A l’occasion de l’anniversaire de l’attaque des tours jumelles – dont les médias nous tympanisent depuis ce matin avec des commentaires insipides entièrement tournés vers l’anecdote (question aussi incontournable que palpitante: où étions-nous l’après-midi du 11 septembre?), comme s’ils n’avaient rien appris ni rien compris depuis lors – le journaliste et écrivain italien Americo Mascarucci (qui ne s’attarde pas sur l’évènement) nous propose, sur le blog de Marco Tosati, un hommage au grand cardinal Biffi, disparu en 2015, grand ami de Benoît XVI, prophète lui aussi inécouté, pris en otage par la pensée dominante et aujourd’hui passé de mode au Vatican où ce sont ses opposants (ou leurs héritiers) qui tiennent le haut du pavé. Et pourtant, il avait vu clair avant presque tout le monde sur l’immigration.

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11 septembre : Canonisez Biffi, prophète inécouté

Americo Mascarucci
(via www.marcotosatti.com)
Ma traduction

Cette année marque le vingtième anniversaire du 11 septembre, l’attaque des tours jumelles à New York qui a changé l’histoire du monde. C’est un anniversaire décidément différent des autres années, car il coïncide avec les événements en Afghanistan et la reconquête du pays par les Talibans. Ces mêmes talibans qui ont été vaincus et renversés il y a vingt ans grâce à l’intervention américaine qui a suivi le 11 septembre, avec la tentative des États-Unis de régler leurs comptes avec les fondamentalistes islamiques (je n’entrerai pas dans le fond de la question – j’ai toujours été très critique de ce qui s’est passé en Irak -, aussi parce que ce n’est pas le sujet de mon intervention).

L’attaque d’Al-Qaïda contre le pays symbole de l’Occident est apparue comme un coup de tonnerre, quelque chose d’imprévisible et d’inconcevable, considérant les États-Unis comme inattaquables, du moins de l’intérieur. Mais il y en avait qui, depuis longtemps, mettaient en garde contre le danger que représentait un islam qui prenait, de plus en plus, le visage de l’intégrisme et de l’intolérance et qui, ce qui est bien pire, était en train de conquérir l’Occident. Non pas par la force des armes comme lors de la chute du glorieux empire chrétien de Constantinople, mais par le « ventre des femmes ». Un an avant le 11 septembre 2001, en plein Jubilé, le regretté archevêque de Bologne Giacomo Biffi avait tiré la sonnette d’alarme et mis en garde l’Occident contre le risque de trouver l’ennemi chez lui après avoir ouvert la porte en grand. L’avertissement de Biffi s’adressait d’abord aux hommes politiques, invités à ne pas accueillir tout le monde sans distinction mais à sélectionner les immigrants sur la base de la religion, en préférant ceux de confession chrétienne plus faciles à intégrer que les migrants musulmans; et ensuite à l’Église elle-même, qui négligeait de manière coupable la défense de l’identité chrétienne des peuples occidentaux.

Biffi accusait le soi-disant « esprit d’Assise », c’est-à-dire le vent œcuménique né de la rencontre interreligieuse de 1986 dans la ville de Saint-François, qui a ensuite été confondu, déformé et manipulé. En effet, Jean-Paul II avait conçu cette journée de prière comme une tentative d’unité et de dialogue, capable de redécouvrir les valeurs communes à la base de chaque religion, afin que le bien l’emporte sur le mal et les divisions. C’était une noble tentative, mais ses fruits n’ont pas apporté de bénéfices. C’est précisément l’esprit d’Assise qui a servi de bélier pour ouvrir la voie au projet de société multiculturelle, qui s’est aujourd’hui définitivement révélé avec tous ses risques et ses innombrables contradictions. Biffi voulait réveiller l’Italie, l’Europe et l’Occident en les invitant à redécouvrir leurs racines chrétiennes et, surtout, à défendre leur identité, qui risquait d’être compromise par un expansionnisme islamique silencieux, c’est-à-dire mis en œuvre par l’instrument du ventre.

