Un rédacteur du site Silere non possum passe à la moulinette la énième interview du Pape, celle qu’en avant-première de son déplacement au Portugal il a concédée à la revue catho de gauche « Vida Nueva ». Le plus incroyable est ce qu’il raconte du conclave qui l’a élu. Mais, dit l’auteur de l’article, non sans humour

personne ne croit à la feinte candeur de François. Alors que Bergoglio continue d’insulter tous ceux qui se couvrent d’un minimum de spiritualité, il veut faire croire à ceux qui lisent ses interviews qu’il n’était au courant de rien et qu’il marchait dans les couloirs de Santa Marta avec une auréole sur la tête et de la musique sacrée en fond sonore.

Le Pape durant l’interview, avec les « camarades » de Vida Nueva.
On dirait une réunion syndicale

LE PAPE FRANÇOIS DANS UNE NOUVELLE INTERVIEW. IL PARLE MÊME DU CONCLAVE


Silere non possum

On ne compte plus le nombre d’interviews que Jorge Mario Bergoglio a données au cours de son pontificat. À Buenos Aires, les prêtres l’appellent « le moulin à paroles ». Et en effet, là-bas, le temps du confessionnal est largement occupé par les plaintes des fidèles sur l’engagement politique de leur ancien archevêque. Il est bien connu que les laïcs confondent souvent le confessionnal avec un espace psychothérapeutique, notamment parce qu’il est gratuit, et qu’à cette occasion, ils ne lésinent pas sur les mots pour dire tout et n’importe quoi. La seule chose qu’ils ne disent pas, ce sont leurs péchés. Il suffit de se confesser deux ou trois heures à Buenos Aires pour pouvoir lire en connaissance de cause ce qui se passe ici au Vatican par le successeur de Pierre.

À force de donner des interviews, François atteint donc les derniers jours de son pontificat. Quelle est la meilleure façon de légitimer son action ? Parler de la manière dont on a été élu. Évidemment, parole de scout, c’est l’Esprit Saint. Alors que ses prédécesseurs ont toujours respecté, plus ou moins, le secret du conclave, François parle librement et plus il parle, plus des détails intéressants de cette époque émergent.

Dans une interview accordée à Vida Nueva, Bergoglio révèle quelques détails des jours du Conclave.

Qui sait pourquoi le Pape accorde toujours des interviews, seulement et uniquement, à ceux qui épousent sa ligne « politique » de direction de l’Église. Il n’a jamais accordé une seule interview à quiconque l’a interrogé sur les problèmes évidents de ce pontificat.

Le conclave de 2013

François raconte au magazine:

« Je vais vous dire une chose je suis victime de l’Esprit Saint… Je pensais rentrer chez moi après l’élection du pape. J’ai même laissé mon sermon pour le dimanche des Rameaux et le Jeudi saint prêt à Buenos Aires. Pendant le conclave, il y a eu plusieurs détails révélateurs, mais je ne me suis rendu compte de rien sur le moment. Rétrospectivement, je les ai vus. Je n’ai même pas été inquiet quand le premier vote a eu lieu et que certaines personnes ont mentionné mon nom.

.

Cette nuit-là, je suis monté au cinquième étage de la Casa Santa Marta pour rejoindre le cardinal de La Havane, Jaime Ortega, et lui apporter les notes qu’il m’avait demandées sur les paroles que j’avais prononcées lors des congrégations générales, lorsque j’avais parlé de la joie douce et réconfortante de l’évangélisation, du danger d’une Église autoréférentielle et de la mondanité spirituelle, ainsi que de la nécessité d’aller vers les périphéries.

Quand je les lui ai remises, il a dit : « Oh, comme c’est beau ! J’emmène un souvenir du pape ». Je n’ai même pas remarqué le commentaire sur le moment. Quand j’ai pris l’ascenseur pour descendre au deuxième étage, où je me trouvais, j’ai rencontré le cardinal Errázuriz, qui m’a dit : « Avez-vous déjà préparé le discours ? « Lequel ? » « Celui de la loggia ». J’ai ignoré cela aussi, comme si rien ne s’était passé.

.

De même, le lendemain, il s’est passé quelque chose dans la salle à manger. Un autre cardinal a commencé à me parler et m’a demandé de me joindre à lui pour parler à un groupe d’électeurs européens : « Votre Éminence, venez, nous voulons en savoir plus sur l’Amérique latine. Parlez-nous ». Moi, je ne me suis pas rendu compte que j’étais en train d’être testé.

L’affaire a été conclue quand, par la suite, un cardinal ami m’a approché pour s’enquérir de mon état de santé. J’ai démenti certaines rumeurs concernant ma santé, sans leur accorder la moindre importance. A tel point que je suis allé faire une petite sieste. Ensuite, je suis allé voter comme tout le monde. Avant d’arriver à la chapelle Sixtine, j’ai rencontré le cardinal Ravasi et nous avons entamé une conversation en marchant. Je lui ai avoué que j’utilisais ses livres pour enseigner et à partir de là, nous avons commencé à parler de tout, jusqu’à ce que nous entendions une voix au loin :  » Vous entrez ou vous n’entrez pas ? Parce que je ferme la porte… ». Nous sommes presque restés dehors…

.

Je vous raconte cela parce qu’au fond, on est victime de la Providence, de l’Esprit Saint. C’est comme ça que je suis entré dans le conclave et c’est comme ça que j’en suis sorti.

