C’est un Italien qui l’écrit, et je me reconnais assez bien dans son réquisitoire… mais pas en entier. Les Français en prennent pour leur grade – il faut dire que l’Italie a un lourd contentieux avec nous, tout à notre passif, qui culmine avec Macron et le monstrueux « couple franço-allemand » (sic!) en passant par la révolution et les guerres napoléoniennes – mais l’auteur le fait carrément remonter à Charlemagne. Même si on ne reconnaît pas plus dans « la France née en 89 » que lui dans l’Europe de Bruxelles, pour certains faits de l’histoire, disons qu’il y a prescription.
L’article est précédé d’une intéressante réflexion de l’hôte, AM Valli.

Être européen. Et pourquoi donc devrais-je l’être, ou me sentir tel?

Fabio Battiston
via Duc in Altum

Fabio Battiston m’a envoyé cette invective anti-européenne et anti-européiste. Je me permets un post-scriptum. Contrairement à l’ami Fabio, je me sens européen. Je me sens européen surtout quand, quittant l’Europe, je mesure toute l’incomparable richesse culturelle et spirituelle de notre continent par rapport au reste du monde. Je peux également dire que, dans le passé, j’ai cru en l’idéal d’une Europe unie, qui n’a certes pas été réalisée et n’est pas représentée par l’appareil actuel appelé UE. Le projet de rassembler différentes visions de l’Europe au sein d’une seule entité institutionnelle et bureaucratique a échoué. Cela n’enlève rien au fait que la collaboration sur des questions spécifiques, comme l’énergie ou les transports, est nécessaire.
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(AMV)

La grande majorité de ceux qui se considèrent européens et pro-européens :

  • Ne parlent pas ma langue.
  • Ne professent plus ma foi religieuse.
  • Pendant des siècles, ont envahi mon pays avec leurs armées, apportant le deuil, la violence, la faim et les épidémies.
  • Croient, promeuvent et tentent de m’imposer leurs « valeurs », que je méprise au plus haut point : l’euthanasie, l’avortement, les droits des homosexuels et des familles, la multiethnicité, le multiculturalisme, l’immigration sauvage, l’environnementalisme et l’écologisme fidéistes, l’animalisme, le scientisme, le libéralisme non réglementé, le dogmatisme économique et financier féroce.
  • Nient les racines européennes gréco-judéo-chrétiennes sur lesquelles se fondent l’histoire, la culture et la spiritualité plus que bimillénaire de mon monde, le monde occidental (qui se transforme aujourd’hui dramatiquement en un appareil de mort). A leur place, un melting-pot fétide assaisonné à la sauce syncrétiste pseudo-religieuse, avec la bénédiction de l’euro-bouffon de Sainte-Marthe.
  • Veulent m’imposer une dictature technologique qui, au nom de leur miraculeuse numérisation de masse, concrétise un contrôle total, quotidien et omniprésent sur la vie de chaque individu.
  • M’ont imposé une monnaie apatride – un instrument de pouvoir politique et économico-financier – au seul bénéfice des deux puissances dominantes, à savoir l’Allemagne et la France avec la queue de leurs courtisans d’Europe du Nord.
  • Ont organisé, et m’ont fait élire, un parlement inutile, cruellement bureaucratique et ultra coûteux qui n’a aucun pouvoir exécutif. Dans le même temps, ils ont créé un véritable organe de décision dont les représentants et le programme ne sont pas soumis à l’examen de la volonté du peuple.
  • Se sont moqués des droits de l’homme, de la liberté et du respect en planifiant et en mettant en œuvre une monstrueuse dictature sanitaire digne des meilleures satrapies nazies-communistes.
  • Conduisent le monde – en obéissant aux diktats bellicistes du monstre américain ultra-radical et libéral – au seuil d’un conflit mondial dont personne ne peut garantir le contrôle.

Voilà le cadre. Mais alors, pour quelle noble raison devrais-je me sentir européen et partager ce grand « projet » d’unité ? Voici l’incroyable réponse de la pensée unique des oligarques continentaux : « Parce que c’est la seule façon de laisser définitivement derrière nous des siècles de guerres, de violence, de divisions, d’oppression et de dictatures ».

Qui soutient le plus vigoureusement cette thèse honteuse? Ce qu’on appelle aujourd’hui le mainstream, mais surtout le « couple monstrueux » : la France et l’Allemagne. Eh oui, ces peuples et nations qui, à partir du jour de Noël de l’an 800, ont initié avec le Saint Empire romain leur domination totale sur le destin de ce continent. Pendant onze siècles, jusqu’en 1945, ils ont été les protagonistes incontestés d’une histoire dans laquelle ils ont déclenché la grande majorité des guerres européennes (et mondiales). Enfin, ne pouvant plus compter sur leurs révolutions sanglantes, les impérialismes/colonialismes les plus infâmes et – surtout – leur « grande armée » et leur « panzer division », ils ont développé la grande idée : une Europe unie.

Tout est clair, non ? Les artisans des moments les plus cruels et les plus douloureux du continent sont les mêmes qui, depuis plus de soixante ans, offrent à l’Europe et au monde leur remède miraculeux. Bien sûr, pour eux, l’objectif reste le même : dominer toute l’Europe. Seuls les outils ont changé. Pas d’armées, de bataillons SS et de Tiger 2 ; pas de général Michel Ney ni de maréchal Erich von Manstein. A leur place : d’ignobles sépulcres blanchis qui veulent hypocritement nous imposer leurs modèles éthiques, familiaux et comportementaux (soutenus en cela par un clergé catholique représenté par les laquais misérables de la Conférence épiscopale européenne) ; des banquiers et des économistes sans scrupules ; des conseillers d’Ecofin [Conseil pour les affaires économiques et financières, cf. wikipedia] ; habiles manœuvriers des nouvelles divisions blindées qui s’appellent aujourd’hui Euro, Spread, Recovery Fund, instruments financiers mortels devenus une arme de chantage contre toute forme d’opposition (politique, juridique et sociale) des Etats membres, surtout les plus faibles et les plus « rebelles ». Regardons, par exemple, le « traitement » – digne des pires dictatures – réservé par l’UE à la Grèce, à la Pologne et à la Hongrie, et les représailles contre l’Italie chaque fois que des élections expriment des gouvernements et des coalitions « désagréables » pour les Gauleiters de Bruxelles et de Strasbourg.

Au début de la Seconde Guerre mondiale – nous sommes dans les moments qui précèdent l’invasion de la Pologne – les socialistes français, par la bouche d’un de leurs représentants, ont inventé la célèbre expression « Mourir pour Dantzig ? Jamais ! » En paraphrasant le dicton, je peux dire aujourd’hui sans risque : « Être européen ? Jamais ! »

(…)

Ciao Europa.

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