Alors que les autorités sanitaires misent tout sur le vaccin (dans un cafouillage, au moins en France, digne des branquignols), il existe des traitements, même préventifs, simples et peu onéreux, que les grands laboratoires pharmaceutiques ont tout intérêt à discréditer. Parmi eux, ladite « vitamine D » (dont je découvre avec surprise que ce n’est pas une vitamine!), auquel Luisella Scrosatti consacre cet article explicatif très convaincant, en donnant la parole à un éminent médecin turinois – le Piémont est la seule région à avoir inclus la vitamine D dans le protocole Covid. Attention, personne ne prétend que c’est un remède miracle, c’est simplement (ce n’est déjà pas mal) un auxiliaire utile, et par ailleurs inoffensif, de lutte contre la maladie.

Covid, le succès de la vitamine qui n’est pas une vitamine

Luisella Scrosatti
La NBQ
20 mars 2021
Ma traduction

La vitamine D est une sorte d’hormone dont l’apport stimule la réponse immunitaire et la module. C’est pourquoi, dans la prévention et le traitement du Covid, il est important d’en prendre abondamment. Et les statistiques le prouvent. Dans la population italienne, il y a un fort problème d’hypovitaminose D, surtout dans le Nord, où il y a moins de soleil, grâce auquel la substance est synthétisée par la peau. Le Piémont est la seule région à avoir inclus la vitamine D dans le protocole Covid. Le professeur Giancarlo Isaia, président de l’Académie de médecine de Turin s’exprime.

Surveillance attentive et paracétamol. Avec ce mantra, le ministère de la santé a rejeté à tour de rôle d’importantes contributions cliniques pour traiter le Covid. La même attitude condescendante a également été utilisée à l’égard de la vitamine D, hâtivement rejetée comme quelque chose de toxique par les « scientifiques vedettes », invités dans tous les salons de télévision pour pontifier. À ce propos, nous avons posé quelques questions au professeur Giancarlo Isaia, directeur du Service Gériatrie et maladies osseuses métaboliques de l’hôpital de la ville de Turin et directeur de l’école de spécialisation en gériatrie de l’université de Turin depuis 2008. Le Dr Isaia est également vice-président national de la Société italienne de l’ostéoporose, du métabolisme minéral et des maladies du squelette et, depuis 2018, président de l’Académie de médecine de Turin.

Professeur Isaia, avez-vous remporté une petite victoire?

Suite à l’étude que nous avons publiée, la région du Piémont, première en Italie, a inclus la vitamine D dans le nouveau protocole de traitement du Covid-19. Il s’agit d’un résultat important, car il y avait eu toute une série de doutes à ce sujet. Selon l’AIFA et l’Istituto Superiore di Sanità, il y avait un manque de preuves scientifiques irréfutables. C’est vrai, mais nous avons une série de données qui, prises individuellement, ne sont certes pas une démonstration absolue de ce que nous allons dire, mais mises ensemble … Comme on dit : plus il y a d’indices, plus il y a de preuves.

D’où êtes-vous parti pour votre étude?

En mars 2020, nous avons émis quelques hypothèses – car à l’époque il n’y avait pas de données sur le Covid et la vitamine D -, par analogie avec d’autres virus pour lesquels la vitamine D avait fonctionné ; il s’agissait de simples suggestions. En novembre, nous avons commencé à réfléchir à ce qui s’était passé au cours des mois précédents et, en fait, nous avons constaté que plus de trois cents articles avaient été publiés sur PubMed sur ce sujet. Nous avons sélectionné les plus pertinents et nous les avons reproduits dans notre document, qui a recueilli 156 signatures de médecins italiens, tous chercheurs, professeurs d’université, spécialistes.

Parlez-nous de votre analyse.

Une étude sur les patients Covid, répartis entre les patients asymptomatiques et les patients très sévères, admis en soins intensifs, est particulièrement convaincante. Seuls 30% des premiers présentaient une hypovitaminose en vitamine D, contre 97% des seconds. Dans un autre cas, chez des patients présentant peu de symptômes, l’admission en soins intensifs était de 2 % chez ceux qui avaient pris de la vitamine D; chez ceux qui n’en avaient pas pris, l’admission en soins intensifs était de 50 %. Et ainsi de suite, comme vous pouvez le voir dans le document. Nous avons fait circuler notre étude autour du 3 décembre 2020, et nous n’avons reçu aucune réaction de la part d’aucune institution, à l’exception de la région du Piémont, qui l’a ensuite incluse dans son propre protocole, à la fois comme prévention et comme thérapie. Nous considérons qu’il s’agit d’un excellent résultat, sur le plan institutionnel.

Est-ce la seule région ?

Pour autant que je sache, oui.

Quelles sont les actions bénéfiques de la vitamine D sur l’organisme?

Commençons par dire que la vitamine D n’est pas une vitamine. On l’appelle ainsi car, lorsqu’elle a été découverte dans les années 1930, on pensait qu’il s’agissait d’une substance que le corps n’est pas capable de produire, mais qu’il doit prendre à l’extérieur. Ensuite, cependant, on a découvert que le corps est capable de le synthétiser à travers la peau, sous l’effet du rayonnement solaire, mais entre-temps, le nom lui avait été donné. Je dis cela parce qu’elle est souvent confondue avec d’autres vitamines – et, hélas, même le ministère, dans sa circulaire du 30 novembre, l’a confondue avec d’autres vitamines, en disant qu’il n’y a aucune preuve scientifique de leur utilité contre le Covid.

