Il ne faut certes pas tomber dans la paranoïa (dans le complotisme, diraient certains). Mais le fait est que la publication, par les principaux titre de la presse MONDIALE (et pas seulement italienne, donc l’argument de marketing ne tient pas, car le livre, écrit en italien, est a priori destiné à un marché national, donc limité) a plus desservi le secrétaire de Benoît XVI qu’elle ne lui a fait de la publicité. Elle a même justifié son ordre d’expulsion immédiate par le Chef, et sa disgrâce définitive. Et la maison d’édition (prestigieuse) risque d’y perdre sa réputation, pour pratiques commerciales douteuses. C’est le deuxième épisode (après celui du livre co-écrit avec le cardinal Sarah) qui atteint Mgr Gänswein. Alors, cui prodest?

Les derniers livres de Mgr Georg Gänswein : coïncidences ?

Du blog de Mrco Tosatti
www.stilumcuriae.com/ultimi-libri-di-mons-georg-gaenswein-coincidenze-mastro-titta

J’ai des informations fiables selon lesquelles le fichier [informatique: file] imprimé du livre « Nient’altro che la verità » tourbillonne dans les sous-bois du Réseau, libre et heureux comme un colibri : chats, groupes Telegram, mails, etc..

Il existe un précédent concernant le livre « Des profondeurs de nos cœurs », écrit par Robert Sarah avec Joseph Ratzinger-Benoît XVI et publié par Cantagalli : des chats des université du Vatican, il est parvenu à divers journaux et sites, comme Formiche [géré, il me semble, par l’Opus Dei], qui fut parmi les tout premiers à en parler. La polémique fut chaude.

C’est l’incident du livre à double signature Sarah-Ratzinger qui est à l’origine de la réduction de Mgr Gänswein à la dimension contemplative de sa préfecture par le pape François.

S’il n’en a pas été la cause principale, il en a été le prétexte, ou du moins l’un des principaux chefs d’accusation, car en tant que secrétaire personnel de Benoît XVI et préfet de la maison pontificale, il est au centre de ces choses, et de beaucoup d’autres bien plus importantes.

Dans les deux cas, Gänswein a été convoqué et, selon les rumeurs, a été miséricordieusement [ndt: on sait le sens de cet adverbe, dans ce contexte!] réprimandé. Après le premier, il a été mis à la porte, ou plutôt dans une sorte de limbes : un préfet diminué de moitié et non opérationnel.

Dans le second, qui porte toujours une double signature, la sienne et celle de Saverio Gaeta, nous verrons où il sera envoyé, soit à Urbisaglia [Mgr Gänswein a été nommé évêque in partibus d’Urbisaglia, une sorte de titre de courtoisie], soit précisément à Gaeta [petite ville du Latium]. Il est peu probable que l’infraction soit lavée à l’eau bénite.

Dans les deux cas (le premier, publié pendant le synode d’Amazonie, était une défense extrême du célibat des prêtres, le second promettait des révélations sur ce qui se passe réellement au Vatican), la sortie du livre a provoqué nervosité et embarras à la Maison Mère.

Dans les deux cas, le fichier d’impression – la mise en page sans la couverture – échappa au contrôle des éditeurs respectifs. Nous ne parlons pas des derniers venus: nous parlons de Piemme – éditeur du livre de GG) et de Cantagalli [qui sont les principales maisons d’édition en Italie, ndt].

Le fait que cela constitue une violation des droits commerciaux sur l’œuvre est à la fois objectif et relatif : retracer la source est ardu, poursuivre tous les diffuseurs impossible.

Que cela corresponde à un préjudice économique ou à une publicité gratuite – l’interdit a toujours un certain attrait – est relatif, ou du moins discutable.

Il est de notoriété publique que les éditeurs de ce niveau sont peu susceptibles de réaliser sciemment des « opérations sales » de ce type : en admettant qu’ils y gagneraient quelque chose en termes de visibilité, ils subiraient un préjudice de réputation bien plus important que le bénéfice immédiat.

Mais, par une singulière combinaison d’événements indésirables, les ouvrages en question ont fait l’objet d’une fuite dans leur intégralité sous forme numérique.

J’ai été le témoin direct de la tentative d’un grand institut du Vatican de retirer du marché un ouvrage très important et unique, promu et payé par l’institut lui-même, quelques mois seulement avant l’ « incident » Ratzinger-Sarah.

Ces incidents sont probablement beaucoup plus fréquents que nous le pensons et surtout que nous le savons.

La spéculation, quelle qu’elle soit, est risquée, voire injuste : toutes les situations ambiguës s’exposent à des interprétations controversées, parfois même opposées, et l’on risque de faire beaucoup de mal aux personnes et aux choses.

Nous devons nous contenter des faits. Comme le dit un personnage du film The Counselor [en français Cartel], écrit par Cormac McCarthy,

« mes clients ne croient pas aux coïncidences : ils en ont entendu parler, mais ils n’en ont jamais vu ».

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