L’archevêque de Chicago a écrit un article dans son journal archidiocésain ”appelant à la pleine inclusion des homosexuels actifs dans la vie de l’Église”. Et dans cet article, il se réfère à Benoît XVI dont il souligne à contretemps la proximité avec François, puis qu’il cite hors contexte dans Deus caritas est et en inversant carrément ses intentions formulées dans la fameuse note de 1986 pour la pastorale des personnes homosexuels

La déformation scandaleuse du Pape Benoît par le Cardinal Cupich

Phil Lawler
www.catholicculture.org

Reprenant le flambeau du Cardinal McElroy [cf. www.riposte-catholique.fr] – et ignorant les fortes mises en garde de Mgr Aquila [Archevêque de Denver, Colorado] et de Mgr Naumann [Archevêque de Kansas City], entre autres – le Cardinal Blase Cupich de Chicago a écrit un article dans son journal archidiocésain appelant à la pleine inclusion des homosexuels actifs dans la vie de l’Église.

En fait, le cardinal ne mentionne pas l’homosexualité dans sa chronique. Mais toute personne au courant des débats actuels au sein de l’Église saura ce qu’il veut dire lorsqu’il se lamente :

« Il y a des voix qui insistent sur le fait que l’Église doit exclure les pécheurs d’une participation plus complète à la vie de l’Église jusqu’à ce qu’ils se soient réformés, par respect pour la justice de Dieu. »

Le Cardinal Cupich ne dit pas que les homosexuels actifs devraient être admis à la communion, mais son argumentation mène clairement à cette conclusion. Et bien sûr, la même logique suggérerait d’accueillir à l’Eucharistie tous les catholiques qui sont divorcés et remariés, ou qui soutiennent l’avortement légal, ou qui bafouent les enseignements de l’Église sur d’autres questions morales.

Malheureusement, nous sommes maintenant habitués à entendre des dirigeants catholiques éminents qui remettent en question les enseignements fondamentaux de l’Église et refusent de défendre des normes morales claires. Pourtant, cette tribune du cardinal Cupich est étonnante parce qu’elle déforme de manière flagrante la pensée de ceux qui soutiennent la tradition catholique éternelle – en particulier, le défunt pape Benoît XVI.

Le cardinal commence son article en faisant remarquer qu’une croyance ferme dans la puissance infinie de la grâce de Dieu est l’un des « nombreux points de convergence entre feu le pape Benoît XVI et le pape François ».

C’est vrai, mais comme cette croyance est un aspect fondamental de la foi chrétienne, il n’est pas surprenant que deux pontifes romains la partagent. Pourquoi alors le Cardinal Cupich met-il un point d’honneur à invoquer le Pape Benoît XVI ? Cela devient clair quelques paragraphes plus loin.

Après avoir cité les mises en garde du pape François contre « la logique gnostique froide et dure », le cardinal écrit :

Ainsi, une approche pastorale qui exclut préventivement quelqu’un de la vie de l’église et de son ministère est une affaire sérieuse et doit être remise en question.

Pouvez-vous nommer quelqu’un – n’importe qui – qui exclurait de manière préventive quelqu’un de la vie de l’Église ? Moi pas. L’Église catholique nous accueille tous, et puisque nous sommes tous pécheurs, elle nous enseigne comment grandir dans la vie de la grâce. En même temps, l’Église – suivant l’avertissement de Saint Paul – nous avertit que nous perdons cette grâce, et mettons en danger nos âmes, si nous recevons l’Eucharistie alors que nous sommes en état de péché grave. Le Cardinal Cupich ne fait pas la distinction élémentaire entre inviter quelqu’un à se joindre à l’Église dans la prière, et inviter cette personne à partager l’Eucharistie, peut-être pour sa propre damnation.

Avons-nous oublié que l’Église a toujours considéré l’admonestation du pécheur comme une œuvre de miséricorde ? Nous n’excluons pas quelqu’un de la vie de l’Église lorsque nous l’exhortons à suivre les normes morales que notre Seigneur nous a transmises ; nous l’incitons à la pleine communion.

Le Cardinal Cupich met, à juste titre, l’accent sur la miséricorde de Dieu. C’est ici qu’il invoque le pape Benoît, qui a dit que la miséricorde de Dieu – sa volonté de pardonner – « est si grande qu’elle retourne Dieu contre lui-même, son amour contre sa justice ».

Ce passage saisissant de Deus Caritas Est (n° 10) ne nie cependant pas les exigences de la justice divine. Dieu est prêt à pardonner, anxieux de pardonner, un pécheur repentant. Mais Il n’encouragera certainement pas le pécheur à poursuivre sur la voie de l’autodestruction.

En fait, comme le Cardinal Cupich le sait très bien, avant son élection à la papauté, le Cardinal Ratzinger était bien connu pour les avertissements qu’il émettait de la part de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, mettant en garde contre la réception de la Communion par les Catholiques qui étaient divorcés et illégalement remariés, ou qui étaient des partisans notoires de l’avortement légal. Ainsi, l’affirmation selon laquelle Ratzinger/Benoît soutient l’argument de Cupich est dans le meilleur des cas trompeuse.

Un portrait plus honnête de la pensée du Pape Benoît ne laisserait aucun doute sur le fait qu’il rejette le raisonnement du Cardinal Cupich. Considérez le langage clair de la déclaration publiée par sa Congrégation en 1986, Sur la pastorale des personnes homosexuelles :

Néanmoins, aujourd’hui, un nombre croissant de personnes, même au sein de l’Église, exercent une pression énorme sur l’Église pour qu’elle accepte la condition homosexuelle comme si elle n’était pas désordonnée et qu’elle tolère l’activité homosexuelle… Les ministres de l’Église doivent s’assurer que les personnes homosexuelles dont ils ont la charge ne seront pas induites en erreur par ce point de vue, si profondément opposé à l’enseignement de l’Église.

Le Cardinal Cupich n’aurait pas écrit cet article s’il avait tenu compte du conseil donné par le Cardinal Ratzinger dans ce même document :

Dans cette perspective, cette Congrégation souhaite demander aux évêques d’être particulièrement prudents à l’égard de tout programme qui pourrait chercher à faire pression sur l’Église pour qu’elle modifie son enseignement, même en prétendant ne pas le faire.

Le Cardinal Cupich termine son article par un appel à

« une conversion pour être saint comme Dieu est saint, pour aimer parfaitement, comme Dieu aime parfaitement, en se tournant contre nous-mêmes et vers l’amour qui pardonne ».

Ironiquement, cette exhortation est superficiellement similaire à celle proposée par le Cardinal Ratzinger dans ce document de 1986, dans lequel il suggère que les homosexuels devraient être encouragés à être saints, à se tourner contre leurs impulsions et à rechercher le pardon de Dieu.

La différence fondamentale entre ces deux exhortations – une différence qui est claire dans les déclarations de Ratzinger, mais camouflée dans la tribune de Cupich – est que l’un des prélats met au défi les pécheurs de changer leur vie, et d’entrer plus pleinement dans la vie de l’Église, tandis que l’autre veut changer non pas les pécheurs mais l’Église.

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