Cette fois, à la télévision suisse en langue italienne (RSI). Une chaîne assez confidentielle, en tout cas d’audience limitée, compte tenu de la taille restreinte de la zone concernée (la Suisse italienne, qui  comprend principalement le canton du Tessin, a une superficie d’à peine 3 800 km2  pour environ 370.000 habitants).
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Le Pape ne laisse à personne le soin de faire le bilan (laudateur, forcément) de ses dix ans de pontificat, passant systématiquement par dessus le système de communication du Vatican, qui ne lui inspire aucune confiance (à quoi sert-il, au juste?). On n’est jamais si bien servi que par soi-même – pardon du lieu commun, mais il n’est pas pire que ceux que François enfile au kilomètre.
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Le blog espagnol Specola fait un compte-rendu pas vraiment enthousiaste, cette interview est selon lui une de plus – une de trop – et ne présente pas le moindre intérêt, ni par le « prestige » du média engagé (clairement une « périphérie », qu’il affectionne), ni par la qualité de son contenu, comme d’habitude des banalités déjà entendues mille fois.


Specola
10 mars 2023

Encore une interview, nous remarquions déjà l’absence, cela faisait trop de jours que nous n’avions pas eu une des habituelles émanations accordées par le Pape François. Celle-ci est accordée à la radio et à la télévision suisse en langue italienne, consacrée aux dix ans de son pontificat, elle sera disponible dans son intégralité dimanche soir avec des sujets tels que : la guerre, la santé, l’Europe, Rome et l’Argentine.

Ces interventions du pape François rappellent les grands monuments que l’on voit dans les basiliques romaines, construits par les souverains pontifes de leur vivant pour qu’on s’en souvienne après leur mort. Aujourd’hui, ils sont préservés pour leur valeur artistique et le nom du promoteur a été oublié; des nombreuses interviews il ne restera rien, elles n’ont aucune valeur littéraire, elles sont répétitives ad nauseam et d’une insupportable complaisance. L’interview en cascade d’aujourd’hui suit le modèle des nombreuses interviews précédentes et ne suscite aucun intérêt. Elles sont de plus en plus souvent accordées à des chaînes de plus en plus locales, sans intérêt et à faible audience, avec un minimum de « rebond » dans les grands médias.

Le pape François évoque à nouveau l’hypothèse de sa démission. « Je suis vieux. J’ai moins de résistance physique, le genou a été une humiliation physique, même si maintenant je guéris bien ». [Il démissionnera s’il ressent] « une fatigue qui ne permet pas de voir les choses clairement. Le manque de clarté, de savoir comment évaluer les situations. Aussi le problème physique, peut-être. Je pose toujours des questions à ce sujet et je suis les conseils. Comment ça va ? Il te semble que je dois… aux personnes qui me connaissent, même à certains cardinaux intelligents [!!]. Et ils me disent la vérité : continuez, c’est bien. Mais s’il vous plaît : criez à temps ».

Il aborde le conflit en Ukraine : « En un peu plus de cent ans, il y a eu trois guerres mondiales : 14-18, 39-45 et celle-ci, qui est une guerre mondiale. Elle a commencé par des parties et maintenant personne ne peut dire qu’elle est mondiale. Les grandes puissances sont enchevêtrées. Le champ de bataille est l’Ukraine. Le monde entier s’y bat. Cela suggère l’industrie de l’armement, la mise à l’essai de nouvelles armes ». Sur une éventuelle médiation avec Poutine : « Je lui parlerais aussi clairement que je le fais en public. C’est un homme éduqué. Le deuxième jour de la guerre, je me suis rendu à l’ambassade russe auprès du Saint-Siège pour dire que j’étais prêt à me rendre à Moscou à condition que Poutine me laisse une fenêtre de négociation. Lavrov m’a écrit pour me remercier, mais ce n’est pas le moment. Poutine sait que je suis disponible. Mais il y a là des intérêts impériaux, non seulement de l’empire russe, mais aussi d’autres empires. C’est la façon dont l’empire fait passer les nations au second plan ».

Il explique à nouveau pourquoi il a choisi de rester à Santa Marta : « Deux jours après l’élection, je suis allé prendre possession du palais apostolique. Ce n’est pas très luxueux. C’est bien fait, mais c’est immense. J’ai eu l’impression d’un entonnoir inversé. Psychologiquement, je ne peux pas le supporter. Je suis passé par hasard devant cette pièce. Et je me suis dit : ‘Je vais rester ici’. C’est un hôtel, les gens viennent de partout ». À propos des funérailles de Benoît XVI, il admet les « problèmes critiques » : « Pourquoi ces funérailles sobres ? Les maîtres de cérémonie s’étaient « cassé la tête » pour faire les funérailles d’un pape non régnant. C’était difficile de marquer la différence. Maintenant, j’ai dit d’étudier la cérémonie pour les funérailles des futurs papes, tous les papes. De simplifier un peu ». Il revient sur les clichés familiers du commérage, disant que c’est « un fléau »; et que « la réalité est mieux vue depuis les extrêmes que depuis le centre ».

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