Au premier vote de l’après-midi, alors que tout était presque décidé, le cardinal Hummes, qui était derrière moi, s’est approché de moi et m’a dit: « Ne t’inquiète pas, c’est comme ça que l’Esprit Saint travaille ». Et quand j’ai été élu par le vote final, il m’a fait remarquer ce que j’avais déjà dit tant de fois : « N’oublie pas les pauvres ». Conclusion : je partage cela pour qu’ils voient que l’Esprit Saint existe et que je crois qu’il m’a placé.

Les bavardages de François

Plus il parle, plus les problèmes de ce conclave apparaissent. François révèle [toutes choses que l’on savait déjà mais qui sont maintenant confirmées par le protagoniste] qu’au cours des congrégations, il a parlé clairement des thèmes qu’il propage dans chaque homélie. La mondanité spirituelle, le cléricalisme, etc… Et alors ? Qu’est-ce qui nous étonne ? Pourquoi tant de membres du Sacré Collège pleurent-ils aujourd’hui ? N’étaient-ils pas eux aussi à l’intérieur de cette chapelle ?

Les événements qui ont conduit à la démission de Benoît XVI et au « conclave éclair » en ont certes déstabilisé plus d’un, mais peut-être est-il temps de reconnaître que ces princes de l’Église ont perdu la conscience de la réalité.

A-t-on vraiment été « fasciné » par les discours de Jorge Mario Bergoglio sur la mondanité spirituelle lors des congrégations ? Vraiment, à la lumière de ce qui s’est passé le 11 février 2013 et les mois précédents, y a-t-il quelqu’un qui a été convaincu que le problème de l’Église était la mondanité spirituelle ? À un moment de l’histoire où les paroles de Benoît XVI prononcées lors de la missa pro eligendo en 2005 sont devenues encore plus actuelles, le problème de l’Église serait le cléricalisme. Un mot dont personne n’a encore trouvé de définition claire et sans ambiguïté.

Personne ne croit donc à la feinte candeur de François. Alors que Bergoglio continue d’insulter tous ceux qui se couvrent d’un minimum de spiritualité, il veut faire croire à ceux qui lisent ses interviews qu’il n’était au courant de rien et qu’il marchait dans les couloirs de Santa Marta avec une auréole sur la tête et de la musique sacrée en fond sonore.

Il ne s’est pas rendu compte, et il a encore moins réalisé. Mais après, les prêtres de Buenos Aires ont rapporté : « Où sont exactement les homélies qu’il avait préparées ? » Oui, car même les billets de retour dont François parle souvent n’ont pas été retrouvés. Peut-être qu’un fidèle serviteur peut en fournir une copie pour dissiper les doutes, non ?

La réalité est autre et il est clair que François est venu d’Argentine au Vatican avec la conviction, qui le guide d’ailleurs depuis dix ans, qu’ici nous sommes tous des idiots et qu’il est le seul sain d’esprit. Dans ces conditions, il faut changer l’Église. Maintenant ! Et c’est ainsi que dix ans durant, le droit, les règles, la liturgie, la doctrine, etc. ont été détruits. Le chaos est donc couvert par le mot : Esprit Saint.

La référence que François fait au cardinal Gianfranco Ravasi est aussi quelque chose qui explique beaucoup de choses. Que Ravasi ait voté pour Bergoglio est un fait bien connu et il n’a pas peur de le revendiquer dans ses propres salons intellectuels. Mais en regardant le récit du pape dans cette interview, on comprend comment il a pu impressionner une personnalité narcissique comme celle du préfet émérite du Conseil pontifical pour la culture. Si vous dites à Ravasi que vous lisez ses livres, au bout de deux secondes il voterait même pour vous à l’élection présidentielle des États-Unis d’Amérique.

Le problème est que l’élection de François a donné lieu à de nombreuses considérations de ce type et que très peu ont pensé au bien de l’Église. Sans oublier que Ravasi est très lié à des cercles très peu transparents et qui sont excommuniés depuis 1983 [les francs-maçons]. Ses discours sont toujours remplis de culture et très peu de Jésus-Christ. Si vous l’invitez à présider une célébration, vous pouvez oublier d’y insuffler une atmosphère de prière. La fête patronale doit devenir sa scène

Mais il y a une quantité de sujets qui poussent comme des champignons au cours de ce pontificat. Toutes des personnalités semblables au cardinal ambrosien [Ravasi est ordonné prêtre dans le diocèse de Milan], c’est-à-dire imbues d’elles-mêmes. Même des « aspirants prêtres » [séminaristes] qui colportent la propagande du parti : « La confusion mène ensuite à quelque chose de bon: la parésie ». Idioties. Dommage que certains n’aient pas compris qu’en dix ans de confusion, nous n’avons fait que contribuer à détruire des vies (pensez aux réductions de l’état laïc ex abrupto, aux commissariamenti, aux licenciements, aux fausses accusations, etc. Nous avons fait entrer ceux qui étaient à l’extérieur et nous avons fait sortir ceux qui étaient à l’intérieur. Nous avons empêché l’ordination des « rigides » et chassé les « confus ». Nous avons promu les prêtres qui propagent les hérésies et nous avons marginalisé les prêtres qui prêchent la bonne doctrine.

Ce sont toujours les curés qui sont au milieu des gens et qui ne savent plus quoi leur dire qui en paient le prix. Les gens sont désorientés et vous ne savez plus quoi dire. À un moment de l’histoire où les gens se tournent vers n’importe qui pour avoir des certitudes, l’Église n’est plus capable d’annoncer fermement Celui qui est vraiment la seule espérance et la seule certitude.

Share This