A la suite de son interview de Mgr Vigano (cf. Valli interviewe Vigano, 5 avril), AM Valli est à son tour interviewé par le site databaseitalia.it. Il s’exprime sur les circonstances qui ont entouré le conclave de 2013, se range résolument du côté de l’archevêque et pose cette fois noir sur blanc la question de la validité de la renonciation de Benoît XVI et de l’élection de François, et comment elle se relie à la situation globale que nous vivons aujourd’hui

(…) les mesures prises à l’encontre du Vatican par l’exclusion de l’IOR du système Swift peu avant la démission de Benoît XVI (mesure qui a rendu impossible tout paiement du Vatican et mis le Saint-Siège, en pratique, au même niveau qu’un État terroriste, laissant présager sa ruine économique) coïncident avec les mesures prises aujourd’hui à l’encontre des banques russes : il s’agit du même type de chantage à l’ingérence.

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AMV

La renonciation de Benoît XVI, le conclave de 2013, l’élection de François, la mafia de Saint-Gall.

Armando Savini 
databaseitalia.it

Mgr Viganò est le premier évêque à émettre l’hypothèse de la nullité de l’élection de Bergoglio, une nullité qui, si elle était prouvée, pourrait déclencher le plus grand reset de l’histoire ecclésiastique, « un reset qui nous ramènerait providentiellement au statu quo ante, avec un Collège des Cardinaux composé uniquement de cardinaux nommés jusqu’à Benoît XVI ». Depuis deux ans, certains canonistes remettent en question la validité de l’élection de Bergoglio, en démontrant que Benoît XVI est toujours le pape légitime, car il n’aurait jamais renoncé expressément au munus comme l’exige le Code de droit canonique, mais aurait simplement déclaré l’état de sede impedita, comme l’a également bien documenté Andrea Cionci. Pensez-vous que Mgr Viganò fait référence à cette hypothèse lorsqu’il écrit que « la lumière doit être faite sur l’abdication de Benoît XVI » ?

Certains des canonistes qui ont étudié le texte de l’abdication de Benoît XVI font remarquer que le pape fait une distinction entre le munus (on pourrait dire l’ « être » pape) et le ministerium (le « faire » le pape). Je ne veux pas m’étendre sur cette distinction, sur laquelle, d’ailleurs, même les experts ne sont pas d’accord. J’observe que, de toute façon, Benoît XVI a toujours dit qu’il renonçait à la papauté et a lui-même invité à convoquer un conclave pour élire un successeur. Je ne vois aucune raison de parler de vice de volonté, sans compter qu’après sa renonciation, Ratzinger a toujours reconnu Bergoglio comme le pape légitime régnant. Tout cela n’enlève rien au fait que le rôle joué par la soi-disant mafia de Saint-Gall dans la mise en difficulté objective de Benoît XVI devrait faire l’objet d’une enquête, au point de poser les conditions de sa renonciation. Dans mon livre Uno sguardo nella notte. Ripensando Benedetto XVI Je montre comment le pontificat de Joseph Ratzinger a été soumis à des attaques systématiques, dans un crescendo d’agressions visant à acculer le pontife et à le présenter comme indéfendable à l’opinion publique mondiale. Selon Mgr Viganò (et je suis avec lui), cette action, de la part de ce que l’archevêque appelle la deep church, est clairement liée aux manœuvres du deep state : tout se déroule dans un cadre qui se configure comme un véritable coup d’état mondial. La preuve en est que les objectifs de ceux qui ont travaillé à saboter Benoît XVI et à élire François coïncident avec ceux des promoteurs du Nouvel Ordre Mondial, et il en va de même pour les moyens utilisés. A première vue, il peut sembler audacieux de lier l’élection de François et, par exemple, les émeutes de la place Maidan à Kiev. En réalité, on peut vérifier que les phénomènes vont dans le même sens, avec un centre de commandement qui a manifestement une vision globale de la réalité. Je constate également que les mesures prises à l’encontre du Vatican par l’exclusion de l’IOR du système Swift peu avant la démission de Benoît XVI (mesure qui a rendu impossible tout paiement du Vatican et mis le Saint-Siège, en pratique, au même niveau qu’un État terroriste, laissant présager sa ruine économique) coïncident avec les mesures prises aujourd’hui à l’encontre des banques russes : il s’agit du même type de chantage à l’ingérence.

