Ce titre énigmatique ne se réfère pas à l’anatomie du squelette papal mais aux « os » qu’il jette métaphoriquement pour faire diversion à la meute accrochée à ses mollets qui entend être payée de retour pour avoir aidé son élection. Un billet impitoyable et provocant de « The Wanderer », traduit ici en italien par AM Valli, qui aide à saisir à travers une série de faits qui sont sous les yeux de chacun, la stratégie du pape péroniste.

Comme l’auteur l’admet lui-même, cet article que je reprends du site Wanderer est très dur envers le pape François. L’article (titre original : Los huesos del papa Francisco) utilise des tons qui, pour beaucoup d’entre nous, provoquent pour le moins un certain malaise. Je crois cependant qu’il vaut la peine de le lire attentivement, car nous trouvons dans cette contribution, avec un réalisme impitoyable, des éléments utiles pour répondre à de nombreuses questions : pourquoi Bergoglio se comporte-t-il d’une certaine manière ? Quelle est la logique de son action gouvernementale ? Quels sont les objectifs ? Quelles sont les conséquences pour l’Eglise ?

Les os du Pape François

Original en espagnol: caminante-wanderer.blogspot.com

Le pape François – nous l’avons dit à maintes reprises sur ce blog – n’est ni un moderniste ni un conservateur, simplement parce qu’il ne possède pas l’intelligence spéculative nécessaire pour définir une position doctrinale; son intelligence est simplement pratique. Il n’a donc pas de doctrine. Sa théologie se réduit au catéchisme qu’il a appris dans les années 1950 et 1960 et à quelques lectures supplémentaires. Juste ça et rien de plus. Et parce qu’il est guidé par un intellect purement pratique, ses décisions sont prises non pas en fonction des principes et des vérités de la foi – qu’il ne comprend pas et qui ne l’intéressent pas – mais en fonction de l’opportunisme politique, d’abord le sien, puis, au mieux, celui de l’Église.

Ce que je formule n’est pas une simple supposition. Ceux qui connaissent le parcours biographique de Jorge Bergoglio (et en Argentine il y en a beaucoup qui le connaissent, même s’ils n’en parlent pas pour ne pas tomber dans sa miséricorde) peuvent amplement le confirmer.

Il n’est pas superflu de rappeler, par exemple, qu’après son mandat de jeune provincial de la Compagnie en Argentine, durant lequel il a été très conservateur et a soutenu la junte militaire qui dirigeait alors le pays, accordant même un doctorat honorifique de l’université jésuite du Salvador à l’amiral Massera, il a été confiné par ses frères religieux comme confesseur dans une école de Córdoba. Sa figure est ainsi devenue, pour les évêques et les prêtres argentins conservateurs – qui étaient majoritaires – celle d’un martyr du progressisme et des théologiens de la libération, et les meilleurs pasteurs, dont l’évêque Rodolfo Laise, ont fait des pèlerinages dans sa cellule à Córdoba.

Si Boèce, pendant son emprisonnement, cherchait du réconfort dans la philosophie, Bergoglio cherchait du réconfort chez ceux qui pouvaient l’aider à obtenir la mitre. Après avoir insisté jusqu’à l’épuisement (comme beaucoup en témoignent), finalement le cardinal Quarracino, malgré les nouvelles négatives reçues sur Bergoglio de la part du père Kolvenbach, supérieur général des jésuites, réussit à convaincre Jean-Paul II de le nommer évêque auxiliaire de Buenos Aires et il y est immédiatement nommé vicaire général.

Le siège argentin était déjà assuré et, le vent ayant tourné, Mgr Bergoglio s’est lui aussi orienté vers le progressisme, ce qui lui a permis, avec le temps, de succéder au pape Benoît XVI sous la pression des cardinaux conspirateurs qui se sont réunis à Saint-Gall, comme l’a avoué l’un d’entre eux, le cardinal Daneels.

Ces faveurs se paient, et le pape François a de nombreuses dettes à payer à ses électeurs. Cependant, il n’a pas l’intention de les payer, car pour ce faire, il devrait approuver des changements révolutionnaires dans l’Église auxquels il n’est pas prêt à souscrire, et ce non pas par principe, mais par instinct de survie et par mémoire. Il ne veut pas entrer dans l’histoire comme le pape qui a permis le sacerdoce féminin ou légitimé l’ « amour » homosexuel, c’est-à-dire qui a liquidé l’Église. Et donc, quand les chiens commencent à lui mordre les mollets, il leur lance un os pour les faire taire. C’est sa tactique depuis le début de son pontificat: leur donner ce qu’ils ont déjà, juste un os sans viande. Examinons quelques exemples.

