Comme promis, Specola nous livre la deuxième partie de son commentaire d’aujourd’hui: ses impressions sur la messe, à laquelle il a assisté à la première personne avant sa revue de presse habituelle du jour, que je ne traduis pas car elle rapporte des faits sans rapport direct avec ce qui nous occupe ici.


Specola, 5 janvier

Des funérailles dignes, des milliers de fidèles et une homélie mesquine

Après les funérailles, après avoir salué et fait nos adieux à plein d’amis venus en voyage éclair pour être présents sur la place Saint-Pierre, nous revenons la tête et le cœur pleins de tellement d’impressions de ce que nous avons vécu en ce jour et nous offrons notre deuxième et promise Specola d’aujourd’hui.

Ce fut une vilaine journée, pas de pluie, mais avec du brouillard tout au long de la célébration et une température froide pour l’ordinaire à Rome, un jour de deuil officiel en Italie, mais un jour ouvrable, un jour de travail et sans deuil officiel au Vatican, des choses du chaos dans lequel nous vivons, plein de contradictions. Un miracle, des milliers et des milliers de personnes présentes, un adieu digne pour le pape Benoît avec des chiffres que nous n’avions pas vus au Vatican depuis longtemps. La prédominance absolue de très jeunes gens, ce n’était pas le jour pour se promener avec des courbatures. Des religieux, oui, mais peu, des religieuses, un peu plus, beaucoup, beaucoup de prêtres, des milliers et très, très jeunes, on dit environ 4 000. De nombreux couples dans la fleur de l’âge avec leurs enfants, bambins et adolescents à leurs côtés. Il y avait beaucoup de silence, de sérénité, d’austérité et l’atmosphère de la prière qui, dans un espace ouvert, est toujours beaucoup plus compliquée. La liturgie était en latin, avec une réponse majoritaire des fidèles, qui maîtrisaient manifestement le sujet. Beaucoup d’agenouillement à la consécration, et beaucoup de communion dans la bouche et avec piété. C’est ce que nous avons vu.

Le plus regrettable a été sur le parvis, devant un peuple de Dieu très, très jeune, un club de cardinaux, très, très vieux, entrée et sortie sous les applaudissements du Pape Benoît, entrée et sortie du Pape François en fauteuil roulant et entouré d’un silence froid, pas un soupçon timide de quoi que ce soit, triste.

Le pire, sans aucun doute, a été l’homélie (*) pitoyable, dénuée de sens, hors du temps et du lieu, qui n’admet aucune comparaison avec l’homélie du pape Benoît aux funérailles de saint Jean-Paul II, ni dans le fond ni dans la forme. Regrettable et mesquin, il ne nous a pas surpris, nous attendons toujours une bonne surprise et nous nous retrouvons avec une nouvelle confirmation. Les faits sont ce qu’ils sont et resteront dans les annales de l’histoire, pas un seul applaudissement, un silence glacial devant une place qui était clairement là pour faire ses adieux à Benoît XVI, pas pour écouter François.

Certains parlent du début de la deuxième phase de la papauté de François : Le renvoi de Gänswein a été l’épilogue d’un conflit silencieux entre les traditionalistes catholiques, qui ont essayé de tirer le pape émérite pour qu’il critique davantage François, et le cercle de la ‘cour parallèle’ de la Casa Santa Marta. Monseigneur était devenu le bouc émissaire de l’affrontement, point culminant d’une tension déjà frémissante entre les cercles magiques des ‘deux papes’. Maintenant que Benoît XVI est mort, on se demande si une saison de confrontation plus dure entre les différents secteurs de l’Église est sur le point de commencer ; de critique ouverte de certains choix du pontife argentin ; et de confrontation finale avec ‘Don Georg’, peut-être aussi en utilisant sa dernière interview avec le journal allemand. Le fait d’avoir parlé du chagrin de Benoît XVI face au choix de son successeur pour décourager les messes en latin avant même la tenue des funérailles a été perçu par certains comme un geste d’imprudence ; une arme tendue à ceux qui veulent le remplacer même formellement comme préfet de la maison papale.

Bergoglio semble avoir compris avant les autres les inconnues qui s’offrent à lui. Il sait que Ratzinger représentait une garantie pour maintenir l’unité de l’Église, en retenant l’assaut de ceux qui voulaient sa prise de position contre François. Il sait qu’il n’a jamais dit un seul mot contre lui et qu’il a répété à plusieurs reprises : « Le pape est un ». Le danger, maintenant, est que sans la barrière protectrice de l’émérite, « les personnes blessées par François » qui sont allées « se faire soigner au monastère », pourraient être tentées d’organiser un front contre le pontife argentin ».

Le président « catholique » des États-Unis n’était pas présent aux funérailles, alors que les précédents n’étaient pas catholiques. Le président a justifié cette décision par des raisons logistiques et de sécurité. En fin de compte, la Maison Blanche a dû admettre que le président n’aurait pas été présent aux funérailles car le pape Benoît et le Vatican avaient exprimé le souhait précis que seul l’ambassadeur du Saint-Siège représente les États-Unis.

(…)

(*) J’ai finalement suivi la messe sur KTO, l’autre télévision étant décidément inregardable. Je n’ai pas vraiment écouté l’homélie (qu’il n’a évidemment pas écrite, laissant ce soin à un bureau de la curie, et qui avait le mérite d’être courte), mais je n’ai pas entendu le nom « Benoît XVI ». Il semble qu’il l’ait prononcé une fois, dans la conclusion. J’ai dû avoir un blanc. On peut de toutes façons la lire sur le site du Vatican

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