La question est la suivante : les moyens utilisés pour contraindre Benoît XVI à s’effacer étaient-ils de nature à invalider sa démission et, par conséquent, également le conclave de 2013 ? C’est sur ce point que doivent porter les efforts des spécialistes déterminés à œuvrer pour la clarté.

En ce qui concerne une éventuelle fraude électorale, Mgr Viganò a parlé d’un conclave nul. A ce jour, le Saint-Siège n’a jamais rejeté les accusations de l’un des grands électeurs de Bergoglio, le cardinal Danneels, selon lequel les cardinaux de la « mafia de Saint-Gall » – comme il l’appelle lui-même – étaient présents au conclave « dans l’esprit de Saint-Gall », c’est-à-dire pour réaliser leurs projets de déstabilisation, planifiés lors de leurs réunions secrètes. Si cette accusation est confirmée, nous pourrions nous retrouver avec des cardinaux (électeurs) excommuniés, qui auraient élu de manière invalide un cardinal à son tour excommunié parce qu’il appartenait à la même mafia qui l’aurait placé sur le trône de Pierre. Pensez-vous que ce soit un scénario probable ? Bergoglio peut-il être défini à plein titre comme étant un « pape infligé » ?

La Constitution apostolique Universi Dominici Gregis (publiée par Jean-Paul II le 22 février 1996 et concernant la vacance du Siège apostolique et l’élection du Pontife romain) stipule que tout accord préélectoral entre les cardinaux est interdit. En outre, les procédures à suivre lors du vote sont spécifiées en détail. Or, nous savons de diverses sources (jamais démenties par le Saint-Siège) que l’élection du cardinal Bergoglio a eu lieu le soir du 13 mars 2013 à la suite d’un troisième tour de scrutin. A cet égard, la Constitution (n. 68) prévoit : « Si le nombre de bulletins ne correspond pas au nombre d’électeurs, il faut les brûler tous et procéder immédiatement à un second tour de scrutin ; si, par contre, il correspond au nombre d’électeurs, le dépouillement se fait comme ci-dessous ». Et au n. 69 on lit : « Si, lors du dépouillement, les scrutateurs trouvent deux bulletins pliés de telle manière qu’ils semblent avoir été remplis par un seul électeur, s’ils portent le même nom, ils doivent être comptés pour un seul vote ; si par contre ils portent deux noms différents, aucun des deux votes ne sera valable ; toutefois, dans aucun des deux cas le vote n’est annulé ». Dans le premier cas, le troisième tour de scrutin aurait donc dû être organisé. Si le cas avait été le second, il n’y aurait pas eu de troisième tour de scrutin. Dans les deux cas, il y aurait eu une violation des règles. Un simple vice de procédure, disent certains. Mais Universi Dominici gregis (n. 76) précise :  » Si l’élection avait eu lieu autrement que comme prescrit dans la présente Constitution ou si les conditions établies ici n’avaient pas été observées, l’élection est pour cette raison nulle et non avenue, sans qu’aucune déclaration ne soit faite à ce sujet et, par conséquent, elle ne confère aucun droit à la personne élue ». Par conséquent, soit le Vatican nie qu’il y ait eu des irrégularités, soit, s’il ne le fait pas, nous pouvons penser que l’élection de François est invalide ou au moins demander une enquête. Elle serait également invalide s’il était démontré que la mafia de Saint-Gall a opéré pour orienter les votes des cardinaux vers un candidat. La Constitution apostolique, en effet, est claire : « Je défends à quiconque, même s’il a été honoré de la dignité du cardinalat, de négocier, du vivant du Pape et sans l’avoir consulté, l’élection de son Successeur, ou de promettre des votes, ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées » (n.79). Et encore : « Les cardinaux électeurs doivent également s’abstenir de toute forme de marchandage, d’accords, de promesses ou d’autres engagements de quelque nature que ce soit, qui pourraient les obliger à donner ou à refuser leur vote à un ou plusieurs. Si cela devait être fait, même sous serment, je décrète qu’un tel engagement est nul et non avenu et que personne n’est obligé de le respecter ; et j’excommunie latae sententiae ceux qui violent cette interdiction. Je n’ai cependant pas l’intention d’interdire que pendant la Sede Vacante il y ait des échanges d’idées sur l’élection ». C’est donc le deuxième front qu’il faut investiguer : y a-t-il eu de véritables accords ?

