Commentant le « décret-fantôme » du Pape exonérant la Fraternité Saint-Pierre de l’application du MP Traditionis Cutodes, Yves Daoudal (*) considère (à juste titre!) comme « odieux et contraire à la religion catholique que la liturgie latine traditionnelle redevienne l’apanage exclusif de quelques réserves d’Indiens« . Une idée que l’on retrouve aujourd’hui effleurée dans ce commentaire lu chez AMV.

(*) On voit ici et là les incurables bisounours se répandre en remerciements émus au très Saint-Père.

.
Certes, alors qu’on craignait que François détruise les instituts ex-ED en leur imposant de célébrer (aussi) la nouvelle messe, c’est une bonne nouvelle. Mais cela ne change rien au motu proprio Traditionis custodes, contrairement à ce que fantasment ceux qui le voient mis à la poubelle…

.
Le motu proprio de François a annulé celui de Benoît XVI, et c’est précisément ce que l’on voit. Benoît XVI permettait à tout prêtre diocésain de célébrer la messe traditionnelle, François le leur interdit, et il précise donc maintenant que cette interdiction ne concerne pas les instituts qui avaient le droit de célébrer la messe traditionnelle depuis leur création.

.
Ceux qui chantent les louanges du bon pape François ne pensent pas une seconde à tous ces prêtres diocésains et à tous ces fidèles qui dans le monde entier se retrouvent privés de la messe traditionnelle.

(…)

http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2022/02/21/un-decret-6367351.html
L’abbé Benoît Paul-Joseph
supérieur du district de France depuis 2015

Après la rencontre entre François et la FSSP / Pas de quoi se réjouir quand le destin est celui d’une réserve indienne

Je me permets d’exprimer quelques brèves considérations sur l’évolution des rapports entre le Saint-Siège et la FEPS après la promulgation du désastreux Traditionis custodes. J’ai lu avec attention le communiqué de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre, il a produit chez moi des états d’âme plutôt contrastés. D’une part, en effet, je ne peux que considérer avec une grande satisfaction le recul substantiel (que d’autres commentateurs ont défini, peut-être pas à tort, comme schizophrénique) par rapport à ce que le motu proprio semblait préfigurer pour toutes les entités ecclésiales. Cette orientation est d’ailleurs apparue pleinement confirmée par la brutale exhortation pastorale du Cardinal De Donatis (octobre 2021) dans laquelle il était expressément interdit à toutes les églises de Rome de célébrer les liturgies du triduum pascal selon les rites traditionnels. Avec la lettre du 11 février 2022, en revanche, Bergoglio confirme la pleine faculté pour la FSSP de célébrer, entre autres, le Rituel tel que défini dans les livres liturgiques de 1962.

Jusqu’ici tout va bien, mais…

L’attitude de satisfaction de la FSSP face à l’évolution de cette affaire me laisse extrêmement perplexe car elle semble ne pas considérer l’aspect fondamental de ce qui est réellement en jeu. A mon avis, en effet, on ne peut pas se réjouir (égoïstement) si toutes les infamies exprimées dans Traditionis custodes (soulignées à plusieurs reprises par de nombreux initiés, bien plus qualifiés et fiables que moi) « ne sont pas destinées à la Fraternité ». Nous sommes confrontés à un diktat par lequel la grande majorité des églises, des paroisses et du clergé se voient formellement interdire, pour toujours, de célébrer des liturgies catholiques sous des formes séculaires qui n’ont jamais été abrogées. La tradition est mise en lambeaux et, en même temps, l’introduction d’éléments néo-païens et souvent tribaux dans les messes du novus ordo est acceptée et encouragée par déférence à la contamination « œcuménique et multiculturelle ».

Suffit-il que les oukases du motu proprio ne soient pas appliqués aux « enclaves » traditionnelles aujourd’hui disséminées pour manifester une exultation qui me semble totalement déplacée ? Est-il possible que les responsables de la FSSP ne se rendent pas compte qu’ils se dirigent vers une réalité de « réserve indienne » dans laquelle ils n’auront aucune chance de se développer et dans laquelle aucune nouvelle institution traditionnelle ne pourra être fondée ? Derrière l’apparente préservation de ses spécificités, de ses traditions et de sa culture liturgique, la Fraternité et toutes les autres institutions similaires sont envoyées à une mort lente par un processus progressif et inexorable de consommation.

L’affaire qui a été formellement conclue ( ?) ces derniers jours entre le locataire de Sainte Marthe et les représentants de la FSSP m’a rappelé l’exultation de Lord Chamberlain à sa descente de l’avion qui le ramenait de la conférence de Munich en septembre 1938, brandissant triomphalement l’accord conclu avec le Führer.

Le seul espoir est que notre affaire se termine comme la Seconde Guerre mondiale [euh… pas vraiment, ndt].

Share This