C’est Paul VI qui avait voulu le Synode des évêques, il s’agissait dans son esprit de créer, suivant les orientations indiquées par Vatican II, un organisme non hiérarchique favorisant « l’union et la collaboration étroites entre le Souverain Pontife et les évêques du monde entier » [Nico Spuntoni). La décision de François d’ouvrir le droit de vote aux laïcs et aux femmes est clairement une rupture fracassante avec le passé.

Il est tombé sur nous, cet édifice immense
Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour.

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Alfred de Musset, s’adressant à Voltaire
(Rolla, Poésies nouvelles, 1857)

Aujourd’hui, François se distancie non seulement de Benoît XVI (et de Jean Paul II) mais même du Pape qui a assumé la mise en œuvre du Concile, qu’il a lui-même béatifié, puis canonisé.

Maintenant, la question est:
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Les évêques (et a fortiori les cardinaux) vont-ils se laisser déposséder de leurs prérogatives (qui leur viennent du Christ, pas des hommes, encore moins de François), sans broncher? N’y aura-t-il personne pour dire haut et fort: MAINTENANT, ÇA SUFFIT? Ont-il tous opté pour le suicide collectif?
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Mais patience: le prochain conclave est loin d’être joué, et réservera peut-être des surprises…
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Femmes et laïcs au Synode, voilà la révolution du Pape François

Nico Spuntoni
Il Giornale
17 avril 2023

Lors de la prochaine assemblée sur la synodalité, soixante-dix non-évêques sélectionnés par les conférences épiscopales et appuyés par François voteront

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François efface Paul VI. Lors de la prochaine assemblée du Synode, non seulement les évêques voteront, mais – en plus des cinq religieuses et des cinq religieux appartenant à des instituts de vie consacrée qui ont été élus – soixante-dix membres non évêques auront également le droit de vote, dont des fidèles laïcs qui seront choisis par le pape sur une liste de cent quarante personnes, dont la moitié doit être des femmes.

Ce qui change

L’annonce a été faite hier dans un communiqué du secrétariat général du Synode, qui redéfinit les critères de participation et de vote de l’organe voulu par Paul VI pour la collaboration épiscopale avec le Pape. Les soixante-dix membres qui ne sont pas évêques devront être composés à 50 % de femmes et la présence des jeunes sera également renforcée. Pour être admis sur cette liste représentant le peuple de Dieu – comme le précise le communiqué – ils devront être sélectionnés par les réunions internationales des conférences épiscopales et ensuite désignés par François lui-même.

Montini archivé

Le Synode des évêques a été institué par Paul VI avec le motu proprio Apostolica sollicitudo du 15 septembre 1965, qui reprenait une exigence longtemps débattue du Concile Vatican II. Une institution que Montini avait motivée en expliquant qu’il n’avait pas voulu « former une nouvelle concentration hiérarchique artificielle » mais plutôt « intéresser l’épiscopat au travail d’application des lois conciliaires » et se prévaloir de sa collaboration pour aider au gouvernement universel de l’Église.

Le thème de la collaboration des évêques à la responsabilité du Siège de Pierre était très présent chez Paul VI qui, avant même d’être élu, en avait parlé explicitement dans son homélie funèbre à Milan à l’occasion de la mort de Jean XXIII. Avec Apostolica sollicitudo, le pape brescian [originaire de Brescia] ne s’était pas contenté d’instituer le Synode, il en avait aussi fixé la physionomie et les limites. La définition d’une « institution ecclésiastique centrale » visant à « favoriser l’union et la collaboration étroites entre le Souverain Pontife et les évêques du monde entier » y figurait en bonne place. Ce texte a été confirmé dans sa quasi-totalité par la promulgation du Code de droit canonique.

Les nouveautés annoncées hier changent radicalement l’approche originale voulue par Paul VI.

Synode sur la synodalité

La prochaine assemblée, la première où les nouvelles règles seront appliquées, se tiendra à deux moments différents : en octobre, puis un an plus tard.

Le pape a souhaité que ce synode soit consacré à la synodalité : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ».

Outre le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, François a choisi comme rapporteur général de l’assemblée le cardinal luxembourgeois Jean Claude-Hollerich, favorable à la réouverture du débat de l’Église sur l’ordination des femmes. S’adressant au Corriere della Sera, l’archevêque jésuite – qui se décrit lui-même comme « pas un grand théologien » – a salué les nouveautés dans la composition de l’assemblée, affirmant que « si Paul VI se souciait avant tout de la collégialité épiscopale, François a depuis le début placé le peuple de Dieu au centre. Le pape dit : « tous, tous ».

L’élargissement aux laïcs dépendra toutefois des noms choisis d’abord par les conférences épiscopales, puis par le souverain pontife lui-même, et ils ne seront pas nécessairement les plus représentatifs de la majorité des fidèles.

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