En marge des faits, c’est-à-dire des dégâts considérables, matériels – la destruction d’un patrimoine artistique inestimable – et spirituels – des attaques de plus en plus rapprochées et de plus en plus violentes contre les lieux de culte dans notre pays dans l’indifférence des pouvoirs publics, des médias, et de l’opinion – Paix Liturgique soulève des questions cruciales mais peu politiquement correctes sur la sécurité du site et sur le parti-pris systématique de l’Eglise qui « préfère aider les pauvres venus de loin plutôt que ceux d’ici« .

Lettre n° 754 de « Paix liturgique »

20 juillet 2020
Entretien avec Anne François de Bretagne. Extrait (transmis par Carlota)

Paix liturgique : Un bénévole de la cathédrale, d’origine rwandaise, a été placé en garde à vue ce samedi soir dans le cadre de l’enquête sur l’incendie. Avez vous des précisions sur cet aspect du dossier ?

Anne François de Bretagne : il s’agit en effet d’un bénévole rwandais catholique de 39 ans, en situation irrégulière – il faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français – , inconnu des services de police ; il était logé, nourri et suivi par le diocèse. SA GARDE À VUE A ÉTÉ LEVÉE CE 19 JUILLET À 21H.
Décrit comme « serviable » mais « taiseux » par des cadres de la paroisse, il servait la messe, mais aussi été chargé depuis plusieurs années de fermer la cathédrale et l’avait d’ailleurs fait ce vendredi soir – on notera d’ailleurs une contradiction entre le curé qui a admis dans les médias qu’il avait les clés et l’administrateur du diocèse qui dit le contraire ce dimanche matin. Il tarde que le diocèse de Nantes ait enfin un évêque à sa tête [le siège est vacant, depuis que l’évêque Mgr James a été nommé à Bordeaux le 14 octobre 2019, ndlr] pour qu’on sache qui est responsable de quoi et qui a les clés de quoi.
A ce jour, même si sa garde à vue a été prolongée ce dimanche, il n’est inculpé de rien et demeure présumé innocent. Cependant il s’avère que son titre de séjour n’a pas été renouvelé, qu’il devait quitter le territoire français et la préfecture aurait refusé plusieurs de ses demandes de régularisation. Il s’en serait plaint avec véhémence et aurait écrit à plusieurs responsables du diocèse pour attirer leur attention sur sa situation, sans recevoir de réponse.
Le diocèse de Nantes a déjà montré à plusieurs reprises qu’il préférait aider les pauvres venus de loin plutôt que ceux d’ici, notamment en utilisant le denier du culte pour payer l’électricité aux squatteurs clandestins ; cependant il y avait dans sa solidarité affichée une certaine hypocrisie puisque lorsque des migrants ont squatté des mois durant un gymnase insalubre qui appartenait au diocèse, rien, absolument rien n’a été entrepris par le diocèse qui dispose pourtant de locaux vides pour améliorer leurs conditions de vie – ce sont des collectifs d’extrême gauche qui ont exercé la solidarité et l’accueil dont parlait Mgr James sans jamais passer à l’acte. …
On peut cependant se demander comment se fait-il qu’on donne les clés de la cathédrale – monument stratégique s’il en est – à une personne dont les demandes de régularisation ont été refusées à plusieurs reprises par la préfecture, est-ce que les monuments historiques qui gèrent la cathédrale étaient au courant, pourquoi la préfecture avait refusé mordicus de le régulariser et combien de clés d’églises nantaises ont encore été confiées ainsi à des clandestins plutôt qu’à des riverains ou des membres d’associations de protection du patrimoine local ?

On peut aussi se demander pourquoi l’un des diocèses qui compte encore parmi les plus riches de France se voit obligé de recourir au travail dissimulé en exploitant le travail bénévole d’un migrant catholique africain, à rebours du discours anti-colonial régulièrement seriné aux fidèles. Un restaurateur ou un paysan qui ferait travailler gratuitement quelqu’un qu’il logeait et nourrirait se ferait redresser par l’URSSAF, mais le diocèse bénéficie d’une curieuse mansuétude… Ou pourquoi les responsables d’un diocèse qui prêchent charité et ouverture à l’Autre sont incapables de prêter main forte à un de leur bénévoles pour l’aider dans ses démarches ou tout au moins lui répondre pour parer à son angoisse et ses inquiétudes qui sont compréhensibles et qui n’ont pas trouvé de réponse…

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