Au terme de l’Angélus du dimanche 16 octobre, le pape a annoncé que la prochaine XVIe assemblée ordinaire du Synode des évêques se tiendrait en deux temps, à savoir en deux sessions, à un an d’intervalle : la première se déroulera au Vatican du 4 au 29 octobre 2023, tandis que la seconde est prévue pour octobre 2024 (source). La brillante (et mordante) analyse d’Aldo Maria Valli.

L’extension du synode sur la synodalité et le triomphe des nouveaux dogmes de l’Église anti-dogmatique

Déjà, un synode sur la synodalité suscite la perplexité. L’Église qui ne devait pas être autoréférentielle se replie sur elle-même et se conçoit de plus en plus comme une institution entièrement humaine. Et puis la décision de François de prolonger le synode jusqu’en 2024 le renforce. L’Église se met ici dans une sorte d’assemblée permanente, un assembléisme qui rappelle celui de Soixante-huit et dont il est facile de prédire le résultat : une orgie de mots à la mode. Discernement par ici et discernement par là. Écouter et marcher, marcher et écouter. Avec les condamnations habituelles pour les rigides.

Les communautés locales, en réalité, ont écouté et n’ont pas réagi. Le désintérêt pour ce synode pléonastique est total. Mais au centre, au lieu de prendre acte, ils ont décidé de le relancer. Le centralisme des décentralisateurs est sans égal. Ainsi, le synode, d’ « événement », devient « processus ». Processus. Un autre mot en vogue. Ce qui donnera lieu à la production habituelle d’indétermination, de oui qui sont aussi des non, de non qui sont aussi des oui, de formules vagues qui tentent de faire tenir ensemble tout et le contraire de tout. Parce qu’il ne faut pas être rigide.

Né sous le signe de la collégialité, et il y aurait déjà beaucoup à dire sur le sujet, le synode se coule dans l’assembléisme. Mais truqué. Car avec le synode 2014-2015 sur la famille, le pape a forcé la main par rapport aux positions des évêques et l’a en fait géré en le pilotant depuis le centre. Et c’est la même chose aujourd’hui.

L’assembléisme qui se profile à l’horizon donnera donc la possibilité d’introduire des changements doctrinaux au nom de la décentralisation. L’autorité magistérielle sera encore plus dévaluée, la confusion sera encore plus prononcée et le peuple, le peuple bien-aimé dont on parle tant, sera encore plus désorienté.

Dans l’Église anti-dogmatique, les nouveaux dogmes s’accumulent : à côté de la marche et de l’écoute, la synodalité a désormais sa place. Un autre mot magique a été ajouté à la liste. La règle est que plus le sens est vague, mieux c’est. La décision de prolonger le synode sur la synodalité sert l’idée que l’Église doit toujours être en synode. C’est-à-dire de plus en plus liquide. Un assembléisme permanent qui côtoie l’autorité et devient même le magistère lui-même. Avec pour résultat de tout légitimer. Parce qu’une Église qui marche, écoute et discerne, une Église en synode, n’est pas une Église qui décide, qui fixe des limites, mais une Église qui est « ouverte » et « sortante ».

Préparons-nous à un déluge de mots vides et de formules ambiguës. Les nouveaux dogmes de l’Eglise anti-dogmatique se profilent et seront manipulés de manière toujours plus éhontée.

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