Les tensions s’aggravent entre les deux « camps », et elles proviennent essentiellement de celui bergoglien: la méchanceté et la mauvaise foi de quelques-uns de ses représentants fait froid dans le dos (c’est évidemment la dernière chose que Benoît XVI aurait souhaité, pour lui, il n’y avait pas de « camps », mais une seule Eglise, et il a toujours œuvré pour que « la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage », comme il l’avait dit aux évêques français en 2008 à Lourdes).
Les dernières interviews de son Secrétaire ne sont pas pour rien dans cette atmosphère de lutte sourde. Pourtant il n’a fait qu’énoncer des faits, pas son opinion personnelle.
L’article équilibré de Nico Spuntoni sur Il Giornale d’aujourd’hui fait le point. En passant, il se demande si la non-participation de Joe Biden aux obsèques était bien un souhait de Benoît XVI pour la raison qui en a été donnée: juste scrupule, car si l’on veut défendre la mémoire du Saint-Père, il faut être aussi rigoureux que possible. Mais celui-là est finalement un secret sans importance que Benoît XVI a emporté au ciel.

Le Vatican mis en accusation pour les funérailles de Benoît XV

Nico Spuntoni, Il Giornale, 8 janvier 2023
www.ilgiornale.it/news/vaticano/troppo-low-profile-vaticano-sotto-accusa-funerale-benedetto

Les premiers « poisons » au sujet de la gestion des funérailles du pape émérite, Joeph Ratzinger, apparaissent déjà. Et les premiers coups d’éclat de Mgr Georg Gänswein exaspèrent les « fans » de Bergoglio.

Près de dix ans après sa renonciation et cet inoubliable vol en hélicoptère au-dessus de Rome jusqu’à Castel Gandolfo, la brève agonie de Benoît XVI, sa mort et ses funérailles ont ramené son pontificat sur le devant de la scène.

Le profil bas choisi par le Saint-Siège pour faire ses adieux au premier pape émérite de l’histoire n’a pas suffi. On s’est peut-être laissé un peu emporter par le besoin compréhensible – surtout à la lumière des nombreuses spéculations qui ont suivi l’annonce – de préciser qu’il s’agissait des funérailles d’un Pontife qui ne règne plus. Ces derniers jours, en effet, l’absence de deuil dans la Cité du Vatican, la procession éclair du monastère Mater Ecclesiae à la Basilique Saint-Pierre sur une simple camionette, la poursuite des activités officielles comme l’audience générale, la demande faite aux gouvernements d’assister aux funérailles en privé et non avec des délégations officielles, à l’exception de celles de l’Italie et de l’Allemagne, ont suscité un large mécontentement.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui pensent que la machine organisationnelle n’a pas réussi à gérer correctement les premières funérailles de l’histoire d’un pape émérite. Qui n’était plus le pape régnant, certes, mais qui l’avait été pendant près de huit ans.

Les confessions de Gänswein

Comme dans une tempête parfaite, dans les jours de l’exposition du corps et des funérailles de Benoît XVI, on a vu circuler les anticipations d’un livre (Nient’altro che la verità) et une interview de son fidèle secrétaire particulier, Mgr Georg Gänswein, où il a explicité son choc d’avoir été « réduit de moitié », il y a trois ans, dans le rôle de préfet de la Maison pontificale, à la suite de la controverse suscitée par le livre défendant le célibat sacerdotal du cardinal Robert Sarah et dont Ratzinger était l’un des co-auteurs.

La réponse de Gänswein sur Traditionis Custodes, le document par lequel François a effectivement abrogé la libéralisation accordée en 2007 à la messe dite tridentine, est tout aussi retentissante: « Je crois que le pape Benoît a lu ce motu proprio avec le cœur plein de douleur« , a déclaré l’archevêque allemand au journal Die Tagespost.

La vérité sur la messe en latin

Gänswein a été sévèrement attaqué par certains initiés. Les révélations du « préfet réduit de moitié » font craindre des divisions au sein de l’Église, qui risquent d’éclater à nouveau après la mort de Benoît XVI. Et en effet, à ce jour, même certains cardinaux et évêques ont admis l’existence de tensions.

On reproche au secrétaire particulier d’avoir dit la vérité : son absence depuis janvier 2020 dans les occasions publiques en tant que préfet de la maison pontificale n’est pas son opinion mais un fait. De même, il est difficile d’être surpris d’apprendre que Benoît XVI n’a pas apprécié le motu proprio qui a annulé l’une des mesures les plus importantes de son pontificat, ce Summorum Pontificum par lequel il avait voulu réaffirmer une fois pour toutes la pleine « citoyenneté » dans l’Église de l’usage de la liturgie romaine avant la réforme de 1970. C’est François lui-même qui a loué à plusieurs reprises le don de la parrhésie et le courage de la franchise dans ses homélies.

La question de la continuité

Les réactions aux propos de Gänswein dénotent plutôt l’agacement d’avoir rendu manifeste le fait qu’il est difficile de parler de continuité entre les orientations des deux pontificats. Ce n’est pas la première fois que cela se produit dans l’histoire de l’Église, mais c’est la première fois à l’époque contemporaine que cela se produit avec un prédécesseur encore vivant.

Mais, d’un autre côté, il était presque inévitable que cela se produise avec l’élection en 2013 de l’homme qui était – selon toutes les reconstitutions – le concurrent de Joseph Ratzinger au conclave de 2005. L’absence de continuité ne peut cependant pas conduire à la contestation de la légitimité par ceux qui risquent de confondre – certains de bonne foi, d’autres non – les différentes sensibilités ecclésiales avec les supporters de football/politique.

Veto présumé sur Biden ou choix « low profile » ?

Un court-circuit de cette approche a pu être observé ces derniers jours face à la nouvelle selon laquelle la non-participation du président américain Joe Biden aux funérailles aurait été la conséquence d’un souhait précis exprimé par Benoît XVI. La porte-parole Karine Jean-Pierre a expliqué à la presse que l’actuel locataire de la Maison Blanche ne serait pas présent à Rome « conformément aux souhaits du défunt pape et du Vatican ». Ces mots ont été interprétés comme une « gifle » de Ratzinger au président démocrate, considéré comme une personne indésirable peut-être en raison de ses positions pro-avortement.

Il reste cependant à savoir si les souhaits auxquels Jean-Pierre fait référence correspondent à cette « demande explicite de la part du pape émérite que tout soit sous le signe de la simplicité » dont la communication officielle du Saint-Siège avait parlé en quelque sorte pour préparer le terrain aux funérailles où les seules délégations officielles admises étaient les délégations allemande et italienne. Un low profile, donc, dont le Vatican a été accusé ces dernières heures, et qui aurait certainement été entaché par la présence de l’homme « le plus puissant du monde ».

En revanche, les indications du Saint-Siège selon lesquelles les chefs d’État des autres pays seraient présents seulement à titre personnel ont provoqué plusieurs sérieux maux de ventre : le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a fait part de son malaise en expliquant que le Portugal aurait dû être représenté officiellement en tant que futur organisateur des JMJ. A moins de confirmations retentissantes, donc, il est difficile de penser à l’existence d’un veto ad personam de Benoît XVI sur Joe Biden.

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