L’Archevêque émérite de la Plata affirme que « l’orientation du pontificat s’est clairement manifestée lors du voyage en Mongolie » – voyage qui aurait pu être, pour le successeur de Pierre, une occasion unique d’évangéliser, puisque le très petit nombre de catholiques dans ce pays indique qu’il s’agit pour l’Eglise d’une terre pratiquement « vierge », qui n’a pas encore vraiment reçu la Bonne Nouvelle. Au lieu de cela, nous avons eu droit à l’habituelle « salade interreligieuse », sanctionnant rien de moins que « l’abolition du christianisme »:

Le sel kierkegaardien, ayant perdu sa saveur, est entré dans la composition de la salade avec les écrits bouddhistes, Gandhi et Saint François d’Assise, tous cités dans la messe.

Le voyage de François en Mongolie : l’abolition du christianisme

Hector Agüer
Archevêque émérite de La Plata
12 septembre 2023
rorate-caeli.blogspot.com

La communauté catholique de Mongolie est minuscule, avec quelque 1 500 fidèles, ce qui laisse supposer que le pays n’a pas vraiment été évangélisé en profondeur. La présence du Successeur de Pierre y présentait une excellente opportunité : n’était-il pas possible, éventuellement, d’annoncer le nom de Jésus-Christ, avec respect et cordialité envers les auditeurs bouddhistes, et de se présenter non pas comme le porteur d’un message humaniste mais comme ce qu’il est, le Vicaire du Christ ?

Malheureusement, les voyages du Pape ne sont pas des gestes d’évangélisation mais des gestes vaguement religieux ; la proclamation du kérygme, comme il sied à la fonction apostolique, ne s’y trouve pas à la première place. Cette fois, il s’agissait d’un sermon contre le fondamentalisme :

« L’étroitesse d’esprit, l’imposition unilatérale, le fondamentalisme et la coercition idéologique ruinent la fraternité, alimentent les tensions et mettent en danger la paix ».

Le discours de saint Paul à l’Aréopage d’Athènes (Actes 17, 22-31) est un modèle qui peut être appliqué analogiquement aujourd’hui au rapport entre la vérité catholique et la religiosité des « nations ». L’Apôtre n’a pas préparé une salade interreligieuse comme celle servie en Mongolie. Par ailleurs, nous pouvons nous demander en quoi consiste une attitude pastorale, au sens chrétien du terme.

« Le fondamentalisme met la paix en danger », titre le journal « La Prensa » de Buenos Aires à propos de l’avertissement du Pape. C’est vrai : le fondamentalisme progressiste installé à Rome perturbe la paix de l’Église, dont la discorde gâche la beauté. Lors de la rencontre qui s’est tenue au théâtre Hun de la capitale Oulan-Bator, où étaient réunis des chamans locaux, des moines bouddhistes et un prêtre orthodoxe, le souverain pontife a fait l’éloge des « traditions religieuses, dans leur originalité et leur diversité (qui) ont un formidable potentiel de bien, au service de la société ».

Le Saint-Père a écouté attentivement les autres religieux, notamment les juifs, les musulmans, les bahaïs, les hindous, les shintoïstes, les adventistes et les évangéliques, décrire leurs croyances et leur relation avec l’au-delà. Beaucoup ont noté ses mots sur « la yourte mongole, un puissant symbole d’harmonie avec le divin, un lieu chaleureux de convivialité familiale, ouvert sur le Ciel, et où tous, même les étrangers, sont les bienvenus ». Au niveau international, le pape a souligné que si les gouvernants « choisissaient la voie du dialogue avec les autres, ils contribueraient de manière décisive à mettre fin aux conflits qui continuent à faire souffrir tant de peuples ».

Devant les bouddhistes assis au premier rang, il a rappelé les persécutions dont ils ont été victimes de la part des dictatures communistes de la région : « Que le souvenir de ces souffrances nous donne la force de transformer les sombres blessures en sources de lumière, l’ignorance de la violence en sagesse de la vie, le mal qui ruine en bien qui construit ».

« Le fait d’être ensemble dans un même lieu est déjà un message », a affirmé le Vicaire du Christ.

Qu’aurait pensé Soeren Kierkegaard de ce message – et surtout des discours? Sûrement qu’il signifiait l’abolition du christianisme. Le sel kierkegaardien [selon Kierkeggaard, le croyant est appelé à être « sel de la terre » et « lumière du monde », ndt], ayant perdu sa saveur, est entré dans la composition de la salade avec les écrits bouddhistes, Gandhi et Saint François d’Assise, tous cités dans la messe.

La messe, célébrée dans un stade, a été suivie par de nombreux pèlerins chinois, bravant les interdictions du régime de Pékin qui ne permettait pas aux évêques de quitter le pays. Ils ont voyagé en train pendant plus de vingt heures pour voir le Pape ; ils ont prudemment évité de parler à la presse, d’être filmés ou photographiés. La célébration liturgique a été suivie par environ deux mille fidèles, parmi lesquels des pèlerins du colosse asiatique voisin. Au cours de la messe, le souverain pontife s’est de nouveau adressé à la Chine, demandant aux catholiques « d’être de bons chrétiens et de bons citoyens« . Des mots bien pesés.

L’orientation du pontificat s’est clairement manifestée lors du voyage en Mongolie.

Il me vient à l’esprit de faire le lien avec une expression récente du pape Bergoglio, qui envisageait son successeur comme Jean XXIV [cf. Jean XXIV].

Dans mon article « Le nouveau pape » [cf. Mgr Agüer: une tâche urgente pour le prochain Pape, libérer l’Eglise de l’emprise progressiste], j’ai esquissé ce qui me semble souhaitable pour le prochain tournant pontifical. Pourquoi le successeur ne serait-il pas Pie XIII ou Urbain IX ? Le huitième de la série a régné entre 1623 et 1644. Ce serait un hommage à l’Urbs, la Rome éternelle, qui occupe une place privilégiée dans le cœur de tous les catholiques.

Les desseins de la Providence de Dieu sont impénétrables.

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