  • Quand il a déclaré la peine de mort inadmissible en modifiant le Catéchisme – un acte qui satisfaisait le progressisme mondial – la peine de mort n’existait en fait dans aucun pays occidental à l’exception des États-Unis. Au fond, elle n’a rien accordé de plus que ce qui existait déjà. Un os jeté par le pape François.
  • Quand, dans une note de bas de page à Amoris laetitiae, il a permis à des personnes séparées vivant dans l’adultère, après une période de discernement, de recevoir la communion, il n’a fait qu’accorder ce qui existait en fait déjà depuis des décennies. Dans tous les pays du monde, cette pratique est très répandue et ne nécessite aucune procédure préalable. Une fois de plus, il n’a pas accordé plus que ce qui existait déjà. Un autre os du pape François.
  • Ses diverses allusions pleines de sympathie pour ceux qui pratiquent des actes homosexuels reflètent explicitement ce qui se passe dans l’Église depuis des décennies. Et je ne fais pas seulement référence à la présence prépondérante d’homosexuels actifs dans les rangs du clergé, mais aussi aux cérémonies de « bénédiction » des couples de même sexe qui se déroulent tranquillement dans les églises catholiques depuis de nombreuses années. Et cela se produit partout dans le monde. C’est une chose qui existe déjà et à laquelle François n’a fait que donner une certaine légitimité. Un autre os du Pape François.
  • L’amendement au canon 230, qui permet d’accorder le ministère de lectorat et d’acolyte aux femmes également, ne fait que légitimer une pratique qui existe depuis les années 1970. Et c’est Jean-Paul II – il faut le dire – qui l’a légitimé, en permettant aux femmes de lire les lectures des messes qu’il célébraient, ou en permettant aux femmes de servir la messe en 2001. Un autre os du pape François.

Et maintenant, quelques commentaires sur la stratégie du pape François.

C’est la malice typique du Vieux Viscacha  [personnage du poème gaucho Martín Fierro de l’écrivain argentin José Hernández, le Vieux Viscacha se caractérise par les conseils immoraux, égoïstes et sans scrupules qu’il donne à son élève, note d’AMV] et, comme les mensonges, elle a les jambes courtes. Les Allemands et tous les libéraux qui ont voté pour lui ne sont plus satisfaits des os qu’il leur jette et ne trouvent plus ça drôle. Ils veulent l’agneau entier. C’est la raison du fameux synode allemand: manger les moutons, puisque le berger tergiverse sur la question. Ce problème n’a pas échappé à Bergoglio mais, à mon avis, il avait prévu un pontificat plus court, qui lui aurait épargné les problèmes qu’il a maintenant: sa mèche s’épuise.

Une fois de plus, les origines des bas fonds péronistes du Pontife sont confirmées [dans l’original : los bajos fondos peronistas, note d’AMV]. La stratégie est similaire à celle des gouverneurs ou présidents péronistes qui inaugurent trois ou quatre fois une œuvre qui fonctionne depuis des années, ou qui n’a jamais été achevée. Tout cela pour obtenir des votes et apaiser les pauvres.

La grave conséquence de tout cela, bien sûr, est que par son action le Saint-Père hypothèque l’ensemble de l’Église. Il est vrai que les situations décrites ci-dessus ont effectivement existé, mais leur légitimation par des changements dans le Catéchisme ou le Code de droit canonique lie l’Église à l’avenir et crée un précédent très dangereux. La qualification canonique d’accorder des ministères aux femmes facilite, dans un avenir pas trop lointain, l’accès au diaconat, ce qui confirme ce qui a été dit au début : Bergoglio se moque de la doctrine, et c’est pourquoi il ne se soucie pas de la changer.

Nous avons dit à plusieurs reprises dans ce blog que la brutalité et la vulgarité de Bergoglio nous font oublier que la plupart des attitudes que les traditionalistes et les conservateurs remettent en question font référence à des situations qui se sont produites auparavant, mais qui, dans la mémoire de beaucoup, en particulier des néoconservateurs, ont été effacées. (…). La mesure d’amendement du canon 230, qui fait que ces derniers jours, tant de personnes se déchirent les vêtements, avait déjà été accordée il y a vingt ans par le pape Jean-Paul II, que beaucoup exaltent comme un exemple d’orthodoxie, de prudence et de sainteté. Ce que vaut la mémoire!

Remarque : on me dit souvent que je suis trop dur et irrespectueux envers le pape François. Bien que je sois sévère, je ne pense pas être irrespectueux. Je rappelle que Dante dans sa Divine Comédie a placé un pape en enfer et beaucoup d’autres au purgatoire, et même Michel-Ange dans le Jugement dernier a placé un puissant cardinal en enfer. Je prie pour que François se repente des terribles dommages qu’il cause à l’Église et sauve son âme.

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