que les choses sont, c’est ainsi qu’elles doivent être.

Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que l’article entend lancer une conférence qui se tiendra au Vatican les 1er et 2 mars, avec la participation du pape François (et du cardinal Fernández), intitulée ‘Homme-femme image de Dieu. Vers une anthropologie des vocations’. Si les prémisses sont celles indiquées par Ouellet, il n’y a guère de quoi être serein.

Quelqu’un, à ce stade, citera Lénine et demandera : que faire ?

Quant à moi, je n’ai aucun doute :  » Celui qui persévère jusqu’à la fin sera sauvé  » (Mt 24, 13).

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