Un synode sans synodalité, des débats sur l’Amazonie mais sans « vrais » amazoniens, un rapport final déjà écrit bien avant le début des travaux, mais on ne sait pas par qui, le prétexte d’une « urgence sacramentelle » pour ordonner des hommes mariés, mais proclamée par un évêque qui se vante de n’avoir jamais baptisé un seul autochtone, une église qui se revendique pauvre mais qui accepte d’être financée par une fondation multi-milliardaire qui ne veut que sa destruction: était-ce bien la peine de convoquer tout ce monde pour ÇA?… Une excellente analyse trouvée sur « Info Catolica »


Le Synode des paradoxes

Carlos Esteban
InfoVaticana
23 octobre 2019
Traduit de l’espagnol par Carlota

Le synode de l’Amazonie se termine, manque encore la présentation du texte final qui est déjà écrit bien que personne ne sache par qui, et le Dieu des surprises n’en a pas donné qu’une à ce synode, surtout sous forme de contradictions que, si l’on veut, nous pouvons simplement appeler paradoxes.

Nous pouvons commencer par celle que nous avons déjà suggérée: la « synodalité » tellement portée aux nues. Aujourd’hui même, elle nous a été de nouveau recommandée par le Saint Père dans sa catéchèse (cf. fr.zenit.or,), à propos du Concile de Jérusalem. La charité (Eph. 4,5), nous aide à comprendre que la Synodalité est la méthode de l’église pour la réflexion et la confrontation, basée sur le dialogue et le discernement à la lumière de l’Esprit Saint » , a-t-il dit.

Mais dans la pratique, quelqu’un a t-il noté cette synodalité tant vantée? Y a-t-il quelque chose qui soit sorti de ces synodes qui n’ait déjà été l’opinion du Pape avant de commencer ? Que dire d’un synode où déjà le texte a été rédigé et où personne de l’organisation ne sait qui l’a fait ?

Pour aller un peu plus loin: y a-t-il eu un moment de la récente histoire de l’Église où les églises nationales se sont pliées d’une façon plus absolue à la volonté et même aux façons du Souverain Pontife Romain,

Plus encore. Le synode propose l’ordination des hommes mariés pour cause de l’urgence à disposer de quelqu’un pour porter les sacrements à des zones éloignées de la forêt amazonienne (quelque trois millions [d’habitants], les autres vivent dans des villes). Et c’est, en autres, l’évêque émérite de Xingu, Erwin Kräulter, qui le propose, un évêque qui publiquement est très fier, non seulement, de ne pas avoir baptisé un seul indigène en un quart de siècle, mais aussi de ne par être disposé à le faire. Qu’en est-il alors de cette urgence sacramentelle ?

Et si le synode était sur les Amazoniens et leurs problèmes, pourquoi faire un synode universel et non pas régional?  Et surtout, où étaient les indigènes ? Nous n’en avons eu qu’une poignée, des utilitaires, qui répétaient les vieilles consignes de la « Théologie du Peuple », héritière de la Théologie de la Libération condamnée. Des indigènes qui offriraient une vision alternative, comme  Jonás Marcolino Macuxí, qui dénonce les opportunités que l’indigénisme nie aux natifs et l’obsession à idéaliser la vie dans la forêt, n’ont pas été écoutés.

Un autre paradoxe: l’invocation constante au dialogue semble ne s’appliquer que là où le dialogue a le moins de mérite, c’est à dire, avec ceux qui sont à la base d’accord avec celui qui parle. Nous pouvons louer au plus haut niveau « l’écoute attentive » jusqu’à en avoir la voix enrouée, mais ne n’avons la connaissance d’aucun cas qui ait été dialogué avec un véritable contradicteur ni que le dialogue  ait changé d’un millimètre la route tracée.

Le sujet des mystérieuses statues indigènes mérite un chapitre à part. Personne ne sait ce qu’elles sont mais les « gardiens de la rénovation » médiatiques sont accourus pour les baptiser « Notre Dame de l’Amazonie », une invocation que ne connaissent pas les Catholiques amazoniens, communément dévots de Notre Dame de Nazareth. Au cours des conférences de presse, les pères synodaux ont nié cet extrêmité, bien qu’ils n’aient pas non plus voulu dire qu’il s’agissait précisément d’idoles, – la chose en est restée que personne ne sait qui elles sont, ce qui est très curieux.

Mais la contradiction est venue quand les statuettes ont été soustraites et jetées dans le Tibre, là les autorités comme le directeur éditorial des Communications du Vatican, Andrea Tornielli, ont parlé de « profanation » et ont jugé l’acte comme étant une insulte aux croyances amazoniennes. Mais n’étaient-ce pas de simples sculptures symboliques, sans aucune signification explicitement religieuse ? On en est où, maintenant ?

Tout le synode a présenté une très forte charge politique, – de fait, plus que strictement religieuse -, jusqu’à une critique ouverte et généralisé du capitalisme qui est en train de détruire la terre et, concrètement, les forêts amazoniennes, ce poumon de la planète qui n’en est pas un. Mais la plateforme organisatrice, le REPAM (ndr réseau ecclésial pan-amazonien) a reçu des millions de dollars de la Fondation Ford qui, en plus d’être pro-avortement et antichrétienne dans ses objectifs, n’est pas exactement étrangère aux maniements de capitaux. Évidemment, le grave scandale est ce dont nous avons parlé en premier, mais ici nous ne faisons qu’évoquer des contradictions.

Le paradoxe qui est au centre c’est qu’on ait monté un Synode de l’Amazone pour répondre, en réalité, à des demandes pastorales et doctrinales d’Allemagne et autres églises nationales du Premier Monde.

Tout, finalement, semble rester comme on le prévoyait avant de commencer, comme un spectacle avec un résultat pour lequel, vraiment, on n’avait pas besoin de faire perdre leur temps à autant de prélats.

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