Alors que les pompiers s’agitent, et que les premiers évêques pro-union gay sortent du bois, le temps n’est plus aux atermoiements. La ferme mise en demeure aux gardiens de la doctrine de Luisella Scrosatti (La NBQ), se référant au précédent de propos de Benoît XVI sur l’usage du préservatif dans des cas extrêmes, dans le livre-interview avec Peter Seewald de 2010, « Lumière du monde » (dossier ICI)

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Après le Pape, voilà que les premiers évêques sortent du bois. Il faut faire la clarté

Luisella Scosatti
La NBQ
24 octobre 2020
Ma traduction

La phrase incriminée, Bergoglio l’a bien prononcée : la vidéo « fuitée » le montre clairement. Il y a aussi peu de doutes sur le fait qu’il s’agit d’une ruse du réalisateur : le passage coupé a été exhumé et jeté dans un docufilm, sans que le pape François n’ait apporté de précisions importantes. Il est inévitable que devant le message issu de ce montage, les bœufs se soient échappés ; en admettant qu’ils aient jamais été dans l’étable. Le tout au prix d’un scandale grave pour les fidèles.

Mais comme du mal peut parfois sortir un bien, l’outing du pape François en provoque une avalanche d’autres et les rats sortent enfin au grand jour. Comme l’archevêque d’Altamura, Mgr Giovanni Ricchiuti, président de Pax Christi, qui, dans Il Quotidiano Nazionale d’hier, a approuvé l’adoption d’enfants par des couples homosexuels après s’être distancé de la maternité de substitution. Accrochez-vous:

« Bien que j’aie des réserves sur le plan psychologique et éducatif, dictées par le contexte culturel et éducatif pour lequel je crois qu’il est préférable pour un petit d’avoir un père et une mère, je n’exprimerais aucun jugement négatif si l’institution adoptive était réformée. C’est-à-dire, si une loi était adoptée qui rendrait l’adoption possible même pour les couples homosexuels, à condition que des experts attestent au cas par cas, la capacité des candidats à garantir douceur et tendresse à l’enfant ».

Oui, l’opinion des experts, pas celle d’un Dieu quelconque.

À ce stade, il est juste que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi intervienne. Pas tant pour expliquer ce que le passage coupé de l’interview donnée par le Pape l’année dernière à la journaliste Valentina Alazraki faisait dans les mains du réalisateur russe Afineevsky. Cela, c’est peut-être la Secrétairerie d’État qui peut l’expliquer. Nous demandons simplement à la Congrégation de faire son devoir : l’article 48 de la Constitution Apostolique Pastor Bonus indique comme tâche spécifique « de promouvoir et de protéger la doctrine sur la foi et les moeurs dans le monde catholique ». Afin de remplir son objectif, elle doit « s’employer activement pour s’assurer que la foi et les courtumes ne subissent pas de préjudice à cause d’erreurs qui sont divulguées de quelque manière que ce soit », en s’efforçant en particulier « de veiller à ce qu’il y ait une réfutation adéquate des erreurs et des doctrines dangereuses qui sont divulguées au peuple chrétien ».

L’erreur d’une éventuelle acceptation par l’Église de la légitimation des unions civiles s’est propagée par les paroles du Pape lui-même. N’avons-nous pas bien compris ? Il n’y a pas de problème : ils nous l’écrivent noir sur blanc. Parce que la déclaration : « ce que nous devons faire, c’est une loi sur les unions civiles. De cette façon (les homosexuels) sont légalement couverts », s’oppose frontalement aux Considérations sur les projets de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles que la CDF elle-même avait publiées en 2003, avec l’approbation de saint Jean-Paul II. Dans ce document, après avoir réaffirmé l’enseignement univoque de l’Église sur le mariage et la famille, il était rappelé que

Lorsqu’on est confronté à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles, ou au fait d’assimiler juridiquement les unions homosexuelles au mariage, leur donnant accès aux droits qui sont propres à ce dernier, on doit s’y opposer de manière claire et incisive. Il faut s’abstenir de toute forme de coopération formelle à la promulgation ou à l’application de lois si gravement injustes, et autant que possible ne pas coopérer matériellement à leur application. En la matière, chacun peut revendiquer le droit à l’objection de conscience.

Le pape François, en revanche, a déclaré qu’il s’était même battu pour des lois sur les unions civiles : le jour et la nuit. La Congrégation devrait donc clarifier ce point.

Mais il n’y a pas « que » cet aspect. Le montage du long-métrage ne se limite pas à juxtaposer de manière spécieuse les paroles du Pape sur les homosexuels qui ont droit à une famille avec la reconnaissance des unions civiles, mais inclut aussi l’appel téléphonique du Pape à Andrea Rubera et Dario Di Gregorio, dans lequel Bergoglio encourageait le couple gay à surmonter les préjugés et à amener leurs enfants – qu’ils avaient évidemment eu par mère porteuse, ou gestation pour autrui, selon la novlangue – à fréquenter la paroisse. L’effet est très clair : le Pape demande la reconnaissance légale d’un droit à la famille pour les couples homosexuels, un droit qui doit aussi inclure la possibilité d' »avoir des enfants ». Silence sur le droit des enfants à vivre avec la mère qui les a portés.

La confusion est donc totale : nous avons un pape qui, au cours d’une interview (et donc pas en tant que pape), fait une déclaration sans équivoque diamétralement opposée à ce qui a été approuvé par l’un de ses prédécesseurs, et l’habileté du montage qui va jusqu’à faire comprendre qu’on approuve pour les couples homosexuels un droit à avoir des enfants, même si c’est en recourant à une mère porteuse.

Il était déjà arrivé qu’à cause d’une déclaration faite lors d’une interview, un pape ait involontairement généré de la confusion. Cétait à l’occasion de l’interview de Peter Seewald pour le livre de Benoît XVI, le Pape avait déclaré que l’utilisation d’un préservatif par une personne qui se prostitue, lorsqu’elle le fait dans l’intention de ne pas transmettre le VIH, peut être un premier pas vers l’éveil des consciences. Le pape précisait immédiatement après que l’utilisation d’un préservatif comme moyen de contraception ne pouvait en aucun cas être moralement autorisée. La traduction italienne de l’allemand avait en effet été la source de malentendus et tous les journaux en avaient fait la une du 10 novembre 2010, acclamant l’ouverture de Ratzinger à la légitimité du préservatif. C’est pourquoi, un mois plus tard, la Congrégation a publié une Note sur la banalisation de la sexualité , dans laquelle il était précisé ce que Benoît XVI avait voulu dire et ce qu’au contraire il n’avait pas dit, ni ne pouvait légitimement affirmer.

Aujourd’hui, la Congrégation doit faire la même chose, puisqu’il est précisément de son devoir de dissiper les doutes et de confirmer dans la foi. Comme nous savons très bien que face aux appels du public, il est facile de faire la sourde oreille, nous enverrons une pétition par courrier recommandé à la congrégation susmentionnée, avec quelques questions précises et nous ferons part aux lecteurs des réponses éventuelles. Nous demanderons confirmation des positions des Considérations de 2003, en particulier du paragraphe cité ci-dessus, de la condamnation de la maternité de substitution, présente dans Donum Vitae, ainsi que de l’enseignement sur l’homosexualité résumé dans les numéros 2357-2359 du Catéchisme de l’Église catholique.

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