Andrea Cionci nous parle ici du livre de François Bousquet (*) paru en 2019 et que je découvre aujourd’hui, puisqu’il n’a connu chez nous aucune couverture médiatique – preuve supplémentaire que la censure du politiquement correct recouvre d’une chape de silence toute opinion dissidente. Il fait écho à l’exposé d’AM Valli que je viens de traduire: AM Valli: « Nous et la ‘polis’ parallèle. Stratégie de résistance »

« Courage » (*) , le manuel de Bousquet pour une guérilla sans merci contre la pensée unique

www.liberoquotidiano.it/articolo_blog/blog/andrea-cionci/33047394/-coraggio-il-manuale-di-bousquet-per-una-spietata-guerriglia-al-pensiero-unico

NB: Les citations sont du français traduit en italien puis re-traduit en français, il peut donc y avoir de petites différences avec le texte d’origine

La guerre, on la mène pour la patrie, la guérilla pour reconquérir la patrie. Et c’est à la « Reconquista » de l’identité nationale, contre la pensée unique occupante, que l’intellectuel français François Bousquet a dédié en 2020 « Courage »(*), qui vient d’être traduit en italien. Essayiste et éditeur très proche de la Nouvelle Droite d’Alain de Benoist, Bousquet est l’un des représentants d’une classe intellectuelle de droite de valeur, déterminée et combative, qui manque cruellement à l’Italie [ndt: bof… elle manque aussi en France ou du moins ne dispose d’aucun espace pour s’exprimer. Mais la sagesse populaire dit que l’herbe est plus vraie dans le pré du voisin].

« Courage » est un manuel tactico-opérationnel, écrit avec élégance, passion et surtout rigueur. En premier lieu, retrouver la vertu du courage : sans elle, pas d’avenir. Bientôt, avec la proxémie de la fenêtre d’Overton, même le cannibalisme pourrait être dédouané, et l’auteur esquisse une série d’étapes savoureuses et plausibles.

Le courage est l’affirmation royale de la noblesse de l’homme : « Nous crevons de prudence, nous étouffons de sagesse empoisonnée, de charité mal placée », explique l’auteur, mais qui sont les bourreaux contre lesquels se rebeller ?

« Animateurs de talk-show, agents de prévention dans les transports publics, journalistes en vue, ayatollahs du rire, colporteurs d’émotions, acteurs vedettes, étudiants en sociologie, footballeurs tatoués, juges, rien que des mauviettes et des homoncules, des lilliputiens ».

Ce sont les « Torquemadas transgenres, les Robespierres féministes, les Vyshinsky panafricains » qui manipulent le langage, dans une sorte de tentative psychomagique où les mots ont, là encore, le pouvoir d’opérer le bien et le mal.

D’un côté, les vertus « douces » ont été corrompues : la sensibilité s’est transformée en émotivité, la faiblesse a été élevée au rang de vertu, dans une marée de bons sentiments sirupeux. De l’autre, l’ethos masculin a été démantelé par la fin du service militaire, la crise de la masculinité ouvrière et paysanne et la multiplication des familles monoparentales, mais le coup de grâce est venu des attaques combinées du gender, du féminisme et des minorités sexuelles.

Ainsi, les rêveries maçonniques et les utopies universalistes du XVIIIe siècle qui ont fait leur chemin dans les sociétés finissent par se révéler au grand jour : l’adversaire a tout colonisé, nous respirons son atmosphère, nous utilisons sa langue, nous subissons ses milices. Les idées de droite ont été expulsées de l’espace public, elles ne fonctionnent plus que comme des concepts à rejeter. Le Système utilise quatre moyens pour les annuler : 1) l’invisibilisation, 2) l’infériorisation, 3) la diabolisation et 4) la pathologisation au moyen de métaphores psychiatriques.

Et donc, « à la spirale du mutisme , il faut opposer celle qui consiste à parler en public sans demander la permission ». Ce faisant, le courage s’auto-alimente, devient de plus en plus fort, se multiplie, avec des effets d’auto-entraînement : la victoire appelle la victoire. 

« L’heure est à la mobilisation générale, celle où sonne l’appel des troupes, où l’on mesure dans la masse le nombre des braves et des audacieux. Qui est prêt à s’engager ? Parce que ceux qui ne s’engagent pas sont en fait des déserteurs et donc collaborent ».

Paradoxalement, Bousquet se réfère autant au bellicisme intellectuel de Gramsci qu’à l’audace des gays qui font leur coming out, mais il précise:

« C’est à notre tour de sortir à découvert et nous sommes beaucoup plus légitimes à le faire que les homosexuels, qui ont fait entrer la sphère privée dans la sphère publique, alors que pour nous il est temps de cesser d’enfermer dans le privé des engagements qui ne prennent tout leur sens que dans l’espace public ».

Bien qu’il s’agisse de la défense d’une majorité silencieuse, ceux qui gagnent sont les minorités intransigeantes, dans ce cas contre une pensée unique institutionnalisée. Et donc la guerre ne peut être qu’asymétrique : cocktails Molotov contre chars, MAS [Motoscafo Anti Sommergibile, vedette lance-torpilles utilisée comme moyen rapide d’assaut par la Regia Marina pendant la première et la Seconde Guerre mondiale, wikipedia]. contre cuirassés, commandos mobiles et meurtriers attaquant les divisions ennemies retranchées et en ébullition.

« Le courage ne s’exerce plus sur les champs de bataille, mais dans les arènes médiatiques, intellectuelles et politiques. Il n’est plus tant dans l’action que dans le discours. Le dire est l’action, le faire est la parole »,

mais aussi à travers de nouveaux canaux : caricatures, clips vidéo, mode, sport. Mais même les petits gestes quotidiens, comme ouvrir fièrement un journal « maudit » dans un café élégant et populaire, suffisent.

Rejet biologique du mensonge, mépris envers les indifférents, abandon de la nostalgie désuète: ce sont les conditions de la mobilité, de la force d’usure, de la furtivité, de l’art de la débrouille, du recours à l’ironie et surtout de l’inventivité, de l’ingéniosité, de la réactivité.

« Nous sommes le facteur X, le cygne noir, l’inattendu de l’histoire. Personne ne nous attend, on ne nous attend jamais ».

La seule déception de la lecture de ce livre, c’est qu’il n’ait pas été écrit par un italien.

Andrea Cionci

Ndt

(*) Courage !: Manuel de guérilla culturelle
La Nouvelle Librairie (20 septembre 2019)
252 p., 12€

François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments et directeur de la Nouvelle Librairie, est notamment l’auteur de La Droite buissonnière (éditions du Rocher).

Présentation de l’éditeur

Il y a des mots qui sonnent comme des charges de cavalerie ou des symphonies héroïques. « Courage  » en fait partie. François Bousquet l’a tiré des vieux volumes d’histoire pour lui redonner chair et le faire claquer comme un étendard. Sabre au clair, il signe, avec ce Manuel de guérilla culturelle, un manifeste fondateur à l’usage des jeunes générations – et des moins jeunes. Un bréviaire pour les cœurs rebelles qui ouvre des perspectives concrètes pour notre temps, sous réserve de renouer avec l’éthique européenne de nos pères : du courage en chaque chose. Sans lui, pas d’avenir. Sans lui, notre sort est scellé d’avance. Sans lui, notre épitaphe est connue de toute éternité : «  Mort de trouille, quelque part entre le XXe et le XXIe siècle. »

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