AM Valli a rédigé la post-face de  Parole chiare sulla Chiesa. Perché c’è una crisi, dove nasce e come uscirne  (Paroles claires sur l’Eglise. Pourquoi il y a une crise, où elle naît et comment en sortir) écrit par un prêtre de la FSSPX don Daniele Di Sorco, qui développe l’idée (je simplifie) que la source de tous les maux est Vatican II. Son parcours personnel est d’une certaine façon exemplaire.

Son interview sur le site traditionaliste radical Radio Spada est d’un grand intérêt, même pour ceux qui ne liront pas le livre (ce sera probablement le cas pour les Français, ou plutôt ceux qui, parmi les Français, sont intéressés par le sujet – évidemment un sujet « de niche »), car il montre en effet le parcours (dans lequel certains pourront se reconnaître) d’un homme issu des rangs, disons pour faire simple, du catholicisme « libéral » mais qui a connu une sorte de « chemin de Damas », mûri lentement à travers les expériences personnelles. Et il ne craint pas de parler de « conversion ».

Je ne renie rien du passé… Je pense simplement que le Seigneur a été très bon avec moi en m’amenant à ouvrir les yeux. J’ai vécu quelque chose qui ressemble à une conversion et j’en suis très reconnaissant à la divine Providence. Si quelqu’un est déçu [par mon parcours] je lui dis en toute sincérité que je me suis simplement laissé guider. Je me suis senti pris par la main vers un horizon plus clair et maintenant le brouillard autour de moi s’est dissipé.

Il évoque brièvement la note « salée » qu’il a dû payer en raison de la publication sur son blog du fameux « Rapport Vigano » d’août 2018 dénonçant les turpitudes de McCarrick et les complicités au Vatican (dossier ici: benoit-et-moi.fr/2019/le-rapport-vigano, on lira en particulier le récit de la première rencontre entre AMV et Mgr Vigano), alors qu’il était un vaticaniste-star du service public – preuve que François, le pape qui prétendait démondaniser l’Eglise, fait partie intégrante du système, qui, à travers son bras armé des médias, fait bloc pour le défendre.

Ceux qui me connaissent savent que je ne me cache jamais, même lorsque mon parcours personnel devient assez difficile, et qu’il n’y a pas d’arrière-pensées derrière mes choix. La preuve en est que j’ai payé un prix salé pour mon parcours, qui m’a conduit à quitter la grande sphère du journalisme national.

Puis il aborde son parcours personnel de catholique post-conciliaire « nourri » au rite ambrosien :

Le contexte postconciliaire dans lequel j’ai grandi, dans mon cas ambrosien, ne m’a jamais confronté à des formes extrêmes de modernisme. J’ai connu de bons prêtres et de bons religieux, respectueux de la liturgie, attentifs à ne pas faire manquer le sacrement de pénitence, révérencieux envers le culte marial, attentifs même à l’adoration eucharistique. J’ai commencé à connaître personnellement les dégénérescences et les abus dans les années 1990, quand j’ai déménagé à Rome pour mon travail.

Pour lever toute ambiguïté et prouver qu’il n’appartient à aucune « chapelle » et reste indépendant, il se démarque du milieu traditionaliste, même s’il nourrit à son égard de la curiosité bienveillante et du respect:

En 2000, à l’occasion du Jubilé, j’ai rencontré pour la première fois les disciples de Mgr Lefebvre et j’ai été impressionné positivement. J’ai également commencé à étudier la figure du fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et, peu à peu, je me suis rendu compte qu’il avait manifesté immédiatement, à propos du Concile, les perplexités, les critiques et les doutes que j’éprouvais moi-même.

(…)

En ce qui concerne le milieu traditionnel, je ne peux certes pas dire que je le connais bien, mais d’après le peu que j’en sais, je constate qu’il est extrêmement fragmenté et souvent conflictuel. C’est peut-être le prix à payer lorsqu’il y a une recherche passionnée de la vérité. À ma manière, j’essaie de tirer le meilleur des différentes expériences.

Et pour finir, il aborde le sujet de la situation de l’Eglise: le pontificat de François est « catastrophique » et il est temps que le cauchemar prenne fin:

Le pontificat de François a provoqué une situation de stress profond dans l’Église. Si on parle du Saint-Siège, on a hâte que ce désastre prenne fin.

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L’autoritarisme péroniste de Bergoglio a depuis longtemps dépassé ses limites.

Dans les Palais sacrés, les gens vivent dans un climat de confusion, d’incertitude et de peur, avec un gouvernement exposé aux caprices du caudillo sud-américain.

Dans cette situation, la plupart font le mort, pour ne pas se faire remarquer par le chef, tandis que les courtisans tissent la toile, mais à leurs risques et périls, car le tyran peut vous faire passer des étoiles aux écuries en un clin d’œil.

À leur tour, les évêques sont fatigués. On parle beaucoup de synodalité, mais la réalité est celle d’un centralisme capricieux. La conséquence est que même les évêques essaient d’être invisibles.

Les cardinaux ne se connaissent pas, car Bergoglio a soigneusement évité d’offrir des occasions de véritable confrontation. En raison des nominations démagogiques de Bergoglio, la qualité du Collège des cardinaux n’a jamais été aussi faible.

Quand le défunt cardinal Pell, dans son mémorandum signé Demos, a écrit que « ce pontificat est un désastre à bien des égards, une catastrophe », il savait ce qu’il disait.

La plupart des fidèles n’en sont toujours pas conscients et se laissent guider par une propagande progressiste et par des prêtres dont la formation ne peut même plus être qualifiée de catholique.

Cependant, même pour les progressistes, il est devenu difficile d’exalter ce pape et ce pontificat. Bergoglio ne fait que répéter les mêmes concepts médiocres. Non seulement il ne confirme pas les frères dans la foi, mais il n’offre même pas de véritables pistes de réflexion.

Avec Bergoglio, c’est le pontificat lui-même, en tant qu’institution, qui a subi un coup terrible. Il y a ensuite une minorité de fidèles (mais c’est une minorité qui grandit sans cesse) qui a ouvert ou qui ouvre les yeux, mais qui se trouve souvent dans le désarroi, parce qu’il y a un manque presque total de points de référence parmi les pasteurs.

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