Si ce n’est pas une vitamine, qu’est-ce que c’est?

C’est une substance qui ressemble beaucoup plus à une hormone, et avec les hormones, elle présente des similitudes structurelles très marquées. Les hormones agissent sur une base sectorielle, où il y a des récepteurs, comme une clé (l’hormone) avec sa serrure respective (le récepteur). Les récepteurs de la vitamine D se trouvent dans un grand nombre de tissus, notamment sur les globules blancs, sur les lymphocytes. Nous avons deux types d’immunino-défense: l’immunité primaire, comme la peau, les muqueuses, qui agit sur tous les microbes, bactéries, etc. Ensuite, nous avons l’immunité acquise qui se « spécialise » sur certains agents pathogènes. La première est comme les murs d’une ville, la seconde, par contre, est une sorte de défense anti-aérienne ciblée. Face au SRAS-CoV-2, les lymphocytes T, également stimulés par les récepteurs de la vitamine D, activent l’immunité acquise vis-à-vis de ce virus. Lorsqu’un orage de cytokines se crée, il peut arriver qu’il soit excessif ; des dommages vasculaires très importants sont alors déterminés. La vitamine D est capable de bloquer ou de réduire la tempête de cytokines : d’une part, elle stimule la réponse immunitaire, d’autre part, elle la module.

La population italienne souffre d’hypovitaminose D, je pense surtout dans les régions du nord.

Les données de la littérature montrent que l’Italie est un pays où la prévalence de l’hypovitaminose D est très élevée. Dans les régions du nord, en particulier dans la plaine du Pô, les gens meurent davantage, probablement parce que cette hypovitaminose est plus élevée, car il y a moins de soleil, il y a plus d’humidité et de pollution atmosphérique, qui ont tendance à bloquer les rayons du soleil. En janvier 2021, nous avons publié un travail réalisé en collaboration avec l’ARPA (Agenzia regionale per la protezione ambientale), dans lequel nous avons évalué la quantité de rayonnement ultraviolet tombée sur le territoire italien au cours des six mois juin-décembre 2019. Nous avons utilisé un système satellitaire très sophistiqué et nous avons pu montrer que la quantité de rayonnement B tombée dans chaque région italienne pendant cette période était inversement proportionnelle, avec une statistique significative, au nombre de décès et d’infections par le SRAS-CoV- 2 dans chaque région. C’est une donnée qui nous fait penser qu’il pourrait y avoir une relation de cause à effet : les rayons ultraviolets, en plus de provoquer la synthèse de la vitamine D – un fait certainement positif – peuvent également provoquer la mort du virus.

De sorte qu’en été, les infections et les morts diminuent.

Exactement. Le soleil a une double action bénéfique : directe sur le virus et indirecte, en provoquant la synthèse de la vitamine D. Les gens ont besoin d’être au soleil: d’une façon ou d’une autre, cela ne pourra que leur être bénéfique. J’ai été frappé par le fait que certains couvents de religieuses cloîtrées ont eu beaucoup de problèmes et de décès dus au Covid. Il m’est revenu qu’il y a quelques années, un collègue m’avait demandé de diriger un couvent de cloîtres stricts près de Turin, où un nombre élevé de fractures du fémur se produisait. En faisant quelques analyses, nous avons vu que les religieuses étaient toutes en hypovitaminose D. Et donc, par une intuition issue de l’expérience clinique, j’ai commencé à faire le lien entre le Covid et la carence en vitamine D.

Parmi les personnes touchées par des complications graves, les hommes représentent un pourcentage plus élevé que les femmes. Peut-être parce que les femmes ont tendance à prendre du cholécalciférol après la ménopause?

C’est une hypothèse que nous avons également formulée. Il existe cependant une autre hypothèse. Il semblerait que l’hormone sexuelle mâle, la testostérone, par le biais du récepteur ACE-2, facilite l’entrée du virus. Mais cela pourrait être les deux facteurs. Il est cependant un fait que la population masculine est plus touchée.

Alors, docteur, que faisons-nous?

Il est clair que la vitamine D n’est pas le remède contre le covid, mais ce n’est pas une coïncidence si presque toutes les personnes qui meurent ou se retrouvent en soins intensifs ont un problème d’hypovitaminose D. Je suggère donc que nous commencions à saturer la population en vitamine D.

Pourquoi cela n’a-t-il pas encore été fait, étant donné que la carence en vitamine D crée toute une série de problèmes, en plus de ceux liés au Covid?

L’histoire de la toxicité de la vitamine D est ce qui a en fait empêché l’AIFA de l’autoriser. Le 29 mars 2020, l’agence Nova avait publié une déclaration d’un membre de la CTS, un de ceux qui passent toujours à la télévision, qui avait dit que, en abusant de la vitamine D, on risquait une insuffisance rénale. Ce n’est pas vrai, car la vitamine D à laquelle nous nous référons est le cholécalciférol et ne provoque pas ces problèmes ; j’ai vu des dosages vraiment excessifs donnés, sans causer aucun problème. Par conséquent, étant donné qu’il ne fait aucun mal, étant donné que l’hypovitaminose D est très répandue, surtout chez les personnes âgées, il serait sage de l’administrer, comme ils l’ont fait en Angleterre. Mais malheureusement, la gestion sanitaire de la pandémie n’est pas optimale.

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