L’échec du pontificat de Bergoglio est sous les yeux de tous et est maintenant également admis par « la gauche ». Un récent mémorandum circulant parmi les membres du Collège des Cardinaux (signé du pseudonyme Demos) le dit en toutes lettres. Mais si l’invalidité de l’élection de François était révélée (soit en raison d’un vice de procédure, soit parce qu’il y avait des accords entre les cardinaux), il ne serait pas nécessaire d’examiner cet échec en détail.

Dans Le Mystère du Mal. Benoît XVI et la fin des temps, Giorgio Agamben écrit : « L’abdication ne peut pas ne pas évoquer dans cette perspective quelque chose comme une discessio [séparation], l’Eglise decora [magnifique] qui se sépare de l’Eglise fusca [obscure]; et pourtant Benoît XVI sait que cela ne peut et ne doit se produire qu’au moment de la seconde venue du Christ, qui est précisément ce que la bipartition du corps de l’Église, agissant comme un katechon, semble destinée à retarder ». Dans le livre Benoit XVI, une vie, Peter Seewald, se référant au livre d’Agamben [voir « La menace vient de la dictature universelle d’idéologies apparemment humanistes »], demande à Benoît XVI si « la véritable raison de sa démission était le désir de réveiller la conscience eschatologique », « une préfiguration de la séparation de ‘Babylone’ et de ‘Jérusalem’ dans l’Église ». La réponse de Benoît XVI semble confirmer la question. Selon les prophéties de Garabandal, Benoît XVI serait le dernier pape ou, du moins, « le dernier à représenter la figure du pape telle que nous l’avons connue jusqu’à présent », selon les mots de Seewald dans Dernières Conversations [page 263 de l’édition en français]. Là aussi, la réponse de Ratzinger a été claire : « Tout peut être ». Mgr Viganò, à propos du great reset et de la pseudo-pandémie, a déclaré qu’ils annoncent le règne de l’Antéchrist. Si Benoît XVI clôt une époque et en ouvre une autre, sommes-nous arrivés à la fin des temps ? Est-ce le moment où le katechon est supprimé pour que l’homme de l’anomie [/le mystère de l’iniquité] puisse se manifester [cf. 2ème lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens, 2, 6-7]?

Je ne me sens pas capable de répondre à cette question. Les spécialistes, de leur côté, ne sont pas non plus parvenus à des conclusions unanimes sur des questions aussi complexes. Je constate simplement que si Benoît XVI s’est écarté pour laisser la place à un pape plus énergique et capable de gouverner, le projet de Ratzinger a échoué. La gestion de Bergoglio a été désastreuse à tous égards. Et ce n’est pas tout : avec Bergoglio, l’Eglise est devenue une sorte de faire-valoir pour l’ONU et tous les autres centres de pensée et d’action engagés dans l’imposition du Nouvel Ordre Mondial. L’affaire de la  » psychopandémie  » a été extrêmement révélatrice à cet égard. Ce sont des faits, c’est maintenant de l’histoire ancienne. Paraphrasant le fameux dicton « il y a des juges à Berlin« , je continue à espérer et à prier pour qu’il y ait un témoin au Vatican. Un cardinal digne de ce nom, un monsignore qui a un sursaut de conscience. L’archevêque Viganò a fait et fait beaucoup : il faut éviter qu’il soit isolé et discrédité. Il est peut-être le dernier point de référence qui nous reste.

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