Andrea Cionci, l’auteur du « Codice Ratzinger », et père de la théorie selon laquelle « Bergoglio » serait un usurpateur et Benoît XVI dans une situation canonique inédite qui l’aurait maintenu reclus au Vatican (sujet dont nous avons abondamment parlé dans ces pages), était resté silencieux – du moins sur son blog hébergé par Libero Quotidiano – depuis la mort du Saint-Père. Il revient aujourd’hui sur ce blog pour commenter une nouvelle qui a fait un petit buzz cet été dans les médias, jusqu’en France, et suscité quelques commentaires, souvent condescendants – mais pas seulement, il y avait aussi de la curiosité. Occasion de revenir sur un sujet qui n’est nullement tranché (qu’on croie ou pas à la théorie de Cionci, qui est DE TOUTES FAÇONS TROUBLANTE) , je veux parler de l’énigme de la démission /renonciation de Benoît XVI.

Voir aussi dans ces pages

Benoît XVI était « in sede impedita » : l’étrange vol au-dessus du Nord-Est

www.liberoquotidiano.it
Andrea Cionci
28 août 2023

De Caorle, en Vénétie, aux Marches, jusqu’à Fano : 350 km de vol pour traîner dans le ciel une banderole sur laquelle on pouvait lire « Benoît XVI a été empêché ». Pratiquement 9 % du littoral péninsulaire a été « couvert », prenant par surprise les baigneurs rassemblés sur la Riviera romagnole (jamais aussi nombreux que cette année). Le passage de l’avion jaune, qui a même effectué plusieurs évolutions, a été accueilli avec étonnement, applaudissements, quelques rires amusés, et une majorité de visages interrogatifs.

En effet, la « Magna Quaestio » – bien qu’archi-connue dans les milieux ecclésiastiques et par les observateurs catholiques – est interdite à la plupart du public par un embargo troublant de la part du mainstream.

C’est le 18 août 2021 que, dans les pages de ce même Libero, nous avons pour la première fois proposé au public une nouvelle interprétation de la Declaratio du pape Benoît XVI : non pas une abdication peu claire ou erronée (comme l’ont récemment admis Bergoglio lui-même et le cardinal Müller) – totalement nulle et non avenue canoniquement, selon certains juristes et théologiens – mais une annonce très cohérente d’un détrônement prochain et d’un placement dans un « siège totalement empêché » : un statut canonique parallèle à la sede vacante, mais profondément différent, où le pape est prisonnier, confiné, exilé. Il est évident qu’un conclave ne peut être convoqué avec un pape qui n’a pas abdiqué, mais qui est empêché, de sorte qu’un dispositif anti-usurpation aussi sophistiqué aurait fait de Bergoglio, ou de toute autre personne élue du vivant de Ratzinger, un antipape.

La traduction de la Declaratio réalisée par le célèbre latiniste Gian Matteo Corrias, confirmée par le professeur Rodolfo Funari, renvoie donc non pas à une renonciation à la papauté, mais à une sorte de prophétie auto-réalisatrice : le pape Benoît, le 11 février 2013, a annoncé qu’après 17 jours, il perdrait le ministerium, (le pouvoir d' »être pape ») tout en conservant le munus (le fait d’ « être pape »). Et cela n’arrive qu’en cas d’empêchement du Siège. Le pape allemand a également averti que le prochain – vrai – conclave ne devrait comprendre que de vrais cardinaux (« ceux à qui il appartient de le faire »).

Le 16 juillet déjà, un autre avion avait pris son envol avec l’inscription « Benoît XVI n’a jamais abdiqué », sur un trajet plus court (100 km), survolant la côte du Latium entre Ostie et Circeo. Une fois de plus, le parrain de l’initiative, réalisée grâce aux dons spontanés de plusieurs particuliers (sept Italiens et un Suisse), a été l’association sans but lucratif d’avocats Arbitrium, dont la présidente, Valeria Panetta, commente :

« Benoît XVI est resté le seul pape jusqu’à sa mort, mais il a envoyé des signaux éloquents qui ont clarifié la question canonique. Nous espérons que les cardinaux authentiques nommés avant 2013 déclareront que le pape est mort le 31 décembre et convoqueront le conclave pour l’élection du nouveau pontife, conformément à la constitution apostolique Universi Dominici Gregis (art. 3, 76, 77). Y aura-t-il des controverses ? Tout est désormais clair : le pape Benoît n’a jamais abdiqué, il était in sede impedita« .

Il est remarquable que le pape Ratzinger lui-même n’ait jamais rejeté cette interprétation, même lorsqu’il a honoré l’auteur d’une lettre personnelle : en effet, en octobre dernier, il a envoyé Mgr Gänswein à l’université de Lumsa pour rapporter que « si vous ne croyez pas, la réponse se trouve dans le livre de Jérémie », qui traite précisément d’un prophète captif : « Je suis empêché et je ne peux pas entrer dans le temple du Seigneur » (cf. « Ou vous croyez, ou vous ne croyez pas ». L’énigme du « pape empêché »: et si c’était vrai?).

Nombreux sont ceux qui demandent : « Pourquoi le pape Benoît n’a-t-il pas parlé clairement ? Le siège empêché ne permet pas au prisonnier de s’exprimer librement, de plus, il voulait que les croyants, « flairant le vrai berger », se séparent des non-croyants, comme il l’a déclaré à la Herder Korrespondenz. Benoît a utilisé un style de communication particulier, que nous avons appelé plus tard le « code Ratzinger », avec lequel il a lancé des input perturbateurs, comme lorsqu’il a prétendu être le premier pape à démissionner après un millier d’années. La dernière abdication remonte à 1415, soit 598 ans plus tôt, précédée en 1294 par l’abdication par excellence: Célestin V. Pour le pape Ratzinger, le mot démission ne peut donc pas signifier abdication. Inversement, en 1013, soit précisément 1000 ans plus tôt, un autre pape, Benoît VIII, a lui aussi renoncé de la même manière au ministerium, sans abdiquer.

Le sujet est un tabou intouchable par les médias : Bergoglio est, en fait, le meilleur témoignage de la pensée unique mondialiste, et tout le mainstream est avec lui. Il n’est pas étonnant qu’au moment même où l’UE lance de nouvelles restrictions à la liberté d’information, François reçoive un prix de journalisme. Ainsi, pour briser le mur de caoutchouc, un catholique fidèle à Benoît a décidé de percer les nuages en « criant du ciel » un message sans équivoque.

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