Les projections d’Aurelio Porfiri ne nous apprennent aucun scoop, pas de nom de « papabili », pas de « totopapa », pas même de vue d’ensemble du collège cardinalice façonné par François à son image, mais simplement une catégorisation, et un portrait robot à très gros traits du pape qui pourrait sortir du prochain conclave. Des prévisions prudentes, donc, sans risque pour leur auteur, mais intéressantes car elles permettent à chacun de « choisir » sa catégorie préférée et d’y insérer sa propre liste de noms. Comme l’a dit Pierre Dac: « la prévision est un art difficile…. surtout quand elle concerne l’avenir ». Nous verrons.

Scénarios pour le prochain pontificat

Aurelio Porfiri
(AM Valli, Duc in altum)
20 juin 2023

Je tiens à dire tout de suite que je souhaite de tout cœur au pape François santé et longue vie [ndt; je laisse à l’auteur la responsabilité de cette formule…] : Dominus conservet eum et vivificet eum et beatum eum faciat in terra. Mais un jour viendra où il faudra un nouveau pape. Je voudrais donc réfléchir aux scénarios possibles et voir dans quelle mesure ils sont humainement envisageables, compte tenu de la composition actuelle du conclave.

  • Un pape en continuité absolue avec François. Je crois que c’est possible, improbable, en raison de ce que je vais dire dans le point suivant. L’unicité de François et de ses actions est aussi celle d’être sud-américain. Un journaliste sud-américain très proche de François m’a dit qu’il est difficile de comprendre François si l’on ne comprend pas qu’il est sud-américain et, j’ajouterais, qu’il est jésuite. Je ne pense pas que ces situations particulières se reproduiront facilement lors du prochain conclave.
  • Un pape en apparente continuité avec François. Il me semble que c’est sur cela que les conservateurs devraient parier. Dans quel sens ? Nous avons des exemples de cardinaux qui ont pris des virages traditionnels : l’exemple le plus illustre est celui de Joseph Ratzinger [ndt: mais quand il a été élu pape, le tournant, si tant est qu’il ait jamais existé, avait été pris depuis longtemps!]. Le conclave sera façonné par François et il est donc presque certain que le cardinal élu sera un cardinal qui ne s’est certes pas opposé à lui. On peut espérer que la grâce d’état éclairera l’élu et lui donnera le courage d’affronter comme il se doit l’une des crises les plus graves de l’Église.
  • Un pape parmi les cardinaux opposants. Honnêtement et avec tout le respect que j’ai pour l’Esprit Saint, cela me semble une possibilité très éloignée. Il s’agirait d’un démenti retentissant du pontificat précédent au sens traditionnel du terme : dans l’état actuel des choses, cela semble plus qu’improbable.
  • Un pape de transition. Or, si j’ai compris quelque chose à l’histoire de l’Église, c’est que les papes de transition sont à craindre. On les imagine comme des vieillards candides qui sont là pour chauffer la place du successeur mais, une fois qu’ils sont montés sur le trône papal, on ne sait pas où ils vont. Regardez Jean XXIII et vous comprendrez ce que je veux dire [ndt: mais au vu de l’âge où ils ont été élus, Benoît XVI et François ont pu eux-mêmes passer pour des papes de transition!]. Mais un pape de transition pourrait aussi être une bonne chose : peut-être les cardinaux iront-ils à la pêche de quelqu’un aujourd’hui silencieux et bon mais qui, une fois pape, se révélera être un super-héros. Qui sait ?
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