Comme on s’en souvient, contre Biffi et les rares qui le suivaient, s’élevèrent des attaques venant surtout de l’intérieur du monde catholique, accusant l’archevêque de Bologne de vouloir détruire l’esprit d’Assise et de contrecarrer les efforts déployés dans le domaine de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux. Ce n’est qu’après le 11 septembre que l’on prit finalement conscience que l’alarme de Biffi n’était pas infondée, et dans les années qui suivirent, l’Europe paya cher, en attentats et en effusions de sang, cette tentative ratée de construire une société multiculturelle. à commencer par ces pays qui ont longtemps été considérés comme des exemples d’intégration parfaite, mais qui se sont vite retrouvés, de la France à la Suède en passant par la Belgique, incapables de contrôler et de gérer des quartiers qui s’étaient de fait transformés en sultanats islamiques, des enclaves où la charia est en vigueur, où l’intolérance et la haine prolifèrent et d’où viennent les terroristes qui se font exploser partout dans le monde. L’Eglise de l’époque n’est pas restée sourde, Jean-Paul II a parfaitement compris l’enjeu et qu’il fallait passer de l’esprit d’Assise à la béatification de Marco d’Aviano, l’héroïque capucin qui, lors du siège de Vienne, conduisit les troupes chrétiennes contre les Ottomans, insufflant aux armées la force de la foi et sauvant ainsi l’identité chrétienne de l’Europe.

Mais la leçon de Biffi ne semble absolument pas avoir été retenue par l’Église d’aujourd’hui, alors qu’avec le pontificat de Bergoglio, nous nous trouvons bien au-delà de l’esprit d’Assise, voire dans sa version la plus syncrétique et païenne, dont le produit le plus authentique est l’encyclique « Fratelli Tutti », inspirée par nul autre que le grand imam d’al-Azhar, Ahmad Muhammad Ahmad al-Tayyib, dont les positions sur les droits de l’homme et les droits des femmes ne sont pas très différentes de celles des talibans qui ont repris le pouvoir à Kaboul. Une personnalité que François considère comme modérée, avec laquelle il aime dialoguer et se confronter, oubliant les mots d’hostilité qu’il a lui-même adressés par le passé à Benoît XVI au lendemain du glorieux discours de Ratisbonne (naturellement critiqué par les catholiques progressistes), ou après l’attentat sanglant contre la cathédrale d’Alexandrie en Égypte en décembre 2011.

Célébrer le 11 septembre sans reconnaître qu’il est aussi le produit de la prétention absurde de l’Occident à savoir gérer l’intégration et à savoir modérer l’Islam en le faisant progresser dans un sens démocratique, ne serait que de la dérision. Le 11 septembre et le bain de sang qui a suivi, avec les attentats répétés dans les capitales européennes, est au contraire une démonstration claire que Biffi avait raison et que l’Église devrait peut-être être la première à reconnaître sa grande valeur prophétique. Une valeur qui s’est exprimée d’abord par la critique du Concile Vatican II et de ses erreurs, puis de l’œcuménisme, qui en a été peut-être le produit le plus néfaste, jusqu’à se manifester aujourd’hui comme le paganisme à l’état pur, avec la disparition du rôle central de Jésus-Christ dans tous les documents ecclésiastiques et les encycliques papales et l’intronisation de l’horrible pachamama à Saint-Pierre. Biffi mériterait d’être canonisé, mais au lieu de cela, il a fini dans l’oubli ; trop traditionaliste pour les conservateurs, bête noire des progressistes. Un cardinal qui, après avoir restauré la tradition dans un archidiocèse comme Bologne, dévasté par le fanatisme post-conciliaire du cardinal Lercaro [cf. benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/lettre-de-guareschi-a-don-camillo, ndt], a essayé de faire redécouvrir à l’Église son identité, définitivement perdue avec le pontificat actuel.

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